Selon des sources proches du palais présidentiel, le rejet de la candidature de Maurice Kamto ne serait pas le fruit du hasard juridique, mais d'une stratégie mûrement réfléchie. Des informations exclusives révèlent que Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR), aurait conseillé dès 2024 au président Paul Biya d'empêcher "par tous les moyens" une candidature de l'ancien leader du MRC, estimant que c'était "la seule façon d'assurer sa réélection en 2025". Une recommandation qui aurait reçu l'aval présidentiel.
À la lumière de ces révélations, le motif de "pluralité d'investitures" invoqué par ELECAM puis confirmé par le Conseil constitutionnel prend une dimension nouvelle. Ce qui apparaissait comme un problème technique lié aux rivalités internes au Manidem entre Maurice Kamto et Dieudonné Yebga pourrait en réalité masquer une volonté politique délibérée d'écarter le principal opposant. L'audience tendue du 4 août au Palais des Congrès, marquée par les plaidoiries passionnées de Me Moustapha Ngouana et les protestations d'Anicet Ekane dénonçant un "mauvais théâtre", prendrait ainsi un éclairage particulier. Les arguments juridiques développés par les avocats de Kamto, qui affirmaient avoir "démontré qu'il ne pouvait pas y avoir d'investitures multiples", se heurtaient peut-être à une décision déjà prise en haut lieu.
Si ces informations se confirmaient, l'exclusion de Maurice Kamto s'inscrirait dans une logique de neutralisation préventive de l'opposition. Le timing de cette supposée décision - prise dès 2024 - suggère une anticipation stratégique des enjeux électoraux de 2025. Cette révélation expliquerait également pourquoi les manifestations du 4 août aux abords du Palais des Congrès ont été si sévèrement réprimées par les forces de l'ordre, avec usage de gaz lacrymogènes et arrestations de militants. L'interdiction de retransmission télévisée des audiences par le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana, malgré la demande de la CRTV, pourrait aussi s'inscrire dans cette volonté de limiter la publicité autour d'une procédure dont l'issue aurait été prédéterminée.
Ces allégations soulèvent de nombreuses interrogations sur l'indépendance réelle des institutions électorales camerounaises. Comment expliquer que le juge rapporteur Aaron Logmo Mbeleck ait recommandé le rejet "pur et simple" de toutes les candidatures Manidem ? Pourquoi le Conseil constitutionnel a-t-il refusé de s'immiscer dans les "affaires internes des partis politiques" concernant le Manidem, alors qu'il l'a fait pour d'autres formations ? Et surtout, comment Maurice Kamto et ses partisans réagiront-ils à ces révélations qui, si elles s'avéraient exactes, confirmeraient leurs accusations de "hold-up électoral" ? Avec douze candidats désormais officiellement en lice pour la présidentielle du 12 octobre, la campagne électorale s'annonce plus que jamais sous le signe de la controverse et des interrogations sur la sincérité du processus démocratique au Cameroun.