Opinions of Friday, 10 October 2025

Auteur: Shance Lion

Présidentielle d'octobre 2025: Tchiroma, le poids des mots et la légèreté de l’homme

Issa Tchiroma Bakary Issa Tchiroma Bakary

Il y a des limites que l’on ne franchit pas, même dans la joute politique. Il a suffi d’une phrase, prononcée sur le plateau d’Équinoxe TV, pour que le vernis tombe : Issa Tchiroma Bakary, candidat à la présidentielle d’octobre 2025, s’est autorisé à qualifier Bello Bouba Maigari de « poids léger », allant même jusqu’à le traiter de « poids extrêmement léger ». Issa Tchiroma Bakary a franchi la ligne rouge du respect et du bon sens.

Une telle arrogance, n’est pas une démonstration de force : c’est la manifestation éclatante d’un orgueil vide, d’un narcissisme sans assise, d’une vanité politique qui confond vacarme médiatique et poids réel. Une sortie grossière, teintée de mépris, de dédain mais surtout révélatrice d’une profonde insécurité politique.

Car enfin, de quel poids parle-t-on ? Celui d’un homme Bello Bouba Maigari qui, depuis trente ans, fait vivre l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP), la deuxième force politique du Cameroun après le RDPC ? D’un parti solidement implanté dans le pays, avec près de 600 élus députés, maires et conseillers confondus ? D’un leader dont la constance et l’humilité inspirent même ses adversaires ?

Si Tchiroma avait un minimum de mémoire politique, il se rappellerait que Bello Bouba ne doit rien à la clameur des foules ni aux faveurs du pouvoir, mais à la confiance du peuple et au travail patient du terrain. En vérité, sur le plan des faits comme sur celui du symbole, Bello Bouba Maigari incarne la stabilité, la constance et l’humilité politique. Ce bilan n’a rien de « léger » : il traduit la confiance renouvelée du peuple dans un leadership mesuré et respectueux.

Et pourtant, malgré cette assisse politique nationale, aux premières heures de cette aventure électorale, c’est Bello Bouba Maigari lui-même qui est allé à la rencontre d’Issa Tchiroma Bakary. Non pas par faiblesse, ni par calcul, mais par humilité. Car s’il est des hommes dont la modestie dépasse la stature politique, Bello Bouba Maigari en est l’illustration parfaite. Son approche du dialogue, sa tolérance et sa fidélité à ses convictions font de lui un homme d’État, là où d’autres ne sont encore que des politiciens d’occasion. S’il y a bien un trait qui distingue les grands des petits, c’est l’humilité celle que Bello Bouba incarne, et que Tchiroma ignore totalement.

Issa Tchiroma, lui, se perd dans ses contradictions. Hier allié fidèle et loyal du President Paul Biya, aujourd’hui donneur de leçons et prétendu adversaire; il y'a encore à peine 2 mois, ministre zélé, aujourd’hui tribun autoproclamé du peuple. Ministre un jour, opposant de salon le lendemain, il change de discours comme on change de veste. Son parcours ressemble moins à une trajectoire qu’à une succession de virages opportunistes. Comment accorder du crédit à celui qui, au gré des vents, change de cap, de discours et même d’alliés ?

Pire encore, les accointances supposées d’Issa Tchiroma avec Chris Anu, le leader notoire du groupe terroriste ambazonien, jettent une ombre inquiétante sur ses intentions véritables. Les révélations persistantes de financements troubles en provenance de certains lobbies étrangers et de relais régionaux tchadiens, nigérians, américains achèvent de le présenter non pas comme un homme d’État, mais comme un instrument entre les mains de ceux qui rêvent de semer le désordre au Cameroun.

L’ironie, c’est que celui qui traite les autres de « poids léger » n’a jamais réellement pesé sur le plan électoral. Son parti, le FSNC, ne doit sa survie qu’à la bienveillance calculée du RDPC, qui lui a cédé quelques sièges pour des raisons de convenance politique. Hors de cette ombre tutélaire, Hors de cette perfusion, Tchiroma n’est rien d’autre qu’un figurant dans le théâtre de la politique camerounaise. Son FSNC se résume à un simple sigle, sans structure solide, sans base militante réelle, sans ancrage profond.

Alors, que Tchiroma cesse de se bercer d’illusions. Que les foules qu’il paye pour remplir ses meetings ne le trompent pas. La foule n’est pas le peuple. Le vacarme médiatique n’est pas l’urne. Ce n’est ni la clameur des micros, ni la frénésie des réseaux sociaux qui feront de lui un président, mais la vérité des urnes, froide, implacable, définitive. Le 12 octobre, ce ne sont pas les caméras qui voteront, mais le peuple camerounais ce peuple qu’il a si souvent pris de haut.

Et qu’on ne s’y trompe pas : la foule n’est pas le peuple. Les mêmes curieux qui remplissent les meetings de Tchiroma sont souvent ceux qu’on retrouve dans les rassemblements de Cabral Libii, Serge Espoir Matomba, Joshua Osih ou même du RDPC. La seule vérité, celle qui ne se manipule pas, se lira dans les urnes le 12 octobre.

Issa Tchiroma ferait donc bien de redescendre de son piédestal d’illusion. Son agitation médiatique ne remplacera jamais l’épaisseur politique. Car la politique, la vraie, ne se mesure ni au bruit ni à la foule, mais à la fidélité des convictions et à la cohérence du parcours.

Bello Bouba Maigari, lui, n’a pas besoin de crier pour exister. Son parcours parle pour lui. Ses élus parlent pour lui. Son humilité parle pour lui. Et c’est peut-être cela que Tchiroma ne supporte pas : que la grandeur tranquille d’un homme efface le vacarme inutile d’un autre.

Et à ce jeu-là, entre Tchiroma et Bello Bouba, le « poids léger » n’est certainement pas celui qu’on croit. À trop vouloir jouer au géant, Issa Tchiroma a fini par se révéler minuscule