Dans un contexte où les tensions entre le Ministère des Sports et de l'Éducation Physique (Minsep) et la Fédération Camerounaise de Football (Fécafoot)

continuent de faire les gros titres, une voix discordante s'est élevée pour questionner la pertinence de ces débats. Invité sur le plateau de l'émission "Tour d'horizon" de Vision 4, le politologue Martial Owona n'a pas mâché ses mots concernant ce qu'il considère comme une distraction nationale.

Visiblement exaspéré par les discussions incessantes autour du conflit impliquant Marc Brys, Samuel Eto'o et les différentes instances du football camerounais, Martial Owona a interpellé directement les téléspectateurs : « Vos histoires de Lions Indomptables – Minsep – Fécafoot, ça nous apporte quoi, même ? »

Cette sortie musclée intervient alors que la saga du football camerounais continue de monopoliser l'espace médiatique, avec des rebondissements quotidiens entre le sélectionneur belge Marc Brys, nommé par le ministère, et Samuel Eto'o, président de la Fécafoot, qui conteste cette nomination.

Le politologue a mis en perspective ce qu'il considère comme les véritables priorités des Camerounais : « Les Camerounais ont mieux à faire », a-t-il affirmé avec conviction, rappelant que la majorité de ses compatriotes sont davantage préoccupés par leur survie économique que par ces querelles institutionnelles.

« La seule chose qui peut réunir les Camerounais à l'heure actuelle, c'est la possibilité pour chacun d'avoir un petit quelque chose à se mettre sous la dent. "Brys a dit ceci, la Fécafoot a dit cela…" Ça nous apporte quoi ? », a-t-il martelé, résumant ainsi le décalage qu'il perçoit entre les sujets médiatiques et les réalités quotidiennes.

L'intervention de Martial Owona fait écho à une théorie qui gagne du terrain dans l'opinion publique camerounaise : celle d'une instrumentalisation des querelles sportives à des fins politiques. « En cette année électorale, tout comme Martial Owona, plusieurs estiment qu'il s'agit de diversion », souligne notre analyse.

Cette hypothèse prend d'autant plus de poids que les prochaines échéances électorales approchent et que le gouvernement fait face à de nombreux défis socio-économiques. La crise du football national pourrait ainsi servir à détourner l'attention des problématiques plus sensibles comme le chômage, l'inflation ou les difficultés d'accès aux services de base.

Si la sortie de Martial Owona a été applaudie par certains observateurs qui y voient un rappel nécessaire des priorités nationales, d'autres considèrent que le football, en tant que passion nationale, mérite toute l'attention qu'on lui porte.

« Le football est l'un des rares ciments de notre nation. On ne peut pas balayer d'un revers de main les problèmes qui l'affectent », a réagi Jules Wabo, analyste sportif, contacté par notre rédaction.
Du côté des supporters, les avis sont également partagés. « Je comprends ce que dit Owona, mais les Lions Indomptables, c'est notre fierté. On ne peut pas être indifférents à ce qui se passe », confie Albert Ngono, président d'un club de supporters à Douala.

La polémique entre le Minsep et la Fécafoot, qui dure depuis plusieurs semaines, ne semble pas près de s'éteindre malgré l'exaspération grandissante d'une partie de l'opinion publique.

Pendant ce temps, les Lions Indomptables se préparent pour leurs prochaines échéances sportives dans un climat d'incertitude, avec deux fédérations parallèles et deux staffs techniques qui revendiquent chacun la légitimité.