Il faut de la volonté politique au sommet; je parle bien du sommet. Même si tu es ministre de l’Economie, tu dois obtenir un accord pour rechercher des financements extérieurs pour des projets budgétivores comme la construction des principaux axes comme Kousseri-Mora ou Garoua-Ngaoundere, ensuite que le Président t’habilite par décret à signer ledit accord de crédit… parfois vous tournez en rond, très longtemps même. On revient toujours à la question du sommet !
Si le Grand-Nord est dans l’état qui est aujourd’hui le sien, raison pour laquelle il doit revenir au pouvoir après Paul Biya, c’est d’abord parce que notre développement est une question de volonté politique au sommet. Pourquoi ne construisons-nous pas des routes en direction du Nigeria à partir du Septentrion? Alors que c’est un marché qui est à notre portée et qu’ailleurs dans les régions frontalières de notre pays, se développe une politique d’intégration avec les autres pays voisins par le biais des infrastructures routières. Des routes desservent bien, à partir du Sud, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et même à partir du NoSo, le Nigeria. Qu’en est-il du Septentrion ? Et pourquoi sommes-nous dans cette situation ?
Il y a des manquements imputables à nos élites sur certaines questions, et elles sont nombreuses; il y a chez beaucoup de l’attentisme, une trop grande prudence, un refus de prendre des risques… oui, c’est vrai, mais tout ceci porte sur des questions subsidiaires en raison du fait que nous ne gouvernons pas, nous ne sommes même pas des partenaires associés à la gouvernance. Nous sommes des simples accompagnateurs.
Donc, pour ce qui est de notre situation au sens le plus large, la faute incombe à la politique qui nous est défavorable, et cela touche tous les domaines.
On aurait pu poser également la question au Dircab de Cavaye: qui vote le budget de la Nation ? L’Assemblée nationale évidement ! Cavaye Yeguie, un seul jour, dans un seul discours a-t-il posé publiquement la question aux divers ministres qui se sont succédé aussi bien à l’Economie qu’aux Travaux publics quant à savoir pourquoi les routes Mora-Kousseri, Ngaoundéré - Garoua ne sont-elles toujours pas bitumées ? Il préfère de loin les mises en garde aux opposants, saluer la bonne santé du cacao ou du café…
A-t-il entrepris un véritable plaidoyer comme les députés du Grand-Nord l’avaient fait pour l’ENS de Maroua et si c’est le cas, auprès de qui ? Si la réponse est oui, c’est que c’est sans doute encore auprès du Président. On retombe donc à la case départ : c’est le sommet qui distribue ou redistribue les grands projets de développement. Sur la question des infrastructures routières, notamment de cette importante dorsale qui va de l’Extreme-Nord à l’Adamaoua, tout laisse à croire qu’il y’a une volonté de réduire notre mobilité. D’où à où?
Notre salut, il passe par notre retour au pouvoir pour arrimer cette partie du pays au train du développement national.