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Infos Business of Tuesday, 19 April 2016

Source: newsducamer.com

Cameroun: 3 800 milliards de dette publique

Le ministre des finances, Alamine Ousmane Mey Le ministre des finances, Alamine Ousmane Mey

Alors que Le Fonds monétaire international (FMI) jugeait l’endettement du Cameroun excessif, la caisse autonome d'amortissement révèles les grandes tendances de la dette publique du Cameroun.

Encours de la dette publique du Cameroun

Au 30 juin 2015, l’encours de la dette publique du Cameroun est estimé à 3 811 milliards de FCFA, soit 23,4% du PIB. Au 31 mars 2015, cet encours a été réévalué à 3852 milliards de FCFA, soit 23,9% du PIB.

Au 30 juin 2014, il était de 2968 milliards de FCFA (19,5% du PIB), soit une augmentation de 28,8% de l’encours de la dette publique en un an, due principalement aux variations des taux de change (appréciation du Dollar US par rapport à l’Euro et donc par ricochet par rapport au FCFA) et à l’accélération des décaissements alloués à l’exécution de nom- breux projets.

La composition du portefeuille de la dette publique au 30 Juin 2015, est de 73% de dette extérieure, soit 2783 milliards de FCFA et 27% de dette inté- rieure, soit 1028 milliards de FCFA. Un trimestre plus tôt, soit au 30 Mars 2015, la composition de ce portefeuille était de 72,1% de dette extérieure, soit 2776 milliards de FCFA et 27,9% de dette intérieure, soit 1076 milliards de FCFA. Un an auparavant, soit au 30 Juin 2014, ce portefeuille était constitué de 73,7% de dette extérieure, soit 2188 milliards de FCFA et 26,3% de dette intérieure cor- respondant à 780 milliards de FCFA.

Nouveaux emprunts EMPRUNTS ET SEND’S (Soldes Engagés Non Décaissés)

Au cours du 2ème trimestre 2015, les décaisse- ments effectifs sur emprunts extérieurs (enregis- trés au 15 août 2015) ont été évalués à 72,3 mil- liards de FCFA soit une diminution de 14,7% en glissement trimestriel. Les tirages effectifs sur prêts intérieurs, notamment sous forme de Bons de Trésor Assimilables (BTA) sont chiffrés à 34 milliards de FCFA, soit un total d’environ 106 milliards de FCFA décaissés au cours de ce 2ème trimestre.

Le total des décaissements effectués au cours des deux premiers trimestres de l’année 2015 s’élève à 157 milliards de FCFA pour les emprunts extérieurs et à 223 milliards de FCFA pour les emprunts intérieurs, dont 143,5 milliards de FCFA destinés au finance- ment de la SONARA.

Les nouveaux engagements extérieurs signés sous forme de prêts au deuxième trimestre 2015 s’élèvent à 101 milliards de FCFA, por- tant l’engagement total de l’Etat à hauteur de 904 milliards de FCFA à la fin du premier semestre. Le montant des engagements signés depuis le début de l’année avoisinant les 1000 milliards de FCFA initialement fixés dans la Loi de Finances 2015, le plafond a été revu à la hausse par Ordonnance du Chef de l’Etat à 1700 milliards de FCFA, dont 500 milliards de prêts concessionnels.

En tenant compte des variations des taux de change et sans la prise en compte du finance- ment du PLANUT de 925 milliards de FCFA, les SEND’s se chiffrent à environ 2 805 milliards de FCFA au 30 Juin 2015, soit une hausse de 4,4% en glissement trimestriel et de 27,8% en glissement annuel.

Service de la dette publique

Le service de la dette publique assuré au deuxième trimestre 2015 s’élève à 100,5 mil- liards de FCFA, dont 19,9 milliards de FCFA auprès des créanciers non résidents (bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux, commer- ciaux), et 80,5 milliards de FCFA auprès des créanciers résidents. Le service effectif de la dette connaît une légère hausse de 1% en glissement trimestriel et de 2,3% en glisse- ment annuel.

Le remboursement du principal de la dette au cours de ce trimestre a porté sur 89,4 milliards de FCFA, soit 88,9% du service total, correspondant à une augmentation du principal de 13,4% en glissement trimestriel, et de 21,1% en glissement annuel.

Le paiement des intérêts s’est chiffré quant à lui à 11,12 milliards de FCFA, soit 11,1% du service total. Le montant des intérêts payés a diminué de 46,3 % en glissement trimestriel et de 54,4% en glissement annuel.
Au cours du premier semestre 2015, le service total de la dette réglé s’élève à 200 milliards de FCFA, soit 35,7% du service prévisionnel de l’année 2015.

Caractéristiques et risques associés au porte-feuille de la dette publique

Depuis quelques années, avec l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative PPTE, le portefeuille de la dette publique se caractérise par une plus grande diversité et il s’est également vue com- plexifié suite à l’admission du Cameroun aux gui- chets non concessionnels de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de Déve- loppement, et par le recours aux nouveaux types de financement dits innovants.

Cette diversité du portefeuille a conduit à une augmentation progressive des risques auxquels il est exposé, notamment les risques de taux d’in- térêt et de taux de change, mais aussi le risque de refinancement.

Ainsi, le portefeuille de la dette publique est composé au 30 Juin 2015 de 72,7% de dette extérieure (dette libellée en devises), soit 2773 milliards de FCFA et 27,3% de dette intérieure (dette libellée en monnaie locale), soit 1039 mil- liards de FCFA. Cette composition fait ressortir une forte exposition du portefeuille de la dette publique du Cameroun aux variations de taux de change.

Il convient toutefois de relever que, près de 32,5% du portefeuille de la dette extérieure (en devise élémentaire) est contracté en Euro. Le Franc CFA ayant une parité fixe avec l'Euro, la proportion de la dette soumise aux variations réelles de taux de change est réduite à 40%, atténuant ainsi le risque de taux de change auquel est exposé le portefeuille de la dette publique du Cameroun.

Le taux d’intérêt moyen du portefeuille est estimé à 2,7%, dont 2,3% pour la dette exté- rieure et 3,7% pour la dette intérieure. Au 30 juin 2015, environ 18,7% du portefeuille de la dette totale est exposé au risque de taux d’in- térêt contre une proportion d’environ 15% observée un an plus tôt.

La part des prêts contractés à des taux d’intérêt variables est en augmentation, induisant de ce fait le recours à plus de prudence dans la signature des nou- veaux emprunts. Toutefois, les prêts dont les termes sont à réviser au cours de l’année 2015 représentent 26,7% du portefeuille de la dette totale, dont 41,2% pour la dette intérieure et 21,3% pour la dette extérieure.

Concernant le risque de refinancement, il faut en moyenne 9,5 ans pour reconstituer le porte- feuille de la dette existante, dont 3,9 ans pour la dette intérieure et 11,6 ans pour la dette exté- rieure. Enfin, 10,8% de la dette dotale devrait être renouvelé, dont 32,9% de dette intérieure et 2,6% de dette extérieure.

Stratégie d'endettement 2015

La stratégie d’endettement de l’exercice 2015, ainsi que celle relative au financement du Plan d’Urgence Triennal pour l’Accélération de la Croissance (PLANUT) et l’organisation des CAN féminine en 2016 et masculine en 2019, s’exé- cutent conformément aux orientations décrites dans la stratégie à moyen terme 2013-2017 qui a été mise à jour pour la période 2015-2017. Il convient de rappeler les objectifs de cette stra- tégie qui sont entre autres: (i) pourvoir aux besoins de financement de l’Etat en réduisant les coûts et risques à moyen et long termes ; (ii) promouvoir le développement du marché de la dette domestique.

Pour l’année 2015, en plus des décaissements de 750 milliards de FCFA attendus de l’émission des Eurobonds, ainsi que ceux découlant des conventions de prêts signées dans le cadre de l’exécution du PLANUT, les décaissements exté- rieurs porteront sur 405 milliards de FCFA, et les émissions de titres publics sur le marché local de 150 milliards de FCFA.

Le plafond d’endettement extérieur pour l’an- née 2015 qui a été revu à la hausse à 1700 mil- liards de FCFA pourrait toutefois être modifié, au fur et à mesure de l’évolution des besoins. Le plafond des avals et garanties que l'Etat peut accorder à ses démembrements et aux Sociétés d’économie mixte pour l’année 2015 est maintenu à 40 milliards de FCFA.

Analyse de ala viabilité de la dette publique à l'horizon 2030

Les résultats de l’analyse de la viabilité de la dette publique sur un horizon de 15 ans, présentés dans cette publication constituent une mise à jour de l’analyse effectuée en fin 2014, publiée dans la note de conjoncture du quatrième tri- mestre 2014 de la dette publique du Cameroun et révisée en Mars 2015.

Cette mise à jour tient compte du nouveau contexte économique mondial et national. De ce fait de nouvelles hypothèses ont été formulées, notamment :

-l’affermissement de la croissance en 2014 et 2015, le taux de croissance étant de 5,9% en 2014 (révision par l’INS du Cameroun en juillet 2015) contre 5,6% en 2013. La projection pour l’année 2015 d’une croissance à la hausse à 6,4% contre 5,8% précédemment ;

-une projection d’un taux de croissance moyen de 6% sur les 10 prochaines années ;

-l’amélioration de la capacité d’absorption des financements extérieurs, soit des décais- sements annuels minimum de 750 milliards de FCFA, sur une période d’au moins 5 ans ;

-la réalisation de la première émission des eurobonds en Dollar US en 2015, pour un montant équivalent à 750 milliards de FCFA ; 4le remboursement de l’encours de l’euro- bond en 3 échéances de 9, 10 et 11ans, soit une échéance de 10 ans en moyenne dite « soft amortizing » ;

-l’exécution de tous les projets du PLANUT dans les délais et ceux relatifs à l’organisation effective des CAN féminine 2016 et masculine 2019 ;

Les croissances susvisées permettront au Cameroun le cas échéant, d’atteindre ses objectifs de développement définis dans le DSCE et de s’intégrer concrètement à la vision d’un Cameroun émergent à l’ho- rizon 2035. Toutefois, afin de tenir compte des différentes perceptions moins optimistes de la croissance économique du Cameroun par le FMI et la Banque Mondiale, des chocs les plus extrêmes visant à réduire de plus de 10% en valeur du PIB projeté sur la période d’analyse ont été envisagés.

Ainsi, la dette publique du Cameroun demeure viable, sur un horizon de plus de 15 ans, mais avec un risque de non viabilité de la dette qui passe de faible à modéré en raison principalement du faible niveau des recettes d’exportation qui, soumis à un stress test fait passer le ratio de la valeur actualisée de la dette sur les recettes d’exploitation au dessus du seuil critique de 100% dès 2017.

Ce stress test se traduit par un choc classique conduisant à la baisse de la croissance desdites recettes de 10% par an, ou à une évolution des recettes d’exporta- tion correspondant au rythme observé au cours des dix dernières années. Il serait nécessaire, d’en- visager des réformes structurelles qui conduiraient à favoriser la transformation des matières pre- mières sur place afin d’accroitre le niveau de la pro- duction et en conséquence celui des exportations.

L’assainissement des finances publiques devrait se poursuivre en mettant un accent sur la qualité de l’endettement. Les emprunts non concessionnels devraient être orientés vers les projets à forte ren- tabilité financière et économique.

Des dispositions devraient être prises afin que les projets bénéfi- ciaires soient réalisés de manière effective et à bonne date et que les décaissements provenant des conventions de dette signées soient effectués dans les délais requis, en vue d’alléger le niveau des SEND’s et jouir de la croissance découlant de l’absorption de ces ressources.

A cet effet, des études de faisabilité des divers pro- jets devraient être effectuées et suivies tout en intégrant les points relatifs aux indemnisations et au délai d’achèvement des travaux. Il est nécessaire que les projets bénéficiaires des fonds suivent préalablement le circuit de préparation et d’inscription budgétaire à travers les projets d’investissement prioritaires et leurs inscriptions dans les Cadres de Dépenses à Moyen Terme des differents ministères.

Aussi, chacun des acteurs de l’endettement public devrait continuer à jouer pleinement son rôle tout en bâtissant une synergie totale entre eux. Conformément aux prescriptions du Chef de l’Etat contenues dans les différentes circulaires budgétaires, en matière d’endettement, les décisions prises devraient être conformes à la stratégie d’endette- ment pour sauvegarder de manière durable la soutenabilité de la dette publique et, le recours au Comité National de la Dette Publique devrait être systématique pour tout nouvel emprunt de l’Etat .

En définitive, pour améliorer la notation du Cameroun (à travers l’EPIN-CPIA), afin de passer du rang de pays à faibles résultats à celui de pays à résultats moyens, de nombreuses mesures sont à poursuivre, dont l’amélioration de la gouvernance financière et économique.

Cette progression devrait donner la possibilité au Cameroun d’avoir un plus large accès aux marchés financiers et de disposer de beaucoup plus de marge de manœuvre, suite au relèvement des plafonds des seuils suivis dans le cadre de la viabilité de la dette publique.

Cliquez sur (PHOTO) pour voir le tableau de l'évolution de l’encours de la dette publique et celui de la dette publique extérieure du Cameroun par créancier (En milliards FFA)