Après le rejet de sa candidature par ELECAM, l'opposant peut encore tenter un recours devant la plus haute juridiction du pays. Une démarche aux chances de succès très limitées selon les observateurs.
Le suspense n'est pas totalement terminé pour Maurice Kamto. Bien qu'ELECAM ait rejeté sa candidature à l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, l'opposant camerounais dispose encore d'un ultime recours : saisir le Conseil Constitutionnel dans les 48 heures suivant la publication officielle de la liste des candidats retenus.
Conformément aux dispositions du code électoral camerounais, tout candidat éconduit par ELECAM peut contester cette décision devant le Conseil Constitutionnel. Cette procédure d'urgence impose cependant un délai particulièrement serré : deux jours seulement à compter de la publication officielle de la liste, soit jusqu'au lundi 28 juillet à minuit.
L'équipe juridique de Maurice Kamto dispose donc d'un temps très limité pour constituer un dossier de recours et argumenter juridiquement contre les motifs invoqués par ELECAM pour justifier l'exclusion de leur candidat.
Dans son éventuel recours, Maurice Kamto pourrait notamment contester la légitimité de la modification nocturne opérée sur le site du ministère de l'Administration territoriale, qui avait substitué Dieudonné Yebga à Anicet Ekane comme président du Manidem.
Cependant, connaissant le terrain politique et juridique camerounais, les chances de voir ce recours aboutir apparaissent particulièrement minces. Le Conseil Constitutionnel, présidé par Clément Atangana, n'a jamais remis en cause une décision d'ELECAM concernant l'exclusion d'un candidat d'opposition majeur.
Les précédents jurisprudentiels montrent une tendance constante de cette institution à valider les décisions de l'organe électoral, particulièrement lorsque celles-ci concernent des figures politiques susceptibles de représenter une alternative crédible au pouvoir en place.
Cette procédure de recours, bien que prévue par la loi, s'apparente souvent à un exercice de pure forme dans le contexte camerounais. Les observateurs de la scène politique nationale soulignent régulièrement l'alignement systématique du Conseil Constitutionnel sur les positions du pouvoir exécutif.
"Kamto va probablement saisir le Conseil Constitutionnel par principe, pour épuiser tous les recours légaux disponibles", analyse un spécialiste du droit électoral camerounais. "Mais personne ne se fait d'illusions sur l'issue de cette démarche."
Au-delà de l'aspect purement juridique, ce recours revêt une dimension politique importante. Il permettrait à Maurice Kamto de démontrer qu'il a utilisé tous les moyens légaux à sa disposition, renforçant ainsi sa posture de victime d'un système électoral partial.
En cas de rejet prévisible par le Conseil Constitutionnel, l'opposant pourrait également dénoncer plus facilement l'instrumentalisation de la justice camerounaise et remettre en cause la légitimité de l'ensemble du processus électoral.
Les 48 heures à venir s'annoncent donc cruciales pour l'avenir politique de Maurice Kamto et, plus largement, pour l'image démocratique du Cameroun sur la scène internationale.