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Infos Business of Monday, 11 June 2018

Source: L'essentiel N°167

La Banque mondiale constate un déséquilibre entre dépenses et recettes

Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans

La Banque mondiale invite les autorités camerou- naises à «aligner les dépenses publiques aux objectifs de la Vision 2035». Dans une revue des dépenses publiques qu’elle vient de présenter aux partenaires techniques financiers du Cameroun, l’institution de Bretton Woods souligne avoir constaté que le gouverne- ment camerounais a fortement accru lesdites dépenses au cours de la dernière décennie, alors que ses revenus baissaient.

L’essentiel de la hausse de ces dépenses publiques a porté sur le budget d’investissement. Bien que conforme aux objectifs du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), cet accroisse- ment a fortement détérioré la situation budgétaire de l’État, sa composition fonctionnelle révélant qu’une part disproportionnée du budget est allouée aux frais géné- raux de l’État, aux dépens des secteurs prioritaires du DSCE.

De même, selon la BM, la décomposition du budget par nature économique révèle que la moitié des dépenses en biens et services est constituée de frais de représenta- tion, de missions, de réceptions et des services extérieurs. Selon la BM, «l’augmentation considérable du budget d’investissement public n’a pas amélioré la qua- lité globale des infrastructures», l’une des raisons étant que la classification du budget de l’État «surestime le niveau de dépense en capital», une portion significative du budget n’étant pas en réalité de la dépense en capi- tal, et de ce fait ne contribue en rien à l’accumulation du stock dudit capital.

Cette inefficacité du système de gestion des investissements publics a ainsi entraîné des retards considérables dans la livraison des grands projets structurants et contribué à la faible qualité globale des infrastructures. Il existe un rallongement considérable des délais d’exé- cution de tous les grands projets, qui passent de 3-4 ans prévus à 7-10 ans, leur coût étant quant à lui « largement au-dessus de 2 à 6 fois comparés aux projets similaires dans les autres pays de niveau de développement similaire ».
Au plan de la masse salariale formelle de l’État, la BM constate qu’elle masque l’existence d’un système de

rémunération non salarial discrétionnaire qui encou- rage des pratiques de « recherche de rente », contribuant de ce fait au retard des processus administratifs de prise de décision. Au Cameroun, constate la BM, une bonne partie des subventions et transferts bénéficient aux entreprises publiques et aux entreprises publiques administratives, dont les performances se sont récemment détériorées, entraînant des risques budgétaires élevés.

Au plan social, la revue affirme que les dépenses de santé sont «faibles» au Cameroun par rapport à des pays comparables, leur répartition régionale ne tenant pas compte des besoins des populations, de leur statut socioéconomique, du fardeau de la maladie ou du contexte sécuritaire.

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De même, les dépenses d’éducation restent limitées en dépit de l’augmentation des effectifs dans tous les niveaux d’enseignement, les dépenses par élève les plus faibles étant observées dans les zones où les besoins sont pourtant les plus importants, et une fai- ble proportion des ressources mises à disposition par l’État parvient effectivement aux écoles, toute chose qui entraîne des disparités au niveau des performances des apprenants.

Abordant le système de protection sociale, la BM affirme que non seulement il «ne protège pas efficacement les ménages contre les chocs », mais «n’est pas aligné sur les objectifs de la Vision 2035».