Actualités of Sunday, 29 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Violente mise en garde contre les « transfuges » du régime Biya

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L'analyste politique lance un avertissement cinglant aux candidats issus du pouvoir : « Il faut d'abord qu'ils assument leur part de responsabilité » avant de prétendre incarner l'alternance.



Le débat politique camerounais vient de prendre une nouvelle tournure avec les déclarations fracassantes d'Hassan Fouapon sur le plateau du Grand Débat de Cam 10 télévision. L'analyste politique, réputé pour ses prises de position tranchées, a livré une charge sévère contre les récents candidats issus des rangs du gouvernement, visant particulièrement Issa Tchiroma Bakary, sans pour autant le nommer explicitement.


« Quelqu'un qui a été employé par un gouvernement, par un régime, pendant plusieurs années, est fondamentalement comptable de ce qui s'y passe », a déclaré Hassan Fouapon, plantant d'emblée le décor d'une critique qui ne souffre aucune complaisance. Pour l'analyste, ces figures politiques qui se repositionnent aujourd'hui en opposants n'échappent pas à leur responsabilité dans le bilan du régime qu'ils servaient hier encore.

Cette sortie intervient dans un contexte de multiplication des candidatures issues de l'ancien sérail gouvernemental. Après la démission retentissante d'Issa Tchiroma Bakary du ministère de l'Emploi et l'annonce de sa candidature présidentielle, suivie de près par la rupture de Bello Bouba Maïgari avec le RDPC, les défections se multiplient au sein de l'appareil d'État.

Hassan Fouapon ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'analyser les motivations de ces reconversions politiques soudaines. « Il a soit fait la sourde oreille, soit contribué lui-même à ce que les choses ne marchent pas bien », assène-t-il, questionnant la sincérité de ces candidatures tardives.

Cette critique vise directement la crédibilité de personnalités comme Issa Tchiroma Bakary, qui après des années de loyauté au régime Biya, se pose aujourd'hui en artisan du changement. L'ancien ministre de l'Emploi, qui fut également porte-parole du gouvernement, incarne parfaitement cette figure du « transfuge » politique que dénonce Fouapon.

Pour l'analyste, la condition sine qua non de toute reconversion politique réside dans la reconnaissance des erreurs passées. « Il faut d'abord montrer qu'il est sincère, qu'il assume sa part de responsabilité », martèle-t-il, établissant une sorte de préalable moral à toute candidature d'ancien membre du gouvernement.

Cette exigence de "repentance" politique soulève des questions fondamentales sur la nature de l'alternance démocratique au Cameroun. Peut-on incarner le changement quand on a été partie prenante du système que l'on critique ? Cette interrogation traverse aujourd'hui tout le débat politique national.

Hassan Fouapon pousse son analyse plus loin en s'attaquant aux stratégies d'alliance qui se dessinent autour de ces nouveaux candidats. « Je vois des gens parler d'une mutualisation autour de ces personnes qui ont dealé avec le régime hier et qui, aujourd'hui, ont démissionné », observe-t-il avec une pointe d'ironie.

Cette référence aux tentatives de rassemblement autour des transfuges du pouvoir traduit une inquiétude : celle de voir l'opposition authentique phagocytée par des opportunistes politiques. L'analyste redoute que ces ralliements de dernière minute ne diluent la force contestataire de l'opposition historique.

« Il faut faire attention : ce sont des gens qui doivent être sérieusement encadrés, parce que la constance est l'un des critères de la crédibilité en politique », prévient Hassan Fouapon. Cette mise en garde s'adresse autant aux électeurs qu'aux formations politiques tentées par ces alliances de circonstance.

L'accent mis sur la « constance » comme critère de crédibilité politique résonne particulièrement dans le contexte camerounais, où les retournements d'alliance et les conversions opportunistes ont souvent marqué les échéances électorales.

Les questions soulevées par Hassan Fouapon trouvent un écho particulier dans l'actualité politique. Issa Tchiroma Bakary, qui vient de publier un manifeste de 20 pages dénonçant un système « à bout de souffle », était jusqu'à récemment l'un des visages de ce même système. Comment expliquer cette métamorphose soudaine ?

« Quand quelqu'un change de camp à quelques mois d'une élection, on est en droit de s'interroger sur ses véritables motivations », confie un observateur politique. Cette interrogation légitime traverse aujourd'hui une partie significative de l'opinion publique camerounaise.

Cette critique de Hassan Fouapon intervient à un moment charnière de la recomposition du paysage politique camerounais. Alors que l'opposition traditionnelle espérait capitaliser sur les difficultés du régime, l'émergence de ces candidatures "dissidentes" pourrait rebattre les cartes électorales, particulièrement dans le septentrion.

L'analyste semble redouter que ces nouvelles candidatures ne viennent brouiller le message de l'alternance et ne facilitent, in fine, la réélection du candidat du pouvoir en divisant les voix contestataires.

Les propos d'Hassan Fouapon ouvrent un débat de fond sur la nature de l'alternance démocratique au Cameroun. Faut-il privilégier la pureté idéologique ou accepter que le changement puisse venir de l'intérieur du système ? Ces questions accompagneront probablement toute la campagne électorale à venir.