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Infos Business of Friday, 16 October 2015

Source: Aurore Plus

ENEO perd ou gagne avec l’arrivée de Sonatrel ?

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Le président de la République a signé le 8 octobre 2015 un décret créant la Société Nationale de Transport d’Electricité, mettant ainsi fin à la reforme entreprise depuis 2011 dans ce secteur dont la distribution de l’énergie électrique est encore sous le monopole d’Eneo.

Le décret N°2015/454/ du 08 octobre 2015 signé par le président de la République Paul Biya crée la Société Nationale de Transport d’Electricité (Sonatrel). Cette création de la Sonatrel arrive cinq ans plus tard, après la reforme, telle que prescrite par la loi N°2011/022 du 14 décembre 2011, régissant le secteur de l’électricité.

En plus de la diversification des producteurs de l’énergie électrique et en mettant sous le giron de l’Etat les ouvrages de production issus des projets d’investissements publics, en son article 23, elle commande, la création d’une société publique chargée de la gestion du Réseau de Transport.

Placée sous la double tutelle du Ministère de l’Eau et de l’Energie et du Ministre des Finances, a pour Elle a pour objectif le transport de l’énergie électrique et la gestion du réseau de transport au Cameroun.

Le décret suscité, outre les missions qui sont dévolues à cette nouvelle entreprise, stipule que la signature des contrats de concession couvre également l’exercice du droit de reprise des installations constitutives des biens et leur retour en fins de concessions au profit de l’Etat conformément aux stipulations du contrat cadre de concession et de celui relatif aux activités de transport et de gestion du réseau de transport d’électricité.

Le transport étant le poumon du secteur de l’électricité, il ne fait aucun doute que le président de la République renationalise l’activité de transport de l’énergie électrique au Cameroun. Mieux il remet l’Etat au centre de cette activité qui est un service public de première nécessité pour la vitalité économique d’un pays. Le décret est sans équivoque sur la question.

Elle stipule que «Camer.be La signature de l’ensemble de ces contrats de concession met fin à toutes les activités et prérogatives de transport et de gestion du réseau de transport de l’électricité exercé par le concessionnaire du service public y afférent, ainsi que dans le cadre des concessions qui sont accordées».

Par conséquent, ces activités sont transférées à la Sonatrel avec tous les droits et obligations y afférents. Pour Paul Geremie Bikidik, fondateur du Réseau des associations des consommateurs de l’énergie (Race) qui a mené pendant une dizaine d’années un combat pour la reprise en main par l’Etat de cette importante activité du secteur de l’électricité, ce décret du président de la République tranche radicalement avec le laxisme, l’inertie, la mollesse et l’absence de courage politique qui caractérisent sa gouvernance depuis belle lurette et qui ont fini par transformer le Cameroun en une « économie casino».

Autrement dit c’est une évolution structurelle indispensable pour le secteur de l’électricité. D’ailleurs lors de sa première rencontre avec la presse, pendant la période forte des délestages pour cause d’étiage du fleuve Sanaga, Joël Nana Kontchou, le Directeur général appelait de tous ses voeux la création de cette société afin de mettre fin à une sorte de confusion qui était créée au sein de l’opinion sur la responsabilité d’Eneo de construire et rénover des lignes de transport de l’énergie électrique vieillissantes ou inexistantes sur le réseau.

Le contrat de concession le rendait responsable, mais la loi 2011/022 le dessaisissait de ce segment vital du secteur de l’électricité. Or les conséquences sont graves, ce d’autant plus que les infrastructures sont obsolètes, vétustes, puisqu’elles existent depuis une quarantaine d’années.

Ce qui nécessite un important investissement. Le décret y met un accent. En stipulant que Sonatrel doit également prendre les mesures nécessaires pour maintenir et mettre en conformité les ouvrages du réseau public de transport, garantir la disponibilité des données de gestion et faire parvenir aux parties intéressées (utilisateurs du réseau de transport, l’administration chargée de l’électricité ainsi que l’Agence de régulation du secteur de l’électricité), toute information nécessaire à la facturation et au payement des prestations.

Les défis restent énormes

Et le rapport annuel 2014 d’Eneo indique que c’est l’une des sources principales des pertes qui plombent la rentabilité de cette société concessionnaire du service public de l’électricité. «Les pertes représentent l’un des défis majeurs auxquels Eneo est confronté en termes de performance. Les pertes se situent en 2014 à 30,88 %», indique le bilan annuel 2014.

Avant de préciser que : «1 % de pertes représente 40 GWh, soit 3,9 milliards de FCFA». Les pertes techniques qui sont dues à l’énergie qui se dissipe dans les conducteurs, les équipements, et les lignes de distribution, et aux pertes magnétiques survenant dans les transformateurs représentent 14,9 % des pertes globales.

C’est dire si, autant, le transport est un pan important dans le secteur de l’électricité, autant il en est très névralgique. Conscient de l’immensité de la tâche, le décret stipule par ailleurs que Sonatrel met en oeuvre des règles d’utilisation des interconnexion transfrontalières et celles de raccordement du réseau de transport d’électricité.

La Sonatrel devra établir et transmettre à l’administration chargée de l’électricité et l’organe chargé de la régulation du secteur de l’électricité et, à toutes fins utiles une estimation annuelle des besoins en capacité de production de transport et de distribution connectée au réseau». Preuve s’il en faut que ce segment du transport de l’énergie électrique est d’un énorme enjeu financier inhérent à son exploitation. Pour Paul Geremie Bikidik, «c’est le segment de l’activité électrique le plus rentable et son incidence directe sur le prix du kWh appliqué aux consommateurs est indéniable». C’est pourquoi, le décret sus-cité précise que :

«Elle devra en outre respecter la confidentialité des informations commerciales qui lui sont transmises dans le cadre de cette activité.» Tout en ajoutant que «Camer.be Les contrats de concession de transport et de concession du réseau de transport d’électricité sont assortis des cahiers de charges correspondants qui sont établis et signés par l’Etat au profit de la Sonatrel, en conformité avec la réglementation en vigueur».

S’il est vrai que la création de Sonatrel, à laquelle il faudra encore attendre son fonctionnement effectif ne va pas d’un coup de foulard mettre fin aux délestages et aux coupures intempestives, il reste qu’étant la pierre angulaire du secteur de l’électricité, elle pourra avoir des incidences positives sur le tarif du Kwh qui est actuellement onéreux pour les usagers. Et pour cause, les experts estiment que les concessionnaires successifs facturent aux consommateurs les pertes techniques qui sont enregistrées pendant le transport de l’énergie électrique.

En outre, elle pourra permettre de combler le gap de la couverture du territoire national en réseau électrique qui est de moins de 35%. Par ricochet, Eneo qui prévoyait aussi investir 477 milliards Fcfa sur les 10 prochaines années (2014-2024) sur lesquelles s’étend sa concession, avec environ 65% de cette somme consacrés aux réseaux et au service commercial, va pouvoir se redéployer sur la production où la demande croissante annuelle risque replonger le Cameroun dans un déficit énergétique énorme de 3000 MW. Car il est estimé qu’en 2025, la demande sera de 4500 MW alors que l’offre sur la base des investissements actuels sera à 1500 MW