À quelques semaines de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, le Cameroun exhibe au monde le spectacle le plus honteux de son histoire politique. Ceux qui se targuent d’incarner l’avenir de la Nation apparaissent moins comme des responsables d’État que comme une meute d’affamés masqués par l’ambition — des fugitifs en quête d’une rédemption électorale au rabais.
Ministres démissionnaires trainant derrière eux les casseroles d’une gestion calamiteuse; anciens putschistes, cirés et repeints en « démocrates » de circonstance; députés feymen ayant transformé l’Assemblée en officine du négoce et du clientélisme; acteurs de la société civile éclaboussés par des scandales sexuels et des compromissions indignes — voici le visage offert à la Nation. Voilà la prétendue « alternance » : une galerie d’imposteurs qui se pavanent en prétendants à la dignité d’un peuple qu’ils n’ont cessé de trahir.
Le plus abject n’est pas tant la nature des candidatures que l’aveuglement du système qui les valide. Comme si la République était devenue un champ vague, livré aux aventuriers et aux prédateurs ; comme si la magistrature suprême n’était plus qu’un trophée que l’on brandit après avoir dépecé le bien public. La présidence, jadis sanctuaire de l’honneur national, est désormais piétinée, ravalée au rang d’objet de spéculation pour carriéristes et trafiquants d’influence.
La vérité est brutale et non négociable : le Cameroun est en déchéance morale. Quand le sommet de l’État attire davantage de délinquants politiques que de serviteurs consciencieux, la République vacille. Nous ne sommes plus dans une compétition civique ; nous sommes dans une farce tragique où les médiocres paradent pendant que les citoyens, écœurés, se retirent dans l’abstention complice.
Il faut nommer l’essentiel : ces candidatures sont une insulte et une menace. Elles portent en germe la misère économique, le chaos institutionnel et l’isolement international. Confier le destin du pays à des imposteurs, ce n’est pas seulement faire un mauvais choix : c’est sceller la condamnation collective d’une Nation.
Le 12 octobre 2025 ne doit pas être transformé en foire aux délinquants politiques. Le Cameroun mérite mieux que des aventuriers venus tirer profit de la détresse publique. La présidence doit redevenir un sacerdoce — un service exigeant, sobre et intègre — et non une prime offerte aux plus habiles dans la duplicité.
Aux responsables intègres, aux forces vives, aux citoyens encore fiers : il est temps d’agir avec fermeté civile. Refuser la normalisation de la médiocrité ; exiger la transparence et la vertu publique; reprendre la parole et la rue démocratique pour rappeler que la République n’est pas à vendre. Si nous restons passifs, nous deviendrons les complices silencieux de notre propre déclin.
Il est urgent d’arracher la République des mains de ceux qui la défigurent. Sinon, le Cameroun aura perdu bien plus qu’une élection : il aura perdu l’honneur.