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Infos Business of Monday, 10 October 2016

Source: cameroon-info.net

L’APE est un frein à l’émergence – PDG de l’ECAM

Le Panel Le Panel

Célestin Tawamba, Président Directeur général du Groupe Cadyst Invest est formel.

Selon cet industriel camerounais, l’accord de partenariat économique conclu entre le Cameroun et l’Union européenne et en vigueur depuis le 4 août 2016, ne saurait profiter au Cameroun.

L’opérateur économique camerounais pense que cet accord de libre échange avec les 27 pays de l’Union européenne viendra plutôt créer de « graves problèmes » dans le système économique camerounais, au lieu d’en résoudre comme prétendu.

« On ne peut pas prétendre aller à l’émergence en ouvrant notre marché à des gens qui viennent vendre des produits finis », s’est-il offusqué lors de la 5ème édition des E.Talk by Ecam, organisés par l’organisation patronale Entreprise Cameroun (Ecam), jeudi à Douala.

Au lieu de l’Union Européenne, l’industriel estime que le Cameroun aurait pu conclure un accord plus fructueux avec le Nigéria, un de ses plus proches voisins qui présente un marché intéressant et avec lequel le Cameroun peut commercer d’égal à égal.

« C’est avec le Nigéria que nous souhaitons avoir les accords de partenariat économique, pas l’Union européenne parce qu’ils sont loin », a-t-il déclaré.

Pour le patron de Pasta, Panzani et la Société industrielle des Produits pharmaceutique, le Cameroun devrait d’abord régler ses problèmes structurels avant de penser à l’exportation.

Il s’en prend particulièrement à l’Agence nationale des normes et de la qualité (Anor) qu’il considère comme « un des outils de destruction massive des entreprises camerounaises ». « Nous voulons une agence des normes qui soit le partenaire des entreprises camerounaise », a-t-il indiqué.

S’exprimant à la suite de Célestin Tawamba, l’expert financier Babissakana a pour sa part relevé qu’à cause de cet accord commercial, le déficit commercial entre le Cameroun et l’Europe va davantage se creuser.

« Les produits européens arriveront en masse et seront moins chers que ce que nous proposons. Cela peut entrainer des pertes d’emploi », a indiqué ce chercheur pour qui la rentabilité de cet accord n’est pas établie. « Tous les accords économiques en général se font entre des pays au niveau économique comparable », a-t-il ajouté.

Babissakana estime par ailleurs qu’il est contreproductif pour le Cameroun d’abandonner l’intégration pour aller vers un libre échange où il n’a aucun argument.

« Cet accord n’est pas viable. Il faut réévaluer les choses, les regarder de manière froide et dire que les européens ne sont pas nos amis », conclue le professionnel de l’économie et de la Finance.

Pierre Célestin Ayomba, représentant du Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire dans ce panel et Chantal Elombat, Directrice du Bureau de mise à niveau des entreprises, ont néanmoins exprimé la volonté de l’Etat de mettre sur pied des mécanismes pour permettre aux entreprises camerounaises de rehausser leur niveau de compétitivité. Et ainsi mieux faire face à la concurrence à venir des produits européens.