La Présidentielle de 2025 présente une opportunité de premier ordre pour ouvrir une transition porteuse de modifications structurales requises pour la relance du Cameroun.
Le régime de Biya qui a mis trop de temps a accumulé des rigidités structurelles trop importantes pour survivre à son auteur, y compris dans l’hypothèse d’un changement avec un autre candidat du RDOC. C’est un système obsolète, épuisé, qui n’offre plus la moindre perspective pour répondre aux défis que lui-même a créés. Et en tout état de cause, du fait même de l’âge de son capitaine, la transition est déjà là, et si elle ne se fait pas explicitement au cours de cette année, du moins est-il temps d’en dessiner les grandes lignes.
Les réformes requises pour remettre le Cameroun sur les rails demandent un Chef d’Etat capable d’une approche systémique des problèmes de la Nation, qui recherche l’essentiel et les causes profondes et s’y focalise, ce qui lui permet d’élaborer un programme qui touche aux problèmes de fond et apportent des solutions définitives et durables.
Un tel Chef d’Etat ne se laisse pas plomber par de petites choses, des opérations et des détails qui relèvent du Gouvernement, des Régions ou des Communes.
A l’observation, nos Ministres-Opposants qu’on veut nous présenter aujourd’hui comme des alternatives à Biya ne font pas partie de cette classe de personnalités : j’ai nommé BELLO BOUBA, TCHIROMA et KAMTO.
En aucun cas, ces individus n’ont fait la moindre preuve d’une posture stratégique dans un problème du Cameroun, se contentant de suivre la mode tout en focalisant leurs efforts pour la conquête du trône à coups d’émotion et de communautarisme politique.
L’une des occasions où un grand homme politique aurait dû exprimer ses capacités d’analyse stratégique est la crise anglophone. Il l’aurait alors anticipée, au vu d’un certain nombre d’éléments, dont les analyses du feu ABOUEM A TCHOYI, et émettre des recommandations au du Gouvernement ou prendre position.
Aucun d’eux ne l’a fait.
Ensuite, quand cette crise est rentrée dans sa phase sanglante, aucun n’a appelé le Gouvernement à envisager la seule réforme capable de la mitiger, à savoir rentrer dans un modèle fédéral éventuellement renouvelé. Ils ont continué à suivre le Gouvernement qui réfléchissait à leur place, confirmant leur myopie stratégique qu’ils masquaient derrière la solution passepartout de la négociation, comme si c’était une innovation.
Bien plus, deux ont tenté de l’instrumentaliser politiquement. D’abord TCHIROMA : alors que le fédéralisme apparaissait comme la solution évidente, lui, dans un accès de zèle absolument hallucinant, il a pris sur lui de menacer les médias qui évoquait le fédéralisme, l’assimilant volontiers à la Sécession ! Et le voilà maintenant devenu subitement fédéraliste !
De son côté, Kamto y a lu une occasion en or pour son désir de conquête du trône à tout prix et à tous les prix, et a tenté de fricoter avec les rebelles sans pour autant les convaincre, face à une absence de vision claire et lucide du problème. Et on a vu ses atermoiements, où ses positions instables ont évolué de la régionalisation jusqu’à un débat qu’il organiserait sur la forme de l’Etat… Tout en égrenant un programme unitaire où il prétend construire les écoles dans tous les arrondissements du Cameroun, un type de centralisation que n’oserait plus avouer la bureaucratie centralisée de Biya !
Belo Bouba lui aussi, sans être totalement converti au fédéralisme propose d’abord des Régions à statut spécial avant un débat éventuel, une hérésie adoptée par Biya et qui a plutôt mis de l’huile sur le feu, les sécessionnistes y lisant une colonisation de second ordre par les Francophones qui viennent leur appliquer les « statuts spéciaux » chers au modèle français ! Admirez la finesse !
On voit bien des gens sans conviction qui flottent dans des positions ambivalentes, traduction d’une incapacité radicale à développer des approches stratégiques devant les principaux défis du Cameroun.
Deux candidats sont au moins clairs dans leur posture: BIYA qui ne veut rien lâcher de son Cameroun unitaire et OSIH qui entend instaurer un Cameroun fédéral. Les deux sont dotés d’une implacable conviction et n’expriment aucun doute qu’ils ont raison. C’est justement cela qu’on attend de vrais hommes politiques. Pas de gens qui surfent avec la mode, hésitent, changent de camp à chaque occasion.
Si j’ai pris la crise anglophone, c’est bien parce que c’est l’un des défis les plus simples : quant aux autres défis, ils ne les connaissent même pas !
Et ce sont ces gens-là qui prétendent remplacer Biya ?
Soyons sérieux !
Quand on voit le programme d’OSIH, on constate bien qu’il a établi un état des lieux du Cameroun dont il a identifié les principaux défis, les obstacles, les enjeux et les principes directeurs des solutions. Puis il a tracé des axes stratégiques qui en fournissent un document cohérent et un programme convaincant. Il comprend là où il veut mener le Cameroun.
Sur le plan du profil, OSIH nous change de ces bureaucrates desséchants, arcboutés dans les procédures et insensibles aux résultats.
Maintenant, on veut entretenir l’illusion d’une coalition qui pourrait vaincre le parti au pouvoir sur la simple logique du « Biya must go ». Cette coalition serait autour d’un candidat originaire du Grand Nord, au regard du nombre d’électeurs de cette partie du pays, et du soutien éventuel de Kamto qui y trouverait une occasion d’assouvir sa vengeance contre son éviction par les instances électorales.
Totalement hallucinant ! On ne peut pas jouer le jeu du pouvoir avec autant d’à-propos !
Tout d’abord, le Grand Nord abrite des communautés disparates qui ne présentent aucune homogénéité politique, bien, au contraire ! Il y a dans cette Zone des postures politiques antagoniques qui suivent des lignes de fracture communautaire. Et il n’y a pas lieu d’espérer une appropriation mécanique de ce vote par un candidat quelconque.
En second lieu, dans l’hypothèse d’un vote ethnique promu par ses adversaires, Biya n’est nullement desservi ! Il part avec un puissant matelas électoral de plus de 25% sur son glacis électoral, et il dispose d’une extraordinaire capacité de pénétration dans toutes les communautés grâce aux postes publics qu’il distribue. Et on le voit aujourd’hui : c’est chaque élite régionale qui multiplie les surenchères en termes de cotisations, pour soutenir sa campagne. Et ceci, même dans les fiefs des Bamiléké et des Fulbé, où par ailleurs, son parti reste largement majoritaire !
On ne voit pas très bien avec quelle magie un tel candidat pourrait battre Biya dans la configuration sociologique actuel, avec une logique tribale qui rend sa victoire inévitable.
J’ai dit et j’ai redit que la seule stratégie qui peut battre Biya est l’agrégation des forces du changement autour d’un programme mobilisateur, dans lequel chaque communauté au Cameroun se retrouve.
Et ce programme est simple: le Partage de l’argent et des postes logés à Etoudi, au travers un modèle fédéral. C’est cela le message de Joshua OSIH.