Vous-êtes ici: AccueilBusiness2015 11 05Article 342857

Infos Business of Thursday, 5 November 2015

Source: cameroon-tribune.cm

Ciment, téléphone, eau, électricité...les prix de la discorde

Photo utilisée juste à titre d'illustration Photo utilisée juste à titre d'illustration

L’entreprise Medcem Cameroon S.A commercialise depuis quelques jours le ciment sorti de son usine basée à Douala.

Le produit est vendu à 4700 F le sac dans les points de vente de Yaoundé. Le même prix que le sac du CPJ 35 de Cimencam qui vient de revoir ses tarifs à la baisse. Légèrement en deçà des prix des ciments Dangote et Cimaf qu’on retrouve dans les points de vente de la ville à 4800 F. De manière générale, les prix du ciment n’ont pas beaucoup bougé, en dépit du fait qu’on enregistre désormais quatre acteurs sur le marché local, contre un seul il y a encore quelques mois.

Les consommateurs ne s’expliquent toujours pas ce maintien des prix malgré la concurrence. Dans la quête d’une meilleure compréhension autour de la structuration de ces tarifs, le silence des opérateurs sur les prix sortie usine n’aide pas beaucoup. La sonnette d’alarme a été tirée, il y a quelques jours, lors d’une concertation entre les opérateurs de la filière matériaux de construction et le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.

Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de dénoncer ce qui est une évidence pour certains consommateurs : un accord entre les différents producteurs sur les prix du ciment. D’ici à ce que les résultats de l’étude qu’il a instruite sur ce cas spécifique du ciment soient publiés, les incompréhensions demeurent.

Le cas du ciment n’est pas isolé. Sur le segment de la téléphonie mobile partagé entre trois opérateurs (Mtn, Orange et Nexttel), la question des tarifs reste une préoccupation majeure pour les abonnés. Quinze ans après l’ouverture de ce marché au Cameroun, les prix des appels téléphoniques ont certes baissé (de près de 500 F à moins de 100 F la minute). Mais pour les abonnés, les opérateurs peuvent faire mieux. L’objectif, c’est de communiquer à 10 F, voire 5F la minute.

Et on n’y est pas encore. Pour l’heure, les abonnés ont droit à une série d’offres promotionnelles sur les prix avec des forfaits ou des super-bonus, notamment des recharges de crédit de 200 F donnant droit à 2000 F ou encore 500 F pour 5000F, à consommer dans un délai bien précis et suivant des codes. Dans cette pluie d’offres, difficile de dire combien coûte exactement la minute de communication. Néanmoins, par souci de traçabilité, les abonnés reçoivent désormais le détail de leur communication : durée de l’appel, coût, solde restant. Une exigence souhaitée par le régulateur pour résoudre la question du flou dénoncé par les abonnés sur la facturation de leurs appels.

Call box

Comme pour les opérateurs du marché du ciment, ceux du secteur de la téléphonie brandissent les différentes charges de production pour justifier les prix tels qu’ils les appliquent. Pour le prix du ciment notamment, il faut, selon les opérateurs qui réfutent toute manipulation des prix, tenir compte des charges de production (intrants, énergie, impôts, etc) pour fixer leur prix sortie usine. Dans le secteur de l’électricité, une nouvelle grille tarifaire a été publiée en 2012 avec une segmentation très précise des tarifs selon la tranche, les usages et les catégories de clients.

Pourtant, les plaintes sur les factures salées d’énergie n’ont pas cessé. Entre consommation avec ou sans TVA, il y a beaucoup qui ne saisissent pas toujours comment fonctionne le mécanisme de calcul du kilovalt. Et comme avec les factures d’eau, c’est davantage les quantités consommées et les montants (qui triplent parfois entre deux mois) qui font l’objet de griefs entre les fournisseurs et leurs clients.

Pour trancher, il y a le régulateur. L’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) pour le secteur de l’électricité, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) dont le rôle est de veiller à l’application des tarifs sincères aux consommateurs et sanctionner en cas de dérives.

Au niveau de l’Arsel, il existe un Tribunal de conciliation qui statue sur les cas de contestation. « Sur le plan statistique, 85% des dossiers qui sont présentés à notre juridiction sont traités à la satisfaction des parties, c’est-à-dire Eneo et les clients », confiait Jean-Pierre Kedi, directeur général de l’Arsel, dans une interview accordée à Cameroon tribune en juin dernier.

Bien que l’action des agences de régulation, des brigades de contrôle des prix et des associations de défense des intérêts des consommateurs reste encore sans effets réels pour la plupart des consommateurs. Comment sont fixés les prix de ces produits et services ? Le consommateur a-t-il son mot à dire dans le processus ? Quel rôle joue le régulateur dans ce mécanisme ? Des questions sur lesquelles ce dossier tente d’apporter des réponses.