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Infos Business of Monday, 5 February 2018

Source: camer24.de

Près de 2000 milliards détournés en 06 ans au Cameroun

C’est l’équivalent d’une année entière de recettes qui a été détournés en six ans C’est l’équivalent d’une année entière de recettes qui a été détournés en six ans

Le montant total des deniers publics détourné par des fonctionnaires et autres opérateurs économiques indélicats entre 1998 et 2004 est de 1845 milliards de f CFA. Tel est le constat implacable fait par les services du Contrôle supérieur de l’Etat dans son rapport 2007. Lorsqu’on se rappelle que le budget de l’Etat camerounais pour l’exercice 2006 s’élevait à 1861 milliards de FCFA on se rend compte que c’est l’équivalent d’une année entière de recettes qui a été détournés en six ans, soit 300 milliards par an.

Les statistiques avancées par les services du Contrôle supérieur de l’Etat se fondent sur quarante et une missions effectuées par cette institution auprès des collectivités territoriales décentralisées, des organismes publics et des entreprises publiques, entre 1997 et 2004. D’une manière générale, ces missions “ ont permis de déceler des irrégularités préjudiciables à la fortune publique «. Plus précisément, “ la synthèse de ces irrégularités se résument comme suit : distraction des fonds ; violation de la réglementation dans la passation des marchés publics ; livraison partielle ou fictive ; déficit de caisse ; cession irrégulière ou distraction des biens meubles de l’Etat ; engagement des structures de l’Etat dans les dépenses manifestement ruineuses ; octroi des avantages indus ; surfacturation ; certification des états financiers dont certaines prestations se sont avérées fictives dans les entreprises publiques ; non reversement à la CNPS¹ des cotisations sociales ; recrutements irréguliers du personnel ; non prélèvement ou non reversement des impôts et droits de taxes par les gestionnaires de fonds publics ; dépassements non autorisés des crédits budgétaires « .Pour les observateurs avertis il n’est nullement besoin désigner les structures étatiques concernées par les détournements. Les chiffres avancés par le Contrôle supérieur de l’Etat ne reflètent en fait que la partie visible de l’iceberg.

D’une part les missions de contrôle ne concernent qu’une période de six ans, de 1998 à 2004; rien qu’entre 2005 et 2007 la Une de la presse camerounaise est constamment couverte de scandales liés au détournement de fonds publics. D’autres part les missions effectuées étaient clairement circonscrites : une quarantaine seulement en six ans, alors qu’au moins six cent cinquante entités devraient être logiquement concernées, dont 33 départements ministériels, 336 collectivités territoriales décentralisées, 251 entreprises du secteur public et parapublic et 30 établissements en liquidation, selon une évaluation officielle. Enfin cet organisme est un organisme d’Etat, travaillant avec peu de moyens et soumis aux pressions de toutes sortes pour ne pas franchir certaines lignes rouges.

En réalité l’efficacité du Contrôle supérieur de l’Etat dépend entièrement du Chef de l’Etat Paul Biya, tant pour sa mobilité que pour sa mise en mouvement. Des considérations et d’autres qui tendent à accréditer l’hypothèse selon laquelle les blocages à l’action du Contrôle supérieur de l’Etat sont à rechercher du côté d’Etoudi. Or cet organisme travaille dans des conditions extrêmement difficiles : “ les crédits alloués aux missions mobiles de vérification n’ont jamais dépassé le seuil de 2/10 000 (soit 0,02%) du budget de l’Etat. Au plan des ressources humaines, le gel des recrutements dans la Fonction publique, la promotion d’un certain nombre de personnels à des hautes fonctions ainsi que les départs massifs à la retraite des vérificateurs chevronnés et autres personnels d’appui, et l’insuffisance de formations permanentes de ces derniers ont considérablement hypothéqué l’atteinte des résultats attendus de cette auguste institution », se plaint son Président. On pourrait donc légitimement se poser des questions quant à la volonté politique du gouvernement à lutter contre la corruption. Les bailleurs de fonds ont pourtant érigé cette question en “ repères » de réussite des programmes économiques, et institué la gouvernance comme “ déclencheur » du point d’achèvement de l’initiative PPTE, que le Cameroun a atteint en avril 2006. Paul Biya lui-même a, en l’espace de quelques mois annoncé de mesures vigoureuses.

D’abord le 21 juillet 2006 lors du troisième congrès extraordinaire de son Parti, le RDPC², il reconnaissait : “ Nous avons encore, je dois le dire, un grave problème de morale publique. Malgré nos efforts pour les combattre, la fraude, les détournements de deniers publics, la corruption continuent de miner les fondations de notre société. J’ai eu souvent à m’exprimer sur le sujet et à dire ma détermination à éradiquer ces comportements asociaux. Des sanctions sévères ont été prises au cours des derniers mois. Nous n’allons pas nous arrêter en chemin. Ceux qui se sont enrichis aux dépens de la fortune publique devront rendre gorge ».