Le diocèse de Mamfe, niché dans le Sud-Ouest camerounais, pleure l’un de ses valeureux soldats de la foi. Le Révérend Père Carol Tchinda Nguito, curé de la paroisse Saint Matthias à Tabongkwa, n’a pas succombé à la paresse pastorale: c’est en service commandé, entre deux bastions missionnaires, qu’il a trouvé une fin tragique.

Le 31 juillet 2025, en plein exercice évangélique, une rivière en colère a décidé de le convertir, non sans violence, aux réalités de l’au-delà.

Les fidèles de Mbao à Ekwenzu attendaient une homélie, c’est un silence de torrent qui les a accueillis. Pendant deux jours, l'Église a retenu son souffle, espérant un miracle. Et puis, ce samedi 2 août, la nature a rendu ce qu’elle avait pris : le
corps du prêtre a été retrouvé. Pas une résurrection, mais une conclusion.

Le diocèse, sous la houlette de Monseigneur Aloysius Abangalo Fondong, a vite transformé l’attente en supplication collective. Le chancelier, Père Blaise
Njikang Ewang, a joué le rôle de porte-voix céleste en lançant un appel à la prière dès le 1er août. Un SOS liturgique, pour tenter de faire barrage à la force du courant. Las, ce ne fut pas suffisant pour renverser le décret des flots. Ce drame jette une lumière crue sur la mission pastorale dans les zones enclavées : là où les routes s’arrêtent, les prêtres marchent, souvent à leurs risques et périls, armés de foi et de sandales. Le Père Carol, lui, est tombé les bottes aux pieds — ou plutôt les pieds dans l’eau.

L’Église perd un homme de terrain. Les rivières, elles, gagnent une triste réputation de recruteuses silencieuses. Et pendant que les prières montent, l’évêque pleure un curé et le ciel accueille un serviteur.