Venant Mboua fait la leçon à Dieudonne Essomba, un titre de Benjamin Zebaze sur les réseaux sociaux. L’auteur relaie les propos directs lancés par Mboua à la figure de l’économiste et statisticien Essomba.

Il faut dire la vérité aux gens. Ce sont les élites administratives et militaires Béti qui ont commencé le "c'est notre tour maintenant", dès 1983. Et elles y sont toujours.

Ces gens ont mis une pression terrible sur leur "frère" Biya, pour qu'il chasse tous les "nordistes" qui occupaient les postes "juteux" au sein de l'administration et de l'armée.

Ce harcèlement est l'une des causes directes du coup d'État manqué du 6 avril 1984. Exacerbés, les jeunes officiers nordistes, sans réel coordination, avaient décidé de prendre le pouvoir. Après l'échec du putsch, les officiers supérieurs auteurs de "c'est notre tour", ont procédé à la liquidation de l'élite militaire et administrative nordiste, sans retenue, sous les yeux d'un Biya impuissant, devenu leur otage.

C'est dans le cadre de ce "nettoyage" que les Issa Tchiroma, Dakolé Daissala, se sont retrouvés en prison. Pour rien ! Ils ne peuvent pas vous dire les tortures qu'ils ont subies.

Certains sudistes jugés trop proches du camp ahidjoiste et dont on convoitait les postes aussi. Exemple : Niat Njifenji, alors PDG de la Sonel (actuel Eneo). N'ti Dieudonné Essomba le sait. Si non, dites-le-lui !

J'ai publié, en avril 2004, un numéro des Cahiers de mutations qui a donné la parole à plusieurs survivants de cette purge. Je ne fais pas ce rappel pour stigmatiser l'élite Béti non concernée, je dénonce celle qui a créé cet imbroglio que les "nordistes" n'ont jamais oublié.

En effet, Issa Tchiroma a été fait prisonnier, lui qui fut arrêté en avril 1984 et incarcéré pendant 6 ans à la prison de Yoko, sans jugement, en raison de soupçons de liens avec le putsch manqué contre Paul Biya, lié à ses origines du nord du Cameroun. Cette expérience a été douloureuse pour lui, mais a forgé son caractère et sa détermination.