L'artiste Kareyce Fotso dénonce l'ampleur que prennent les cas de viols, de pédophilies et d'incestes au Cameroun.

"Aujourd’hui, on parle de plus en plus de pédophilie et d’inceste. Mais les femmes de ma génération, comme celles plus jeunes et même celles plus âgées, savent très bien qu’au fond de nous petites, nous avons toutes vécu une situation : tentative d’attouchement, tentative de viol ou, pire encore, viol.

Les premières personnes qui ont essayé de nous atteindre n’étaient jamais loin : un oncle, un frère, un voisin, un cousin l’ami du grand frère ou de la grande sœur, un camarade… Parfois même un père.

Celles qui refusent de l’admettre ou d’en parler n’ont peut-être pas encore trouvé la force de briser le silence. Mais nous savons toutes, au fond de nous, que ce mal n’est pas étranger. Il ne vient pas d’ailleurs. Il est tout près : dans nos familles, dans notre entourage.

Nous, mamans et grandes sœurs d’aujourd’hui, avons un devoir primordial: protéger nos enfants, protéger nos petites sœurs.

Cela signifie oser leur parler, lever le tabou, leur dire la vérité : les premiers dangers ne viennent pas toujours de l’extérieur, mais souvent de l’intérieur « Oui, Tonton, l’oncle, le cousin, le voisin… et parfois, plus dur encore à dire, le père. »

Le but n’est pas de semer la peur, mais de trouver les mots justes pour protéger, prévenir et éveiller. Car au Cameroun aujourd’hui, pas un seul jour ne passe sans qu’on apprenne qu’un père a abusé de sa fille, ou de son fils".