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Infos Business of Thursday, 14 January 2016

Source: fr.allafrica.com

La deuxième vie des pneus usés

« Vous pouvez gagner entre 1000F et 2000F quand vous avez découpé une roue. » Edmond Pierre Kuere, l'un des premiers occupants (arrivé en 88) de la « rue des recycleurs » des pneus usés, non loin du carrefour 2 églises à Akwa, donne une estimation des possibles gains de ce business. Un business qui consiste à vendre des accessoires en caoutchouc pour voitures et motos, fabriqués à partir de vieilles roues. On les trouve sur place de lundi à samedi, entre 6h30 pour les lève-tôt, et 18h.

L'activité, de l'avis de quelques-uns des artisans qui l'exercent, relève plus de la débrouillardise que d'un véritable métier qui permet de joindre les deux bouts. Pourtant, le jeune Darios, moins d'un an sur les lieux, assure : « je n'ai jamais aimé ce travail, ça te rend sale, mais j'ai vu comment ça donnait de l'argent. » Sauf qu'il n'a pas l'intention de s'éterniser dans la profession. Darios, lui croit en la polyvalence. Le garçon, dans la vingtaine, a fait un peu de tout dans sa vie : électricité à l'école, brocante, réparation auto, menuiserie, tapisserie, etc.

Une attitude qu'Edmond Pierre Kuere déplore. Le quadragénaire, père de cinq enfants, parle de persévérance, une qualité nécessaire dans le métier. Mais n'insistez pas trop sur la question des recettes qu'on se fait dans cette activité, qui pourrait justifier la longévité de certains dans la filière. L'estimation des gains, plus haut, c'est la seule information à laquelle ils consentent. Et contrairement à ce que d'aucuns pourraient croire, les pneus usés, ça ne se ramasse pas n'importe où. Les recycleurs les achètent. Le prix oscille entre 2 000F et 5 000F.

Toutefois, on veut bien parler du job de recyclage en lui-même. Un bon moyen de lutter contre la pollution, à l'heure où les défis environnementaux sont plus que jamais d'actualité. Le Sieur Kuere est fier d'apporter sa pierre à l'édifice. Et les objets issus de la transformation artisanale du caoutchouc sont surtout des « cylinblocs », comme on les appelle sur place. Leur rôle, isoler et éviter le contact entre matériaux métalliques. Les acheteurs les plus assidus, les mototaximen. Mais on fabrique également des tapis pour véhicules, des bavettes pour protéger les 4 et 2 roues de la saleté... aussi des pièces de remplacement pour certaines machines, dans le domaine de la scierie par exemple.

Il y a aussi les difficultés. Les conditions de travail archaïques, avec couteaux, perceuses, tournevis, pinces, limes... , sans équipement de sécurité, nécessitent une très grande concentration. Moindre erreur, des blessures et la journée qui s'achève aux urgences.