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Infos Business of Thursday, 29 October 2015

Source: cameroon-tribune.cm

L’inventeur Didier Brochery veut créer des millions d'emplois

Didier Roche Brochery Didier Roche Brochery

Concepteur depuis 2007 d’un thermonébulisateur, un appareil qui sert au traitement phytosanitaire, à la désinfection, la désodorisation, la décontamination des plantes, des maisons, des espaces verts, ce camerounais attend toujours de bénéficier de la subvention des pouvoirs publics pour produire en grande quantité.

Depuis 2007, il a mis au point un thermonébulisateur révolutionnaire. C’est un appareil qui sert au traitement phytosanitaire, à la désinfection, la désinsectisation, la désodorisation, la décontamination, etc. Didier Roche Brochery, camerounais de 43 ans l’a conçu pour favoriser le développement rural et l’assainissement dans son pays.

«Dans les villages, ça traite le cacao, le café, des espaces des éleveurs. Au niveau de la ville, on l’utilise pour désinfecter les maisons et les espaces verts contre les moustiques, les cafards, désinfecter les regards et neutraliser tout ce qui est rampant et volant», explique l’ inventeur qui se définit comme un chercheur indépendant.

Depuis sa mise au point en 2007, ce produit de la marque Rochtech (du nom de son inventeur) a subi beaucoup de réajustements. «La première machine que j’avais fabriquée avait 30% des produits de récupération et 70 % des produits réels. Mais je l’ai critiquée parce que j’ai constaté que si on me demande 1000 machines similaires, je serai incapable de les fabriquer.

J’ai donc mis au point tous les procédés de moulage qui me permettent de mouler toutes les composantes de la machine. Maintenant, avec mon équipe, on a mis au point un système technologique tel que nous pouvons fabriquer 5 milliards de machines sans faille et les livrer dans les délais», explique Didier Roche Brochery qui se vante d’être le seul africain à avoir réalisé une telle prouesse.

Indifférence des pouvoirs publics

Seulement, notre inventeur qui a protégé sa création à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) en 2009 déplore l’attitude de ses compatriotes «complexés» qui hésitent toujours à faire confiance à son produit. «Quand je présente les machines aux camerounais, ça les intéresse. Mais le camerounais est complexé parce que chez nous, on ne fait pas ce genre de machine. Pourtant, cette machine est la première à être mise au point sur tout le continent africain et ça répond aux normes», indique l’ inventeur.

Même les garanties d’un, voire de deux ans qu’il promet aux potentiels acheteurs pour tester le produit ne semblent pas changer la tendance. Les pouvoirs publics quant à eux n’ont jamais daigné lui apporter la subvention espérée, malgré la brillante présentation qu’il avait faite devant le Chef de l’Etat en personne lors du comice agro-pastoral de janvier 2011 à Ebolowa. Ses recherches sont essentiellement financées par les revenus qu’il tire de ses prestations en tant que maintenancier dans des entreprises.

«C’est cet argent que j’injecte dans les recherches. J’ai tenté d’aborder certaines banques, cherchant même le capital à risque, mais elles m’ont dit qu’elles n’ont pas d’argent à jeter», regrette-t-il. Pourtant, il est convaincu qu’en lui accordant une subvention, l’Etat du Cameroun sortira du chômage des milliers de ses concitoyens dont il aura besoin pour la conception de ces thermonébulisateurs.

«Je veux que l’Etat du Cameroun me commande 10 000 machines, qu’il détermine le prix auquel il aimerait que je lui vende la machine pour tester si je peux faire une grande production. Si on me demande de fabriquer 5000 machines en trois mois, je recrute trois millions de camerounais. Même si chacun gagne 10 000 Francs après les trois mois, il aura eu quelque chose.

Et je vais satisfaire la demande des machines dans les délais parce que les machines, étant donné que c’est fabriqué avec 0% de matériel de récupération, il n’y aura aucun problème au niveau de la production. Au lieu de faire venir des machines d’ailleurs pour satisfaire aux besoins du Cameroun, il faut plutôt qu’on me passe la commande, je fabrique ces machines sur place parce que pour notre développement, nous devons consommer nos produits d’abord. C’est ça qui peut nous conduire vers l’émergence. Si on ne les consomme pas, on n’y arrivera pas.» Avise-t-il.

Première Génie Mécanique

Didier Roche Brochery est pourtant un autodidacte. Il a stoppé ses études en classe de première, option génie mécanique, il y a 25 ans. «Quelqu’un comme Einstein qui a créé la bombe atomique, a échoué le bac sept fois au moins. Avant lui, Galilée qui n’avait que le CEPE a découvert que la terre tourne autour du soleil, ça lui a valu une peine de mort…», Argue-t-il.

Mais ce faible parcours académique semble décidemment constituer un handicap sérieux pour ce natif de Douala, dans un pays où seuls les diplômés sont généralement écoutés et célébrés. «Les techniques que j’ai développées demandent même que je les enseigne pour qu’on commence à former les ingénieurs de ces technologies au niveau même de l’Ecole Nationale Polytechnique.

Mais, à cause du complexe, personne parmi les étudiants ingénieurs n’est prêt à accepter que quelqu’un de mon niveau d’étude l’enseigne». Cette machine n’est pas la seule invention de Didier Roche, ce technicien qui fait dans la maintenance générale. Ses thermonébulisateurs sont produits en deux modèles. Le petit coûte 850 000 Francs Cfa pendant que le grand modèle est vendu à 1 200 000 Francs Cfa. Bien moins cher que ce que les camerounais ont l’habitude d’importer de l’étranger, indique-t-il.