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Infos Business of Thursday, 16 March 2017

Source: info-cameroun.com

Transport aérien: Camair-Co en danger de mort

Le top management resserré de Camair-Co Le top management resserré de Camair-Co

La compagnie nationale aérienne se meurt dans l’indifférence totale.

Trois avions sur cinq de la flotte sont cloués au sol depuis plus de quatre mois à cause de la maintenance approximative et de l’incapacité notoire du Dg à négocier avec les fournisseurs des pièces détachées. La mise en épave du Boeing 767-300ER «le Dja», principal avion de la compagnie, est programmée.

Toutes les escales des réseaux régional et intercontinental sont fermées. La chute drastique et vertigineuse des recettes annonce une inévitable cessation de paiement.

L’organisation est complètement désarticulée à cause d’une vision managériale illisible et incompréhensible. autant d’errements dont les heureux bénéficiaires sont aujourd’hui air france, turkish airlines, ethiopian airlines et très bientôt émirates, l’ancien employeur d’ernest dikoum ! décryptage des incongruités de gestion du nouveau management de camair-co.


En 1980, un cinéaste de renommée internationale, Bertrand Tavernier, produit un film avec un titre assez évocateur : «la mort en direct». Le scénario de ce film décrit l’histoire d’un homme qui a vendu les droits de sa mort médicalement diagnostiquée, à une émission de télévision. Une caméra a été greffée dans son cerveau pour permettre aux téléspectateurs de cette chaine de télévision de vivre en direct le déroulé de sa mort de l’intérieur de son cerveau.

Ce scénario ressemble étrangement à ce qui se passe à la Camair-Co depuis la nomination de l’équipe managériale Mefiro Oumarou/Ernest Dikoum. Votre journal a placé sa caméra dans le dispositif managérial de la Camair-co pour faire vivre désormais en direct à ses lecteurs toutes les étapes de la mort programmée de la compagnie aérienne nationale. Une mort qui semble se dérouler dans l’indifférence totale.

En quelques six mois, le nouveau management a franchi le Rubicon. La situation financière et organisationnelle de la compagnie s’est considérablement détériorée au point où l’on se demande comment elle pourrait être remédiée. Le chiffre d’affaires mensuel caracole aujourd’hui autour de 200 millions de Fcfa contre les 2,5 milliards de Fcfa en moyenne réalisés par ses prédécesseurs.

Dans les allées de la Direction générale à Bonanjo, l’on n’est plus avare en parole sur les clignotants de la compagnie qui sont passés du jaune au rouge vif ! «Notre compagnie, ressasse le personnel, fonce tout droit vers une cessation de paiement. La subvention sollicitée au ministère des Finances n’est plus celle d’équilibre pour combler le déficit d’exploitation, mais plutôt une subvention totale de l’activité, au regard des recettes devenues anormalement chétives». «Nous ne savons pas combien de temps la compagnie va encore tenir. Le Dg a confié à ses proches qu’il ne sait pas quand le prochain salaire sera réglé. Il leur aurait même conseillé de gérer parcimonieusement le salaire du mois de janvier qu’ils viennent de percevoir grâce à un déblocage d’urgence du ministre des Finances», s’inquiète davantage le personnel.

Dernier événement en date et qui renforce la conviction du personnel sur l’organisation imminente des funérailles du transporteur aérien national, la signature annoncée des accords aériens avec les Emirats Arabes Unis.A cet effet, une délégation camerounaise conduite par le ministre des transports, Alain Mebe Ngo et comprenant entre autres, Ernest Dikoum, directeur général de Camair-Co, Paule Assoumou Koki, directeur général de l’Autorité civile aéronautique du Cameroun (Ccaa) s’est rendue du 06 au 09 mars 2017 à Riyad. Au menu, l’octroi des droits de 5è liberté aux compagnies aériennes des Emiratis, notamment Emirates, et très certainement Etihad.

«Vous vous rendez compte ! La 5ème liberté permettra à Émirates et même à Etihad non seulement de transporter des passagers des pays de la sous-région à destination de Dubai, pire, Émirates pourra également assurer les lignes Douala-Lagos-Douala, Douala-Libreville-Douala, Douala-Njamena-Douala, etc.», s’insurge un cadre de la direction commerciale. Et de s’interroger : «Pourquoi ne pas accorder à Emirates les mêmes droits octroyés à Air France, SN Brussels et Turkish Airlines qui nous desservent sous les droits de 4ème liberté, qui n’autorisent pas à desservir les escales environnantes pour faire le plein de leurs avions avant de repartir chez elles ?»

Navigation à vue

L’actuel top management de Camair-co a été nommé le 22 août 2016 avec pour mission précise l’implémentation du Plan Boeing Consulting validé par le Chef de l’Etat. Ce plan a fait rêver plus d’un Camerounais de voir enfin l’Etoile du Cameroun briller davantage dans le ciel africain et Intercontinental. La firme Boeing avait préconisé l’acquisition de neuf avions entre 2016 et 2018 afin de porter la flotte de la compagnie nationale à 14 aéronefs. Le constructeur américain avait aussi proposé l’utilisation de ces aéronefs dans un réseau à déployer d’ici 2019, comprenant 27 destinations dont 5 Intercontinentales parmi lesquelles, outre Paris(France), Bruxelles (Belgique), Dubaï (Emirats Arabes), Ganzhou (Chine) et Washington (USA).

D’autre part, Boeing a préconisé la densification des dessertes existantes, tout en ouvrant de nouvelles afin de booster l’activité de la compagnie et améliorer substantiellement le chiffre d’affaires en le portant à près de 125 milliards de Fcfa au bout de la première année de mise en œuvre du plan. «Quant au personnel, Boeing, au terme de son évaluation, a vivement recommandé non seulement le maintien des effectifs en place, mais en plus, le recrutement progressif d’environ 300 agents d’ici fin 2018. Il n’a donc jamais été question de procéder à un quelconque licenciement du personnel», clame-t-on du côté de la direction des ressources humaines.

Malheureusement, aussitôt après leurs prises de fonction, Mefiro Oumarou et Ernest Dikoum vont amorcer un virage à 180°et poser une succession d’actes de gestion qui conduisent aujourd’hui Camair-co tout droit au cimetière. Sous le prétexte du respect de la réglementation, Ernest Dikoum va immédiatement et sans ménagement se séparer des cadres de l’ex-Camair ayant atteint 60 ans, malgré leurs grandes expériences dans la gestion d’une compagnie aérienne.

Et pourtant, ces cadres avaient été spécialement recrutés pour accompagner la compagnie dans son envol par la transmission de leurs expériences aux plus jeunes. C’est ainsi que dans la précipitation, Ernest Dikoum va se séparer, sans solution de rechange, d’environ 60 employés expérimentés qui portaient la compagnie nationale sur les épaules. «Vous vous imaginez ! Après nous avoir chassés comme des malpropres, nos droits n’ont toujours pas été encore payés, d’ailleurs nous avons tous portés plainte pour licenciement abusif», s’insurge un des ex-Camair concerné par la mesure.

Après avoir déstabilisé les ressources humaines, le nouveau top management va s’attaquer au réseau de la compagnie. C’est ainsi, qu’après la fermeture de la ligne de Paris qui pourtant assure environ 70% du chiffre d’affaires, Ernest Dikoum, malgré les réticences affirmées de la direction commerciale de Camair-Co, va également fermer les destinations de Lagos, Malabo, Kinshasa et Abidjan. «Nous venons d’apprendre que les escales de Ndjamena, Brazzaville, Cotonou et Libreville viennent elles aussi de connaitre le même sort. Toutes les destinations régionales et intercontinentales sont maintenant fermées et le réseau de la compagnie aérienne nationale est désormais réduit au seul réseau domestique, Douala, Yaoundé, Garoua, Maroua N’Gaoundéré et Bafoussam», se lamentent des agents de la compagnie.