Alors que les appels à la désobéissance civile et aux "villes mortes" se multiplient après les élections présidentielles contestées, le ministère des Transports organise une concertation avec les acteurs du secteur pour maintenir l’activité économique. Une initiative perçue comme une tentative de contrer le mouvement de protestation.
Dans un contexte marqué par des tensions politiques croissantes et des appels répétés à la désobéissance civile, le ministère camerounais des Transports a annoncé, dans un communiqué en date du 3 novembre 2025, la tenue d’une concertation urgente avec les présidents nationaux des organisations socioprofessionnelles des transporteurs et conducteurs routiers. Cette réunion, prévue pour le mardi 4 novembre 2025 à 11 heures précises, se tiendra dans la salle de conférences du cabinet du ministre.
Cette initiative intervient alors que le Cameroun traverse une période de crise politique, marquée par des contestations massives des résultats de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Les appels à des "villes mortes" – une forme de protestation consistant à paralyser les activités économiques – se sont multipliés, notamment de la part de l’opposition, qui dénonce des fraudes électorales et réclame la libération des prisonniers politiques.
Le ministère des Transports, en convoquant les acteurs clés du secteur des transports, semble vouloir maintenir une activité économique minimale malgré les perturbations. Certains observateurs y voient une stratégie pour affaiblir l’impact des "villes mortes", en s’assurant que les transporteurs, acteurs essentiels de la mobilité et de l’économie informelle, ne se joignent pas au mouvement de protestation.
Le communiqué du ministère précise que "l’ordre du jour sera communiqué séance tenante", laissant planer un mystère sur les véritables objectifs de cette réunion. Cette opacité a suscité des interrogations parmi les transporteurs et les observateurs, certains y voyant une manœuvre politique pour mobiliser le secteur contre les mouvements de contestation.
Pour Ngalle Bibehe, ministre des Transports, cette concertation pourrait être une occasion de rappeler les transporteurs à leur rôle dans la stabilité économique du pays, tout en les incitant à ne pas participer aux "villes mortes". Une source proche du ministère a indiqué, sous couvert d’anonymat, que cette réunion vise à "trouver des solutions pour assurer la continuité des activités économiques, malgré les perturbations politiques".
Cette initiative s’inscrit dans un contexte politique tendu, où l’opposition, menée par des figures comme Issa Tchiroma Bakary, conteste farouchement les résultats électoraux et appelle à des actions de résistance pacifique, dont les "villes mortes". Le régime, de son côté, semble déterminé à limiter l’impact de ces protestations, en mobilisant les acteurs économiques clés.
Les "villes mortes" sont une arme puissante dans l’arsenal des opposants camerounais. En paralysant les activités économiques, elles exercent une pression considérable sur le gouvernement. La réunion du 4 novembre pourrait donc être une tentative de contre-offensive, visant à neutraliser l’un des leviers de pression de l’opposition.
Les réactions à cette annonce sont partagées. Certains transporteurs, contactés par nos soins, ont exprimé leur méfiance envers cette initiative, qu’ils perçoivent comme une manipulation politique. "On nous convoque pour nous dire quoi ? Que nous devons travailler alors que le pays est en crise ? Nous aussi, nous avons nos revendications", a déclaré un conducteur de taxi à Yaoundé.
D’autres, en revanche, estiment que cette concertation pourrait être une opportunité pour faire entendre leurs doléances, notamment en matière de conditions de travail et de sécurité routière, souvent négligées par les autorités.
La concertation du 4 novembre 2025 s’annonce comme un moment clé dans la gestion de la crise post-électorale au Cameroun. Alors que le pays est divisé entre partisans du régime et opposants déterminés, cette réunion pourrait soit apaiser les tensions en offrant des perspectives aux transporteurs, soit exacerber les frustrations si elle est perçue comme une instrumentalisation politique.









