Difficile de contester ce titre. Paul Biya incarne, depuis plus de quatre décennies, l’archétype du politicien de la longévité. Son surnom de « sphinx » n’est pas usurpé.
Il est au Cameroun ce que Machiavel appelait le Prince, non seulement parce qu’il détient le pouvoir depuis des décennies, mais parce qu’il a su maîtriser l’art rare de durer. Sa longévité politique, n’est pas une simple inertie : elle est le résultat d’un savant dosage entre ruse, patience et redistribution.
Son atout principal est là : il connaît les règles mieux que quiconque, car il les a lui-même façonnées. Il a domestiqué ses adversaires par la cooptation, épuisé ses challengers par le temps, et réussi à maintenir une stabilité dans un pays où la diversité ethnique, linguistique et culturelle pouvait à tout moment basculer en anarchie.
Sa faiblesse, paradoxalement, est cette même longévité : elle suscite des impatiences, même dans son propre camp. Après quatre décennies, beaucoup aspirent à du sang neuf, et cette durée excessive nourrit le clivage générationnel.
Pour autant, il reste le maître du jeu. Comme un grand joueur d’échecs, il ne se contente pas de faire un coup brillant : il pense vingt coups à l’avance.
Pour ses partisans, il demeure la figure de la stabilité dans un contexte africain marqué par les soubresauts et les incertitudes. Le simple fait que, malgré les crises économiques, les tensions sociales et les pressions internationales, il ait conservé le pouvoir sans effondrement majeur du système, témoigne de son habileté rare.
Dans cette élection, il reste la figure incontournable autour de laquelle gravitent tous les autres…