Dans une déclaration solennelle, Maurice Kamto renonce à toute consigne de vote et confie aux électeurs la responsabilité du choix, bouleversant les attentes de ses partisans.
Dans une vidéo de onze minutes diffusée sur sa page Facebook, Maurice Kamto est apparu vêtu d’une gandoura bleue, un choix vestimentaire hautement symbolique qui évoque le septentrion. Ce détail, interprété par beaucoup comme un signe de rapprochement avec Issa Tchiroma Bakary, candidat du FSNC, a pourtant précédé une annonce qui a pris de court l’ensemble de ses partisans. « Face à l’échec de l’unité de l’opposition, le Pr Maurice Kamto renonce à imposer un choix et appelle chaque camerounais à voter librement, en son âme et conscience, lors de la présidentielle du 12 octobre 2025 », a-t-il déclaré.
Ce renoncement à toute directive électorale intervient après plusieurs semaines de consultations infructueuses avec les principaux leaders de l’opposition. Kamto avait lancé, le 16 septembre, un appel à l’union des onze candidats en lice, espérant une coalition autour des figures du Grand Nord, notamment Issa Tchiroma et Bello Bouba Maïgari. « Une telle démarche était, à mon sens, susceptible d’enclencher une dynamique populaire nationale », a-t-il affirmé.
Il a rencontré sept des onze candidats, y compris les plus influents, et tenté de rapprocher les camps du FSNC et de l’UNDP. Mais l’engagement tardif des deux leaders du septentrion et l’absence de préparation suffisante ont compromis toute chance de victoire unifiée. « Il y a donc lieu de faire le constat suivant », a poursuivi Kamto.
« L’absence d’une coalition de candidats, même limitée, avec les deux candidats du Grand Nord, capable de fédérer les moyens et de créer une dynamique populaire puissante en mesure d’assurer la victoire du peuple à l’élection présidentielle prochaine. L’existence de profondes divisions au sein de la population, en particulier parmi les soutiens des candidats de l’UNDP et du FSNC. La perspective d’un éparpillement des voix susceptible de compromettre sérieusement les chances de victoire d’un candidat de l’opposition ».
Abstention et dispersion de voix En conséquence, Maurice Kamto et l’Alliance politique pour le changement (APC) ont décidé de ne pas soutenir de candidat. « Il convient de laisser à chaque électeur la responsabilité pleine et entière de voter librement, en son âme et conscience », conclut-il. Cette position, saluée par certains comme un acte de maturité politique, a néanmoins semé le trouble parmi ses sympathisants.
Beaucoup espéraient un soutien explicite à Issa Tchiroma Bakary, considéré comme le candidat le plus à même de fédérer les voix du changement. Le 28 septembre, Maître Emmanuel Simh, cadre influent du MRC, a rencontré Tchiroma et publié un message sur son compte Facebook, « Issa Tchiroma est le vote utile. Alors je voterai pour lui. En âme et conscience. Et je ferai campagne pour lui ».
Selon plusieurs observateurs, cette absence de consigne pourrait favoriser l’abstention ou la dispersion des voix, une situation qui profiterait mécaniquement au président sortant Paul Biya et au RDPC. À deux semaines du scrutin, l’opposition entre en campagne sans figure unificatrice. Maurice Kamto, en se retirant, a peut-être redonné au peuple ce que la politique lui avait confisqué : le pouvoir de choisir. Le 12 octobre, chaque voix comptera. Et cette fois, elle sera guidée non par un mot d’ordre, mais par une conscience éveillée.