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Infos Business of Thursday, 19 November 2015

Source: cameroon-info.net

Une société ne se développe pas par le jeu - Dr Armand Essomba

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Les jeux de hasard font désormais partie du vécu quotidien des camerounais. Divers paris sont proposés par des sociétés de jeux, et des gains allant jusqu’à plusieurs millions de F CFA sont souvent miroités. Le secteur se développe à une vitesse exponentielle, à tel point que le débat a été porté à l’attention du parlement. Dans son souci de contrôle, le gouvernement a en effet soumis aux parlementaires un projet de loi sur les jeux de divertissement, d’argent et de hasard. C’était lors de la session de juin 2015.

Pour Dr Armand Leka Essomba, sociologue, l’engouement vers les jeux de hasard que l’on observe nait du fait que l’idée selon laquelle on peut gagner de l’argent facilement est durablement ancrée dans l’esprit des gens qui sont affectés de manière plus aigüe encore par la précarité. Il s’exprimait ainsi sur les ondes de la radio nationale, la CRTV, en tant qu’invité au journal parlé du mercredi 18 novembre 2015.

Pour lui, le phénomène semble avoir pris de l’ampleur à la fin des années 80 lorsqu’a été ouvert le cycle d’une précarité inédite à la suite d’une conjonction de facteurs parmi lesquels la crise économique. «Et, cela a eu pour effet d’avoir alimenté cette idée, à certains égards irrationnelle, selon laquelle on peut s’enrichir facilement. Notamment lorsque les voies de l’enrichissement normal semblent fermés ou pas du tout évidentes», explique-t-il. A en croire le Dr Armand Leka Essomba, le phénomène a également été alimenté par une vague d’importations ou d’exportations, en fonction de là où on se situe, de ces jeux qui existaient ailleurs.

Une idée vaine et irrationnelle

Pour le sociologue, «une société ne se développe pas par le jeu. Mais le jeu est une expression culturelle de la part du ludique qui existe dans toutes les sociétés humaines. Le jeu est le supplément qui s’ajoute à un travail patient et déterminé, de production, d’investissement dans la patience et dans l’effort. Et, l’illusion selon laquelle on pourrait se développer ou trouver les voies de notre autodétermination économique à travers cette folie ou ces expériences est une idée irrationnelle et vaine».


Dr Armand Leka Essomba se veut formel: «ce n’est que par l’effort et le travail qu’on peut organiser la réussite de sa vie. Il faudrait envisager des formes de contrôles qui pourraient limiter les dégâts que ce phénomène cause. Mais en intégrant le fait que dans ces sociétés de libertés, chacun peut faire usage de ses avoirs comme il le souhaite. C’est ça la principale difficulté».