Actualités of Wednesday, 18 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Sangmélima : tension entre militaires de la SEMIL et populations du village Bingou

Un incident impliquant des éléments de la Sécurité Militaire et des villageois lors d'une assemblée coutumière a créé des remous dans l'arrondissement de Sangmélima. Les populations dénoncent un abus de pouvoir.

Le mardi 10 juin 2025, vers 12 heures, le village de Bingou dans l'arrondissement de Sangmélima a été le théâtre d'un incident opposant des militaires de la SEMIL (Sécurité Militaire) aux populations locales. Les faits se sont déroulés alors qu'une assemblée coutumière, convoquée par le chef du village pour résoudre des litiges fonciers communautaires, était en cours.
L'intervention des forces de sécurité a pris une tournure controversée lorsque l'adjudant-chef Amougou et ses éléments, tous en service à l'antenne SEMIL de Sangmélima, ont fait irruption dans la salle de réunion, armes en main, créant un climat de tension palpable.

Selon les témoignages recueillis, les militaires justifiaient leur présence par une saisine concernant un militaire retraité qui aurait menacé la population avec une arme. Cependant, le chef du village a tenté d'expliquer que l'assemblée en cours portait uniquement sur des questions foncières internes à la communauté.

Cette incompréhension initiale a rapidement dégénéré lorsque les forces de sécurité ont refusé d'écouter les explications du chef traditionnel, préférant maintenir leur position et procéder à des interpellations sans mandat apparent.
La situation s'est tendue davantage lorsque les militaires ont commencé à interpeller et menacer certains villageois présents à l'assemblée, sans fournir d'explications claires sur les motifs de ces actes. Cette attitude a provoqué une réaction de solidarité de la part de l'ensemble des participants à la réunion.

Face à ce qu'ils percevaient comme des arrestations arbitraires, les villageois se sont mobilisés collectivement pour empêcher ces interpellations, transformant une simple assemblée coutumière en confrontation entre autorités militaires et populations civiles.

Conscientes de la gravité de la situation, les populations ont décidé de porter l'affaire devant la hiérarchie militaire. Le Colonel Melingui Nkolo Pacifique, nouveau commandant de la SEMIL, a été saisi de cette affaire par les villageois qui dénoncent ce qu'ils qualifient d'abus de pouvoir et de trafic d'influence de la part des éléments sous son commandement.

Cette démarche témoigne de la volonté des populations de rechercher une solution par les voies hiérarchiques, tout en exprimant leur mécontentement face à ce qu'elles considèrent comme un dépassement des prérogatives militaires.
Cet incident soulève des interrogations importantes sur les relations entre forces de sécurité et populations civiles dans les zones rurales du Cameroun. La confusion apparente sur les motifs d'intervention et l'absence de coordination avec les autorités traditionnelles questionnent les protocoles d'intervention des forces de sécurité dans les communautés.


L'intrusion armée dans une assemblée coutumière, instance reconnue par la législation camerounaise pour la résolution des conflits communautaires, pose également la question du respect des institutions traditionnelles par les forces de l'ordre.


L'affaire, désormais entre les mains du commandement de la SEMIL, nécessite des clarifications urgentes pour apaiser les tensions et éviter que de tels incidents ne se reproduisent. La réaction du Colonel Melingui Nkolo Pacifique face aux accusations portées contre ses éléments sera déterminante pour l'évolution de cette affaire.