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Infos Business of Wednesday, 7 March 2018

Source: Cyrille Oundi

Hausse du prix du pétrole à l'international, voici les conséquences pour le Cameroun?

La hause du prix est positif pour le Cameroun mais seule la gestion peut faire profiter à tous La hause du prix est positif pour le Cameroun mais seule la gestion peut faire profiter à tous

Depuis le début du mois de mars 2018, les marchés s'affolent, les investisseurs sont émoi. C'est qu'après la chute drastique du prix du baril de pétrole intervenue en début d'année 2013, le baril de Brent est reparti à la hausse, atteignant au soir de mardi 06 mars 2018, les 62,20 dollars US. Une bonne nouvelle pour les pays producteurs, mais aussi une réactions des marchés à l'annonce par le Président Donald Trump du relèvement de la production américaine de pétrole.

En ce qui concerne le Cameroun, pays producteur et exportateur de pétrole, l'on se souvient que sur les 12 mois de l’année 2017, la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) avait révélé avoir vendu pour le compte de l'Etat camerounais 27,7 millions de barils de pétrole brut ; ce qui a permis de transférer au Trésor public au titre de recettes pétrolières, une enveloppe globale de 349 milliards FCFA, contre seulement 291,244 milliards de francs CFA un an auparavant, soit une hausse de 57,8 milliards de francs CFA. Cette augmentation des recettes pétrolières a été rendue possible par l’embellie observée en 2017, après deux de baisse des cours. Le prix du baril a en effet oscillé entre 52,3 et 61 dollars US, contre 29,8 et 45 dollars US en 2016.

Toutefois, bien qu’en hausse, les recettes transférées par la SNH à l'Etat en 2017, sont restées inférieures aux 378,5 milliards de francs CFA engrangés par le Trésor public camerounais en 2015, peu avant le début de la chute des prix du brut à l’international. Or selon la Loi de Finances pour l'exercice 2018, le gouvernement espère des recettes pétrolières de 362 milliards de francs CFA, sur la base d'un prix moyen du baril à 41 dollars US, pour une production globale d’un peu plus de 26 millions de barils.

C'est dire qu'avec un prix du baril à 65,20 dollars US, soit largement au-dessus de la moyenne de 41 dollars projetée, la hausse actuelle, si elle devait s'inscrire dans la durée, est une bonne nouvelle pour l'économie camerounaise mais également pour l'ensemble de la sous-région CEMAC. Ainsi, pour se focaliser sur les retombées positives de ce revirement conjoncturel et sans que l'analyse soit exhaustive, nous pouvons énoncer les principales conséquences ci-après :

SUR LE PLAN DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE

On se souvient la chute des prix intervenue entre 2015 et 2016 a eu pour effet néfaste d'aggraver le déficit de notre balance commerciale (rapport entre les exportations et les importations), et par voie de corollaire la dégradation du solde extérieur de la balance des paiements (il sort de notre économie plus d'argent qu'il n'en rentre). La hausse observée, si elle devait être durable, aurait donc pour effet bénéfique de rééquilibrer ces deux agrégats macro-économiques (balance commerciale, balance des paiements).

SUR LE PLAN DE LA POLITIQUE Institut National De La Statistique De L'analyse Economique - INSAE

Si l'on considère que les exportations en général, et celles de pétrole en particulier, constituent une source essentielle de devises étrangères pour le Cameroun et pour la CEMAC, et si on se souvient que la baisse drastique de nos réserves de change est une des raisons principales de nos efforts d'ajustement actuels sous le regard du Fonds Monétaire International (FMI), la tendance actuelle devrait induire un rééquilibrage, avec un retour à un stock de devises étrangères suffisant pour couvrir nos importations. Cette nouvelle est donc un signal positif aussi bien pour l'exécution du Programme économique et financier (PEF) signé avec le FMI, que pour la santé économique et financière de l'ensemble de la zone CEMAC.

En matière de programmation économique, et sous réserve que cette tendance soit durable, la hausse actuelle devrait également permettre d'envisager de meilleures projections de croissance pour 2019 voire une correction du taux envisagé pour l'année en cours.

SUR LE PLAN BUDGETAIRE

En ce qui concerne spécifiquement le Cameroun, la tendance actuelle aura des effets positifs sur notre marge de manœuvre budgétaire, puisque les transferts effectués par la SNH au profit de l'État devraient également aller à la hausse. Notre brut se vendant mieux à l'international du fait de la hausse observée, l'État recevra également des transferts plus importants de recettes pétrolières de la part de la SNH. Il y a donc lieu de considérer que l’embellie annoncée permettra à l'État de disposer de plus de ressources pour le financement des gros investissements en cours et la mise en oeuvre de sa politique de développement.

TOUTEFOIS, il faut rester prudent dans l'analyse. Cette hausse n'est effectivement intéressante que si elle s'inscrit dans la durée, c'est-à-dire jusqu'en 2020 dans l'idéal.