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Actualités of Wednesday, 2 August 2017

Source: ebugnti.wordpress.com

Mgr Bala: un retour sous scellés à Bafia

Après avoir été enlevé incognito, Mgr Bala est ramené invisibilis dans son diocèse Après avoir été enlevé incognito, Mgr Bala est ramené invisibilis dans son diocèse

La célébration des obsèques de Mgr Jean Marie Benoît Bala a débuté ce mercredi matin à 10 heures, par l’Hôpital Général de Yaoundé. Mais les chrétiens n’ont pas pu voir une dernière fois l’évêque de Bafia. C’était pourtant une des attentes, la grande espérance pour ces obsèques.

Il est fort à parier que le peuple de Dieu de son diocèse de Bafia fasse, dès cette après-midi, lui aussi la désespérante expérience. La levée de corps a dévoilé un cercueil en bois massif hermétiquement scellé. Du bois donc, en lieu et place de la dépouille tant querellée de l’évêque assassiné, tout un symbole.

Ainsi, personne ne pourra certifier qu’à l’intérieur de cette caisse en bois lustré, qui tranche extraordinairement avec la modestie du défunt, se trouve effectivement un corps. Pas plus que l’on ne peut dire avec exactitude que ce corps, des fois qu’il y en aurait un, est bien celui de Mgr Jean Marie Benoît Bala.

Néanmoins il faut le croire, sur la crédibilité de Mgr Samuel Kleda, archevêque métropolitain de Douala et président en exercice de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC). Lui qui a porté, contre vents et marées, la cause de l’Eglise, des justes et du peuple, fidèles et non chrétiens, depuis la disparition de Mgr Jean Marie Benoît Bala.

Comme si quelqu’un avait voulu que la postérité ne garda pas d’autre souvenir du serviteur de Dieu, que cette dépouille à moitié découverte, les sandales inversées aux pieds, trempée, sablonnée et maculée de toutes sortes de souillures aquatiques, conséquentes à son séjour dans les eaux de la Sanaga. Un séjour dont on ne sait toujours pas la durée. Le saura-t-on jamais ?

Comme le Christ lui-même

L’ultime tentative d’humiliation de la simplicité et de l’effacement, un déni de dignité, d’autorité et de respectabilité que personne ne peut expliquer. Sinon que pour correspondre à celui qui l’a appelé et qu’il a servi toute sa vie.

Cela a fait dire à un clerc que « Mgr Bala est mort une fois de plus ce matin à l’Hôpital Général ». Mais en fait, pourquoi n’a-t-on pas exposé la dépouille l’évêque de Bafia pour que sa famille, l’Eglise le voit une dernière fois ? A cette question, quelqu’un a répondu par une autre question : « Le voir dans quel état ? »
Et encore des questions : Dans quel état se trouve donc la dépouille que l’on s’apprête à inhumer demain, en la cathédrale saint Sébastien de Bafia, au point que l’on décide de la rendre prisonnière du bois ? N’est-ce pas ce corps sur lequel le Procureur de la République près la Cour d’Appel du Centre et ses médecins présumés légistes n’avaient trouvé aucune trace de violence ?

Enlevé incognito, Mgr Bala l’a été à la manière même du Christ, amené manu militari, après avoir été vendu par un de ses plus proches (lui aussi). Abandonné de ses amis, Mgr Bala l’a été, à la manière du Christ, seul devant l’adversité, loin de ses disciples pris de peur, démissionnaires et fuyards.
Livré par ceux qu’il a aimés, accueillis, servis, soignés, Mgr Bala l’a été. Comme le Christ condamné par la même foule de ceux qu’il a nourris, soignés, enseignés. Mgr Bala est ramené à Bafia sous le sceau de l’anonymat, comme ce Christ à qui l’on prêta une tombe, tel un vulgaire inconnu.

La mort de Mgr Bala est incontestablement prophétique. Sans doute fallait-il que tout cela arriva. Mais comme le dit l’histoire, malheur à celui par qui ce qui devait arriver advint.