Actualités of Tuesday, 30 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Depuis son exil en Gambie, l'opposant camerounais Issa Tchiroma Bakary résiste aux offres successives du pouvoir de Yaoundé. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, la présidence lui aurait proposé un véritable empire administratif : neuf portefeuilles ministériels, seize postes dans la haute administration et plusieurs nominations diplomatiques. Toutes ces offres ont été déclinées.
La crise post-électorale camerounaise se joue désormais dans les coulisses d'une négociation marathon dont Jeune Afrique révèle aujourd'hui l'ampleur insoupçonnée. Loin des déclarations officielles, la présidence camerounaise multiplie les tentatives pour convaincre Issa Tchiroma Bakary d'intégrer un gouvernement d'union nationale. Mais l'ancien ministre devenu opposant campe sur ses positions.
Selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, Yaoundé aurait franchi un cap inédit dans ses propositions. Neuf ministères, seize postes stratégiques dans la haute administration pour ses proches, ainsi que plusieurs ambassades à l'étranger : l'offre globale représente un véritable partage du pouvoir exécutif. Une proposition qui témoigne à la fois de l'urgence ressentie par le régime et de l'importance accordée à la figure de Tchiroma Bakary dans la résolution de la crise.
"Ces chiffres révélés par Jeune Afrique montrent l'ampleur des concessions que Yaoundé est prêt à faire", analyse un observateur de la scène politique camerounaise. "Jamais un opposant n'avait eu droit à une telle offre dans l'histoire politique récente du Cameroun."
Mais toutes ces propositions se sont heurtées à un refus systématique. Tchiroma Bakary, comme le rapporte Jeune Afrique, ne veut qu'une chose : le "respect de la vérité des urnes". L'opposant maintient sa revendication de victoire lors de la présidentielle du 12 octobre face au président Paul Biya. Pour lui, accepter un poste ministériel équivaudrait à légitimer un scrutin qu'il conteste fermement.
Cette intransigeance complique considérablement la sortie de crise. D'autant que, selon Jeune Afrique, les pressions diplomatiques s'intensifient. La France et le Nigeria poussent activement pour une solution négociée. Le président Emmanuel Macron et le vice-président nigérian Kashim Shettima auraient même évoqué le dossier camerounais lors du G20 organisé récemment en Afrique du Sud.
Face à l'échec des négociations, Yaoundé a changé de tactique, comme le révèle Jeune Afrique. La présidence camerounaise aurait adressé un message ferme à la Gambie, pays d'accueil de Tchiroma Bakary, invoquant le principe de non-ingérence. Résultat : l'opposant s'astreint désormais à une certaine réserve, ne s'exprimant publiquement que le 15 et le 25 décembre.
Toutefois, Jeune Afrique indique que malgré cette pression, Tchiroma Bakary a effectué au moins deux déplacements à l'étranger récemment, dont un séjour de quelques jours à Abidjan début décembre. Aucun mandat d'arrêt international n'aurait été émis contre lui par Yaoundé, malgré les menaces. Le seul acte connu reste un signalement à Interpol au Nigeria, resté sans suite.
Entre marchandage politique et stratégie d'isolement, le bras de fer se poursuit. Et selon toute vraisemblance, le remaniement gouvernemental tant attendu reste suspendu à l'issue de cette partie d'échecs diplomatique dont Jeune Afrique continue de dévoiler les subtilités.