Actualités of Thursday, 7 August 2025
Source: www.camerounweb.com
Né en 1986 dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, Seta Caxton Ateki représente une nouvelle génération de leaders camerounais. Âgé de 39 ans, il incarne le renouveau politique face à un système dominé depuis plus de quatre décennies par Paul Biya. Sa formation académique solide témoigne d'un parcours intellectuel rigoureux, avec une licence en Histoire obtenue à l'Université de Buéa, suivie d'un master en Relations Internationales de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC). Il poursuit actuellement ses études doctorales dans une université étrangère prestigieuse, approfondissant son expertise en gouvernance et développement.
Cette formation pluridisciplinaire lui confère une compréhension fine des enjeux historiques, diplomatiques et institutionnels du Cameroun. Son passage par l'IRIC, institution de référence en Afrique centrale pour les relations internationales, lui a permis d'acquérir une vision géostratégique qui transparaît aujourd'hui dans son programme politique.
Parcours professionnel et engagement civil
Avant son entrée en politique, Ateki s'est distingué comme fondateur et directeur exécutif de NewSETA (Network for Solidarity, Empowerment and Transformation for All), une organisation non gouvernementale reconnue nationalement. Cette structure, qu'il a bâtie de toutes pièces, s'est imposée comme un acteur majeur de l'autonomisation des jeunes et de la promotion de la gouvernance inclusive au Cameroun.
Sous sa direction, NewSETA a développé l'initiative REPAIR, un programme intensif qui a formé plus de 10 000 jeunes camerounais aux questions de leadership, de démocratie et d'engagement civique. Cette initiative témoigne de sa capacité à concevoir et mettre en œuvre des projets d'envergure nationale, créant un vivier de citoyens conscients et participatifs.
Son engagement s'étend bien au-delà des frontières camerounaises. Lauréat de la prestigieuse Hurford Youth Fellowship en 2016, il a contribué à la création de l'African Movement for Democracy, réseau panafricain de promotion démocratique. Ses voyages dans plus de 36 pays lui ont permis de tisser des partenariats stratégiques et d'importer des idées novatrices pour la transformation nationale.
Entrée en politique
La transition d'Ateki de la société civile vers la politique s'est concrétisée le 12 juillet 2025, lorsque le Parti de l'Alliance Libérale (PAL) l'a désigné comme candidat présidentiel lors d'un congrès extraordinaire. Cette nomination revêt une dimension historique puisqu'il devient le premier candidat du PAL depuis la création du parti en 1991. Six jours plus tard, le 18 juillet 2025, il dépose officiellement sa candidature auprès d'Elections Cameroon (Elecam), marquant son entrée officielle dans l'arène politique.
Cette candidature s'accompagne de la démission de ses fonctions à NewSETA, témoignant de son engagement total dans cette nouvelle aventure. Sa décision de quitter une organisation qu'il a bâtie pendant des années illustre la sincérité de ses convictions politiques et sa détermination à servir le Cameroun à un niveau supérieur.
PROGRAMME ET VISION POLITIQUE
Axes prioritaires du programme
Le programme d'Ateki s'articule autour de cinq piliers fondamentaux qui reflètent sa vision d'un Cameroun rénové. L'unification nationale constitue le socle de son projet politique, avec une approche axée sur la réconciliation et la cohésion sociale dans un pays marqué par les divisions. Cette priorité s'accompagne d'une attention particulière à la résolution de la crise anglophone, enjeu majeur pour lequel son origine de la région du Nord-Ouest lui confère une légitimité particulière.
Sur le plan économique, Ateki prône une rupture avec les liens de dépendance hérités de la période coloniale. Sa proposition de sortie du franc CFA vise à recouvrer l'indépendance monétaire, tandis que l'émancipation vis-à-vis du Fonds Monétaire International s'inscrit dans une quête de souveraineté économique. Ces positions, audacieuses dans le contexte camerounais, témoignent de sa volonté de rompre avec les schémas traditionnels de gouvernance.
La lutte contre le chômage des jeunes occupe une place centrale dans son programme, reflétant sa compréhension des défis démographiques du Cameroun où plus de 60% de la population a moins de 25 ans. Cette préoccupation s'enracine dans son expérience de terrain avec NewSETA et sa connaissance intime des aspirations de la jeunesse camerounaise.
Vision stratégique pour le Cameroun
Au-delà des mesures spécifiques, Ateki propose une transformation structurelle du système de gouvernance camerounais. Sa vision de décentralisation du pouvoir rompt avec la tradition centralisatrice qui caractérise le Cameroun depuis l'indépendance. Cette approche vise à rapprocher le pouvoir des citoyens et à permettre aux communautés locales de prendre en main leur développement.
L'autonomisation des communautés constitue un autre pilier de sa vision, s'appuyant sur son expérience de mobilisation sociale avec NewSETA. Il envisage un Cameroun où chaque région peut exprimer son potentiel, dans le respect de la diversité culturelle et linguistique qui fait la richesse du pays. Cette philosophie politique tranche avec l'uniformisation souvent privilégiée par les régimes précédents.
ANALYSE COMPARATIVE : ATEKI VERSUS PAUL BIYA
Les atouts majeurs d'Ateki face à Paul Biya
Le contraste générationnel constitue l'atout le plus évident d'Ateki dans cette confrontation électorale. À 39 ans, il fait face à Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982. Cette différence d'âge de plus d'un demi-siècle symbolise l'affrontement entre deux époques, deux visions du Cameroun. Alors que Paul Biya incarne la continuité d'un système hérité de l'indépendance, Ateki représente l'aspiration au renouveau d'une population majoritairement jeune qui n'a connu que ce régime.
L'énergie et le dynamisme d'Ateki contrastent avec les interrogations récurrentes sur l'état de santé du président sortant. Sa capacité à sillonner le pays, à multiplier les rencontres et à utiliser les outils modernes de communication constitue un avantage considérable dans une campagne électorale qui s'annonce intense.
La légitimité démocratique moderne d'Ateki puise ses racines dans son expérience de terrain avec la société civile. Contrairement aux dirigeants traditionnels issus des appareils partisans, il a construit sa réputation en travaillant directement avec les populations, particulièrement les jeunes. Cette approche participative et inclusive lui confère une crédibilité particulière auprès d'un électorat en quête d'authenticité politique.
Sur le plan économique, ses propositions progressistes résonnent avec les aspirations d'indépendance d'une partie de la population camerounaise. La sortie du franc CFA, sujet tabou pendant des décennies, trouve aujourd'hui un écho favorable auprès des jeunes générations qui questionnent les liens avec l'ancienne puissance coloniale. Son approche vis-à-vis du FMI s'inscrit dans la même logique de reconquête de la souveraineté nationale.
Sa crédibilité internationale, forgée à travers ses voyages et ses responsabilités au sein d'organisations panafricaines, lui permet de se positionner comme un dirigeant capable de porter la voix du Cameroun sur la scène mondiale. Cette dimension contraste avec l'isolement croissant du régime actuel, critiqué pour sa gestion des crises internes.
Les défis structurels d'Ateki
Malgré ces atouts indéniables, Ateki fait face à des défis considérables qui tiennent à la nature même du système politique camerounais. Sa machine électorale reste limitée comparée à celle du RDPC, parti au pouvoir depuis des décennies. Le PAL, bien qu'historique, n'a jamais fait l'expérience d'une campagne présidentielle et manque des ressources financières et logistiques nécessaires pour rivaliser avec l'appareil gouvernemental.
Son inexpérience du pouvoir exécutif peut être perçue comme une faiblesse dans un contexte où la gestion de l'État camerounais requiert une expertise institutionnelle complexe. La transition de dirigeant d'ONG à chef d'État représente un saut qualitatif considérable, d'autant plus dans un pays confronté à de multiples crises simultanées.
Le système électoral camerounais, avec ses règles et ses pratiques établies, ne favorise pas l'émergence de nouveaux acteurs politiques. Le contrôle d'Elections Cameroon par le pouvoir en place, l'accès inégal aux médias publics et les ressources déséquilibrées entre candidats créent des conditions de compétition faussées.
La fragmentation de l'opposition, avec douze candidats en lice, constitue un obstacle majeur à une alternance politique. Cette dispersion des voix anti-Biya risque de profiter mécaniquement au président sortant, même si sa popularité a décliné. La nécessité de constituer des coalitions se heurte aux ambitions personnelles et aux divergences programmatiques des différents candidats.
Les vulnérabilités exploitables du régime Biya
Paradoxalement, les faiblesses du régime actuel offrent des opportunités à Ateki pour construire une alternative crédible. L'âge avancé de Paul Biya, devenu le plus vieux chef d'État en exercice au monde, suscite des interrogations légitimes sur sa capacité à diriger efficacement le pays. Les rapports récurrents sur la détérioration de sa santé alimentent les spéculations sur sa succession et fragilisent l'image de stabilité que cultive son régime.
L'usure du pouvoir après 43 ans de règne crée une aspiration naturelle au changement, particulièrement perceptible chez les jeunes qui n'ont connu aucune alternance politique. Cette fatigue démocratique touche aussi une partie des élites traditionnellement acquises au régime, comme en témoignent les défections récentes d'anciens ministres tels que Bello Bouba Maigari et Issa Tchiroma Bakary.
Les crises non résolues du Cameroun fragilisent la légitimité du pouvoir sortant. La crise anglophone, qui perdure depuis 2016, témoigne de l'incapacité du régime à trouver des solutions durables aux tensions communautaires. L'insécurité dans les régions du Nord face à Boko Haram et le chômage massif des jeunes constituent autant de défis sur lesquels le bilan gouvernemental peut être contesté.
STRATÉGIE RECOMMANDÉE ET PERSPECTIVES
Approche tactique pour maximiser les chances
Pour optimiser ses chances dans cette compétition électorale, Ateki devrait prioritairement œuvrer à la construction de coalitions avec d'autres candidats de l'opposition. Cette démarche implique des négociations délicates mais nécessaires pour éviter la dispersion des voix contestataires. Sa légitimité de dirigeant de la société civile pourrait faciliter ces rapprochements en le positionnant comme un candidat de consensus.
La mobilisation de la diaspora camerounaise représente un enjeu crucial, cette communauté disposant de ressources financières et d'un réseau international qui pourraient compenser les faiblesses de l'appareil partisan domestique. Son expérience internationale et sa maîtrise des enjeux de développement lui donnent des atouts pour convaincre les Camerounais de l'extérieur.
L'exploitation de son expertise en communication numérique pourrait créer un avantage tactique significatif. Sa compréhension des réseaux sociaux et des outils de mobilisation moderne lui permet de toucher directement les jeunes électeurs, contournant partiellement les médias traditionnels contrôlés par le pouvoir.
Messages politiques porteurs
La communication d'Ateki devrait s'articuler autour de messages simples mais percutants qui cristallisent l'aspiration au changement. Le slogan "Le Cameroun mérite mieux après 43 ans" résume efficacement la fatigue démocratique et l'usure du pouvoir actuel. Cette formulation évite la critique personnelle tout en soulignant la nécessité du renouvellement.
L'accent sur "l'énergie de la jeunesse pour bâtir l'avenir" capitalise sur son principal atout face à un adversaire nonagénaire. Cette approche générationnelle trouve un écho particulier dans un pays où les jeunes représentent la majorité de la population mais se sentent exclus des centres de décision.
Son parcours de la société civile au pouvoir peut être valorisé comme une "légitimité populaire" qui contraste avec les trajectoires politiciennes traditionnelles. Cette narration de l'homme du peuple qui accède aux responsabilités suprêmes peut séduire un électorat en quête d'authenticité.
PRONOSTIC ET ANALYSE PROSPECTIVE
Seta Caxton Ateki incarne incontestablement l'alternative la plus moderne et la plus crédible face à Paul Biya dans cette élection présidentielle. Son profil conjugue les atouts nécessaires pour incarner l'aspiration au renouveau : jeunesse, formation solide, expérience internationale et vision progressiste. Ces caractéristiques contrastent favorablement avec un système politique vieillissant et usé par plus de quatre décennies de pouvoir.
Cependant, la réalité du terrain électoral camerounais impose des contraintes structurelles qui limitent ses chances de victoire immédiate. Le contrôle du processus électoral par le pouvoir en place, les ressources déséquilibrées entre candidats et la fragmentation de l'opposition constituent des obstacles majeurs à surmonter.
Le succès d'Ateki dépendra de sa capacité à transformer ses atouts théoriques en mobilisation électorale effective. Cette équation implique la construction d'alliances stratégiques avec d'autres forces d'opposition, la mobilisation massive de la jeunesse urbaine et de la diaspora, ainsi que l'obtention d'une couverture médiatique équitable malgré les contraintes du système.
Au-delà du résultat immédiat de cette élection, la candidature d'Ateki marque l'émergence d'une nouvelle génération politique au Cameroun. Même en cas d'échec électoral, son parcours et ses propositions contribuent à renouveler le débat public et à préparer les alternances futures. Dans cette perspective, il représente moins un outsider qu'un précurseur des transformations politiques que connaîtra inévitablement le Cameroun dans les années à venir.