L'assassinat de l'homme de média Arsène Mbani Salomon Zogo a été cruel. Le milliardaire Jean-Pierre Amougou Belinga, proche des barons du régime, et son homme de main, Bruno Bidjang, ont toujours été cités dans cette affaire macabre. Le premier se trouve présentement en prison pour avoir été lié au crime et le deuxième est en liberté, gérant quelques affaires du richissime Belinga.
Martinez Zogo, dans ses confidences à Paul Daisy Biya, lui avait dit qu'il allait en découdre, informe un journaliste actif sur la question depuis son apparition. Le confrère fait savoir que quelques temps après, « il avait envoyé des documents compromettants concernant les marchés publics fictifs portant le nom de l'une des sociétés de ce dernier, accompagnés d'une lettre de dénonciation adressée au Consupe au même Paul Daisy Biya ».
Puis, l'entrée en scène de Bruno Bidjang. Paul Daisy Biya, qui voulait aussi jouer à cette époque le rôle de médiateur entre Martinez Zogo et Jean-Pierre Amougou Belinga, avait pour point focal Bruno Bidjang avec qui il échangeait fréquemment sur WhatsApp. C'est comme ça qu'il va lui transférer le document de dénonciation des marchés fictifs.
Bruno Bidjang va répondre : « Tara, laisse-le faire... On a mieux à faire ». Dans son témoignage, Paul Daisy Biya a dit que Bruno Bidjang lui a envoyé un autre message ferme : « Tara, ton type qui a recommencé là, quand on va réagir, ce sera sans pitié ». Un « sans pitié » qui a eu raison de Martinez Zogo. D'où son inculpation dans cette affaire d'assassinat pour « conspiration de torture ». Chef d'accusation qui existe par ce témoignage qui vient de lever le secret avec une question à la clé : Que fait Bruno Bidjang en liberté ?
Un autre nœud du problème, Paul Daisy Biya a transmis un lien dont il avait pris sur le compte Facebook fantôme de Martinez Zogo, avec pour teneur : « Après avoir incarcéré Martinez Zogo, Jean-Pierre Amougou Belinga est en train de planifier son assassinat, ainsi que celui de Paul Chouta, Haman Mana, Dieudonné Mveng, etc ». Plus tard, Martinez Zogo a été assassiné. Paul Chouta et Haman Mana étaient obligés de quitter le pays avec l'aide des organismes de défense et de protection des journalistes.
Malgré ses dénégations à la barre, Bruno Bidjang se heurte à un témoin constant et cohérent. Les échanges, les messages et les avertissements convergent. L’étau se resserre.
Quant à Amougou Belinga, malgré ses tentatives de diversion et d'autojustification, son nom demeure indissociable de la chaîne d'événements qui a précédé la mort du journaliste. Surtout que Justin Danwe, le chef du commando ayant enlevé et assassiné Martinez Zogo, a affirmé plusieurs fois qu'il avait reçu une avance de 2 millions de francs CFA d'Amougou Belinga pour « donner une leçon à Martinez Zogo ».
Le même Danwe avait affirmé s'être personnellement rendu à l'immeuble Ekang pour remettre les vidéos des sévices infligés au journaliste à Amougou Belinga. Une version reconnue par la secrétaire du PDG du groupe l'Anecdote qui avait par ailleurs ajouté que c'est elle qui avait paramétré l'iPhone dans lequel Amougou Belinga a reçu ces vidéos. Toujours selon Justin Danwe, après avoir reçu lesdites vidéos, Amougou Belinga lui a dit que c'est comme ça que Martinez devait finir et qu'il devait les transmettre au ministre Motaze qui se sera sans doute très content et le récompensera.
Ces témoignages ne livrent pas toute la vérité, mais ils éclairent une zone sombre où menaces, influence, instructions et silence semblent avoir scellé le destin de Martinez Zogo.









