Actualités of Monday, 17 November 2025

Source: L’Indépendant n°981

Une dérive autoritaire alarmante dénoncée, le pouvoir panique

Guerre de succession Guerre de succession

Le sixième adjoint au maire de Douala 5ème et les promoteurs des groupes de presse Balafon et Equinoxe, ont été convoqués par le préfet du Wouri. Ils ont commis le crime de lèse-majesté d’avoir quelques suspicions sur les résultats de l’élection présidentielle proclamés par le Conseil constitutionnel. Une véritable chape de plomb qui jette un voile de psychose sur toute velléité de contestation d’un processus électoral entaché de zones d’ombre.

Le code électoral dont Elecam même et l’ensemble de la classe politique réclament la révision, en rajoute au malaise. Leaders politiques, syndicalistes, universitaires, hommes de médias et citoyens anonymes, font les frais d’une vague de répression sans précédent, aux antipodes des valeurs d’ouverture et de démocratie tant clamées. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, reprenant des chiffres de la presse internationale, annonce quarante-huit (48) morts des suites de la crise postélectorale.

Invité de Christophe Boisbouvier sur les ondes de RFI, le porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication, parle plutôt de plusieurs dizaines de morts et de plusieurs centaines d’arrestations. Le tableau dressé par les ONG n’est guère reluisant : arrestations arbitraires, déportations au SED et au tribunal militaire, tortures et conditions de détention inhumaine… Après la main tendue du chef de l’État lors de son discours d’investiture, l’apaisement tant espéré, s’est manifesté à travers une première vague de libération.

Quelle idée d’organiser le périple du ministre de l’Administration territoriale dans les régions encore marquées au fer rouge par cette crise post-électorale ? Fidèle à ses méthodes, le Minat a remis au goût du jour, la brutalité d’un discours fait de provocation et d’insinuations injurieuses. Il s’en est pris à ces assaillants drogués et instrumentalisés par un homme politique véreux et irresponsable, qui a planifié une insurrection savamment orchestrée. Le bilan de treize (13) morts dressé par le Minat, est sinon sous-estimé ou tout au moins, un impair dans la communication de crise.

De Marshall Rosenberg à l’école de Palo Alto, la communication de crise, réclame tact et ouverture. Marshall Rozenberg est formel : « Les mots sont des fenêtres, ou bien ils sont des murs. Ils nous condamnent ou nous libèrent ». Et Nick Akins d’enfoncer le clou : « La vérité est la meilleure défense contre la crise ».

À défaut de pouvoir anticiper et prévenir les crises par un devoir de transparence et de dialogue permanent entre gouvernants et gouvernés, il est bon d’éviter cette posture d’arrogance et d’intimidation qui ferme la porte au dialogue en laissant sédimenter ces crises. On l’a vécu au plus fort de la crise anglophone, où le même Minat a multiplié bévues et bavures. De grâce, ne débridez plus ce cheval dingue. Véritable fou du roi, obnubilé par un zèle effarant d’arriviste, Atanga Nj, après l’épisode malheureux avec le général Esaïe Ngambou, n’en fait plus qu’à sa tête.

C’est un véritable électron libre au cœur d’un système dont les pôles de décision sont désormais tenus par des clans qui s’étripent tels de chiffonniers dans la perspective du grand soir. C’est une répétition générale d’une guerre de succession qui risque d’être particulièrement violente.