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Infos Business of Friday, 4 August 2017

Source: lequatriemepouvoir.com

Crise à Ecobank: qu'est-ce qui s'est réellement passé?

Des informations annonceraient la faillite de l’institution bancaire panafricaine Des informations annonceraient la faillite de l’institution bancaire panafricaine

Depuis plusieurs jours, des rumeurs alimentent les réseaux sociaux concernant d’éventuelles fermetures de plusieurs agences d’ECOBANK dans le pays. Des informations qui annonceraient la faillite de l’institution bancaire panafricaine. Décryptage.

Le passage des offres numériques aux licenciements: une descente aux enfers

Sensée participer du développement d’ECOBANK, le passage aux offres numériques y engagé à grands renforts de publicité, a plutôt entraîné une pléiade de licenciements abusifs touchant près de 150 employés, non sans que par ailleurs l’on observe la fermeture de près d’une dizaine d’agences de cette même banque.

La situation sociale est aujourd’hui suffisamment tendue à Ecobank pour qu’on s’y attarde. En effet, depuis le 09 juin 2017, la quasi-totalité des employés de ladite banque s’est vue servir des lettres de licenciements et des protocoles d’accord transactionnel, par la direction générale qui, quelques jours plutôt, célébrait avec faste l’entrée en vigueur de la digitalisation des opérations au sein de celle-ci. Une célébration qui eut rapidement un arrière-goût de véritable poison, tant les employés découvrirent qu’il s’agissait de licenciements non motivés avec en prime, une absence totale de concertation tripartite préalable, au regard des textes réglementaires régissant tout licenciement. En réalité, la direction générale leur imposait des contrats d’adhésion accordant bien évidemment ma part belle à l’employeur et au détriment des employés licenciés.

Un conflit ouvert avec son personnel : à qui profite le crime ?

A preuve, loin de s’astreindre à l’obligation d’impliquer aussi bien les représentants du personnel que les agents de la délégation régionale du ministère du travail et de la sécurité sociale, la direction générale d’Ecobank entreprit plutôt de tout faire en catimini. Suffisant que l’offre ainsi faite aux employés sur le départ, ait suscité leur courroux et engendré plus qu’un simple quiproquo entre les parties. Tant il est constant que dans son empressement de s’en débarrasser, la direction générale tomba grossièrement dans des manquements révélateurs de sa volonté à flouer les employés licenciés. Manquements tenant notamment de la non-publication préalable d’un accord d’établissement et les calculs erronés à desseins des droits sociaux dus aux employés licenciés.

Fort de ce qui précède, on se serait attendu que la direction générale fasse amende honorable en recherchant notamment quelque compromis avec les représentants du personnel. Mais au lieu de cela, elle s’en tint à sa position tranchée suscitant ainsi le courroux de ces derniers qui saisirent fort à propos le Premier ministre chef du gouvernement, pour dénoncer les manœuvres rédhibitoires de ladite direction générale qui entendait ainsi aliéner les droits sociaux des personnels licenciés. Et certainement sommée de s’en tenir aux dispositions réglementaires en le cas d’espèce, elle crut jouer d’artifice en recourant à l’arbitrage de la délégation régionale du ministère du travail et de la sécurité sociale, la même qu’elle a pourtant réussi à enrôler dans son escarcelle en lui faisant avaliser la parodie de droits sociaux qu’elle a alloués aux employés licenciés.

Toutes choses assimilées à un véritable affront par ces derniers qui se refusèrent à cet arbitrage qui pourrait au contraire concéder partie gagnée à la direction générale d’Ecobank, en faisant certainement prévaloir le pseudo dimension citoyenne de cette banque. Or, si elle l’est effectivement, on comprend mal qu’elle s’octroie des passe-droits et surtout adopte une gestion calamiteuse de ses ressources humaines pourtant considérées comme le principal capital de cette banque. Suffisant pour justifier l’affrontement de fait que subit la même direction générale de la part des employés licenciés, déterminés qu’ils sont à obtenir tous leurs droits sociaux assortis de l’engagement formel de la banque à assurer leur reconversion, de même que leur couverture sociale, un an durant.

À l’évidence et bien que la banque se refuse à accepter que les licenciements qu’elle a engagés tiennent du motif économique, elle croit néanmoins s’appuyer sur les inspecteurs de la délégation régionale du ministère qu’elle a soudoyés en espérant ainsi entuber le personnel abusivement licencié. Mais cela était sans compter avec la parfaite maitrise des textes règlementaires régissant aussi bien l’activité bancaire que le code du travail, par le collectif des employés licenciés qui ont ainsi réussi à mettre ladite direction générale dos au mur. C’est le cas de le penser effectivement, si l’on s’en tient aux tentatives de sabordement la dynamique unitaire du collectif des employés licenciés.

Toutes choses qui, loin de tempérer l’ardeur vindicative dudit collectif, semble plutôt l’avoir exacerbée, eu égard à son intransigeance de voir la banque souscrire aux exigences évoquées supra et singulièrement une indemnité de fin de carrière, la prime de compression et surtout de la révision à la hausse de la prime de bonne séparation assortie d’un engagement d’Ecobank d’assurer la couverture sanitaire des licenciés jusqu’en fin 2018 et la prise en charge d’une formation reconversion des personnels licenciés. Aussi peut-on comprendre que l’on soit littéralement dans l’impasse et que lesdits licenciements se soient enlisés dans une espèce de nullité relative. Relative, parce que dans la foulée ceux des personnels licenciés qui avaient été affectés à certaines agences sont astreints depuis peu au chômage avec la fermeture d’une dizaine de celles-ci sur le territoire national. Fermetures qui sont loin de s’arrêter là, à en croire certaines indiscrétions.

Une entreprise en apparente bonne santé : qu’es ce qui n’a pas marché ?

Il semble que la stabilisation du résultat net au cours de l’année 2015 (5% de croissance par rapport à 2014) n’ait été qu’une légère halte pour permettre à la machine de repartir de plus belle. Par ailleurs, les 13,84 milliards FCFA (23% de croissance) de résultat net avant impôts permettent à la banque panafricaine de gagner une place et d’intégrer le podium des banques les plus performantes au Cameroun en 2016 et des plus ambitieuses en 2017 révèle Média Economie.
Dans un premier temps, on pourrait logiquement envisager cette performance comme la résultante d’une croissance de 15,49% des dépôts bancaires (507 milliards FCFA en 2016).

Ensuite, il ne serait pas erroné de considérer qu’il s’agisse de la consécration d’un pari gagnant. En effet,ECOBANK CAMEROUN a opté en 2016 pour une stratégie de niches dont les nombreuses illustrations sont : la mise sur le marché d’une carte bancaire à destination des pensionnaires de la CNPS en Janvier, le lancement de la finance islamique en Février ou encore le développement de l’application mobile dans l’optique de l’amélioration de l’expérience client en Novembre (niche des technophiles).

Pour rappel, Ecobank a été l’établissement bancaire enregistrant le plus grand nombre de produits et services innovants en 2016. Avec un business model de plus en plus porté sur le digital comme en témoigne le lancement du MasterPass en Février dernier, il importe de s’interroger sur l’impact que pourrait avoir cette orientation stratégique sur l’activité de la banque en termes de rentabilité, mais aussi sur ces métiers, quand on sait par exemple qu’Ecobank Cameroun est le seul établissement parmi les meilleures banques camerounaises à ne pas être trop présent sur les réseaux sociaux.

La concurrence et le contexte économique : les meurtriers d’ECOBANK ?

Malgré le contexte économique international difficile Ecobank a confirmé son positionnement parmi les trois premières banques sur le marché du Cameroun. Ceci en termes de rentabilité, en affichant un résultat avant impôts en 2016 de 13,840 milliards de FCFA, soit 23% de hausse, comparé à 2015. Les dépôts de la clientèle quant à eux s’établissent à 401,420 milliards alors que les crédits à la clientèle s’élèvent à 260,085 milliards de FCFA. La BICEC a engrangé en 2016 un chiffre d’affaires de 719 milliards FCFA. L’encours des dépôts a atteint 626 milliards FCFA pour un encours de crédit de 538 milliards FCFA (+15%). Selon la banque cette légère baisse est à mettre à l’actif de la fraude qu’a subi l’établissement bancaire.