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Réligion of Wednesday, 9 September 2015

Source: cameroon-info.net

La stabilité du Cameroun menacée par l’islam radical - International Crisis Group

International Crisis Group (Icg) dont la mission est de prévenir et résoudre les conflits meurtriers au moyen d’analyses de la situation sur le terrain et de formulation de recommandations, n’a pas jugée nécessaire de mettre des gants pour déclarer au sujet de notre pays le Cameroun en introduction de son rapport publié le jeudi 3 septembre dernier : « Au Cameroun, la pénétration d’un islam fondamentaliste et l’essor d’églises pentecôtistes revivalistes, dites réveillées (born again), bouleversent le paysage religieux et mettent en place les ferments de l’intolérance religieuse ».

Ceci dit, dans ce fameux rapport intitulé « Cameroun : la menace du radicalisme religieux » et donc le quotidien privé Mutations en a fait échos dans son édition de ce lundi 7 septembre 2015, l’ONG Icg poursuit en affirmant que « dans la partie septentrionale, la pénétration des courants fondamentalistes, combinée aux tensions communautaires locales, est potentiellement source de conflits. Dans le Sud, la compétition pour les dirigeants de la communauté musulmane entre soufis et groupes proches du wahhabisme va s’accentuer et pourrait dégénérer en incidents locaux ».

De manière factuelle, c’est l’intolérance religieuse qui est critiquée par le rapport d’Icg qui poursuit selon le journal : « Les mutations actuelles touchent majoritairement une nouvelle génération de jeunes camerounais musulmans du Sud, tandis que l’islam soufi, incarné au Nord par les Peul, recule. Ces jeunes du Sud, arabisés et souvent formés au Soudan et dans les pays du Golfe, contestent à la fois la domination peul au sein de la communauté musulmane et le système religieux vieillissant ».

Mais l’article du quotidien Mutations ne s’arrête pas en si bon chemin. Une immersion est faite en eaux troubles, notamment dans le précèdent rapport d’Icg datant du 4 septembre 2014, lequel indiquait : « l’apparente stabilité du Cameroun et les récentes améliorations institutionnelles ne dissimulent plus sa vulnérabilité. Alors que le régime du président Paul Biya a verrouillé le jeu électoral et consolidé son emprise, la vie politique est anémiée, le mécontentement social se généralise et de nouvelles menaces sécuritaires émergent. La combinaison des menaces externes (Boko Haram et la crise centrafricaine) et de l’insatisfaction interne constitue un cocktail déstabilisateur. Paradoxalement, la force du régime ne réside pas dans le parti au pouvoir ou les services de sécurité, mais dans le fait que la plupart des Camerounais pensent que ce régime est un moindre mal. Pour minimiser le risque de crise violente avant la prochaine élection en 2018, le pouvoir et l’opposition doivent renouer le dialogue et s’accorder sur une profonde réforme politique et institutionnelle ».

On le voit, la faute travers ce rapport 2014 d’Icg remis au goût du jour, est quelque peu imputée au régime Biya, et pas tout à fait à tort, puisque dans les faits, l’arme à double tranchant nommée « tolérance administrative » brandit par l’Etat pour brailler justement sa tolérance, en est arrivé au Cameroun à favoriser la situation actuelle qui fait que dans de nombreux quartiers de nos cités, comme Ngousso, face cimetière à Yaoundé, on retrouve 11 confessions ou branches religieuses dont certaines insoupçonnées, pour à peine 1 000 habitants.

La situation est devenue telle que de nos jours, des églises réveillées autorisées louent leur autorisation à celles qui n’en ont pas, leur permettant ainsi de se faire passer pour des branches, des franchises à la seule différence que le message n’y est forcément pas le même… encore que l’interprétation de la sainte Bible a toujours été plurielle de tout temps et en tous lieux dans le monde.

Et le rapport de dénoncer dans la même lancée « ces transformations du paysage religieux (qui) ne sont pas perçues comme problématiques par les autorités politiques et religieuses du Cameroun, qui sous-estiment leur potentiel conflictogène et dont l’attention est focalisée sur Boko Haram ».

Une énorme bavure en somme selon le rapport d’Icg pour selon qui « ces évolutions sont d’autant plus préoccupantes que le Cameroun se situe à la confluence de deux conflits à dimension religieuse, la crise en République centrafricaine et Boko Haram au Nigeria, et en subit les contrecoups… dans l’immédiat, le gouvernement doit œuvrer à une meilleure surveillance du prosélytisme fondamentaliste, soutenir les associations de dialogue interreligieux et améliorer la sensibilisation des populations ».

Petits morceaux choisis de l’intolérance religieuse ou des bavures dénoncées par le rapport d’Icg : les conflits fratricides entres bergers dans les églises pentecôtistes et même au-delà, l’apologie à défaut de la déification permanente des autorités ou du chef de l’Etat à l’exemple d’un certain Tsala Essomba qui en a fait un de ses nombreux fonds de commerce en plus des bouteilles d’eaux minérales bénites ou des mouchoirs bénis puis vendus aux fidèles ; mais il y a aussi la division ou l’éclatement de nombreuses familles (ce qui engendre haine et rancunes tenaces) du fait de ces pasteurs qui considèrent comme sorciers tous conjoint d’un ou d’une fidèle qui ne partage pas sa foi… lorsqu’il ne voient pas simplement le diable partout.

Que dire, pour s’arrêter là, de ces autres pour qui toute chose mauvaise ou apparentée est liée à un démon : démon de la fatigue, démon de la paresse, démon de la gourmandise, démon de l’échec, etc… à croire que le libre arbitre n’était qu’une chimère.

En face, la situation n’est guère différente avec des imans radicaux dans l’islam, qui prêchent des sourates selon leur propres évangiles, ou pire ceux qui s’accroche à la charia par exemple, pour y diluer leurs velléités expansionnistes.

L’Ong International Crisis Group est dirigée depuis juillet 2009 par Louise Arbour, ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme.