Actualités of Monday, 5 May 2025

Source: www.camerounweb.com

Un citoyen intrépide formule des exigences claires à Paul Biya

Trop, c’est trop. Il est temps que le septentrion se réveille. Lazare Kolyang, ancien chef de Desk de la South Media Corporation (SMC)

Pour les régions du Littoral et du Sud-Ouest. Depuis plus de quarante ans, les populations des régions septentrionales du Cameroun – l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord – ont toujours accordé leur confiance et leur soutien politique au président Paul Biya et au Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). À chaque échéance électorale, elles se sont mobilisées, massivement, fidèlement. Mais qu’ont-elles récolté en retour ? Silence, abandon, mépris. Le septentrion est devenu le symbole vivant de l’injustice territoriale : des routes en ruines, des infrastructures absentes, une économie dévastée, une jeunesse sacrifiée. À quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025, alors que certains s’apprêtent encore à chanter des louanges au « candidat naturel », et à organiser une grande marche de soutien à Maroua le samedi 10 mai 2025, il est temps de regarder la vérité en face.

Routes : des pièges mortels plutôt que des liens de développement

Le tronçon Ngaoundéré-Garoua, tout comme les routes Mora-Kousseri, Tibati-Banyo ou Ngaoundéré-Tignère, sont des pièges mortels. Pas plus tard que récemment, le président Cabral Libii a failli y laisser sa vie, un véhicule de son cortège ayant fait tonneau sur cette voie cauchemardesque. À Maga, la digue-route censée protéger les populations est devenue un cauchemar à chaque saison de pluies. Dans le Mayo-Danay, le Logone-et-Chari, le Mayo-Tsanaga et même le Diamaré, les inondations emportent maisons, récoltes et vies humaines, dans l’indifférence des autorités.

Famine, souffrance, abandon

Pendant que les produits alimentaires pourrissent dans les champs du Sud, le prix du mil flambe à 40.000 FCFA dans le Nord. Où est l’Office céréalier ? Où est le ministère du Commerce ? Où sont les communes, les régions ? La SEMRY, jadis fierté agricole, est aujourd’hui à l’agonie, abandonnée au profit des importations asiatiques. Pourtant, avec un peu de volonté, elle pourrait être le cœur d’une révolution agricole locale, capable d’endiguer la famine chronique.

Pauvreté dans l’eau, l’éducation et l’industrie

Le président Paul Biya avait promis des milliers de forages lors de son dernier septennat. Où sont-ils ? Les enfants, les femmes, les bêtes marchent toujours des kilomètres entiers à la recherche d’eau. À la tombée de la nuit, nos villages restent plongés dans l'obscurité, nos enfants incapables d'étudier, nos écoles sans enseignants qualifiés, nos lycées relégués aux dernières places dans les classements nationaux.

Industries abandonnées, richesses méprisées

Le pétrole de Logone-Birni, la bauxite de Mini-Martap, le blé de Wasandé, la tannerie artisanale de Maroua… tant de richesses ignorées ! Seules subsistent quelques unités comme la SODECOTON, qui décourage aujourd’hui les producteurs, faute de prix justes et d’accompagnement, ou la CICAM, moribonde. Et pourtant, les opportunités sont là, prêtes à créer des emplois, prêtes à transformer nos régions.

Alors, pourquoi ce mutisme ?

Pourquoi des populations qui souffrent autant s’apprêtent-elles à acclamer encore leur bourreau ? Pourquoi des élites qui voient la misère grandissante se contentent-elles de titres honorifiques, de postes de prestige, sans jamais élever la voix pour leurs frères et sœurs ?

L’heure est à la prise de conscience

Nous lançons un appel solennel aux populations du septentrion, à ses jeunes, à ses femmes, à ses leaders religieux, à ses intellectuels, à ses agriculteurs, à sa diaspora. Réveillons-nous ! Il ne s’agit plus seulement de dénoncer, mais de revendiquer : nos droits, notre dignité, notre développement.

Nos exigences

Des routes praticables dans toutes les régions ; l’accès à l’eau potable pour tous ; un véritable programme de relance agricole au profit de nos producteurs locaux ; la valorisation des richesses minières et artisanales ; des enseignants et infrastructures scolaires dignes ; la lumière dans nos villages ; la fin de l’inflation alimentaire orchestrée par la spéculation.

Ne nous donnez pas des postes, donnez-nous de quoi vivre

Ministres, directeurs généraux, préfets, sénateurs, maires… Gardez vos fauteuils, mais donnez-nous de l’eau, des routes, de la nourriture, de l’électricité et de l’espoir. En octobre 2025, le peuple aura encore une fois la parole. Cette fois, qu’il parle pour lui-même, et non pour maintenir une illusion.