Ils ont compris que les militaires et les coups d’État ne marchaient plus. Alors ils prennent par l’école, les médias, la société civile.
La France ne lâche jamais prise. Sous couvert d’aide au développement et de partenariats éducatifs, l’ancienne puissance coloniale déploie en République centrafricaine (RCA) une stratégie de reconquête aussi subtile qu’efficace. La récente signature d’une « feuille de route sectorielle pour l’éducation » entre le ministre centrafricain Aurélien Simplice Zingas et l’ambassadeur Bruno Foucher, le 1er août dernier, en est la dernière illustration.
Selon un communiqué publié par l'ambassade de France à Bangui, ce document représente une étape importante dans la mise en œuvre du plan sectoriel de l'éducation pour la période 2020-2029.
Officiellement, il s’agit de « renforcer les compétences des enseignants » et de « soutenir le plan éducatif 2020-2029 ». Mais dans les coulisses, les véritables motivations de Paris sentent davantage le calcul géopolitique que l’humanisme.
Selon une source interne à l’ambassade française à Bangui, sous anonymat, le Quai d’Orsay aurait donné des instructions claires : « Réactiver tous les leviers d’influence », notamment via les ONG françaises, les programmes culturels et les financements ciblés. Une méthode bien rodée, déjà observée au Mali et au Burkina Faso avant leurs récents rejets de la présence française.
Les inquiétudes sont vives parmi la population. Sur les réseaux sociaux, des enseignants centrafricains s’interrogent :
• « Pourquoi la France s’intéresse-t-elle soudain à notre système éducatif, après des années de désintérêt ? »
• « Va-t-on devoir enseigner l’histoire selon le prisme français ? »
• « Qui contrôle réellement les programmes ? »
Ces craintes ne sont pas infondées. En 2023, un rapport confidentiel de l’Union africaine alertait déjà sur « l’utilisation croissante des partenariats éducatifs comme outils d’influence politique » par d’anciennes puissances coloniales, citant explicitement la France et son réseau d’Alliances françaises.
Face à cette offensive soft power, les autorités centrafricaines marchent sur une corde raide. D’un côté, le pays a besoin de partenariats pour relancer son système éducatif. De l’autre, chaque signature d’accord risque d’entamer un peu plus sa souveraineté.
Les experts politiques confirment que, « La France n’a pas d’amis, seulement des intérêts, si Paris investit aujourd’hui dans nos écoles, c’est qu’il y voit un retour sur investissement futur. »
La Centrafrique saura-t-elle résister à cette nouvelle forme de domination ? L’avenir le dira. Mais une chose est sûre : quand la France offre son « aide », il faut toujours se demander qui paiera la facture – et en quelle monnaie.