Actualités of Sunday, 18 May 2025

Source: www.camerounweb.com

REVELATION: Paul Biya a des millions de conseillers

Dans un contexte politique camerounais parfois tendu, où les voies de la contestation prennent diverses formes, le professeur Edmond Biloa a fait entendre une voix singulière lors de sa récente participation à l'émission "GRAND DÉBAT" diffusée sur Cam10 télévision. L'universitaire a défendu une approche basée sur le dialogue et la persuasion plutôt que sur la confrontation directe avec les institutions de l'État.

"Tous les Camerounais sont les conseillers du Président de la République. Et le Président nous écoute, il nous regarde. Ceux qui sont à la télé de manière constante savent que, de temps en temps, on dit des choses, et parfois, on voit que les conseils qu'on a donnés ont été appliqués. Donc, on n'a pas besoin de prendre les armes contre la République. Continuons à dialoguer," a déclaré Edmond Biloa avec conviction face à ses interlocuteurs.

Ces propos interviennent dans un contexte où certaines régions du pays, notamment les zones anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, connaissent des mouvements insurrectionnels. La position de Biloa se veut résolument optimiste quant à la capacité des citoyens ordinaires à influencer les décisions au plus haut sommet de l'État.

Pour Jean-Marc Bikele, analyste politique à l'Université de Yaoundé II, cette vision mérite d'être nuancée : "Le professeur Biloa souligne un aspect intéressant du fonctionnement de notre démocratie, à savoir que les débats publics peuvent effectivement nourrir la réflexion des dirigeants. Toutefois, l'influence réelle de ces débats sur les politiques publiques concrètes reste difficile à mesurer."

L'universitaire accorde une importance particulière aux médias audiovisuels dans ce processus d'influence citoyenne. Sa référence explicite à "ceux qui sont à la télé de manière constante" suggère que les plateaux télévisés constitueraient un canal privilégié pour faire remonter les préoccupations et propositions des Camerounais jusqu'au sommet de l'État.

"Cette vision traduit une certaine réalité", reconnaît Marie-Claire Edzoa, spécialiste des médias. "Les émissions de débat comme le 'GRAND DÉBAT' sur Cam10 ou 'CLUB D'ÉLITES' sur Vision 4 sont effectivement suivies par de nombreux décideurs et peuvent contribuer à façonner certaines perceptions au sein de l'appareil d'État. Cependant, il existe un fossé entre l'écoute passive et la prise en compte active des recommandations qui y sont formulées."

L'aspect le plus marquant de l'intervention d'Edmond Biloa réside sans doute dans son rejet explicite de la violence comme moyen d'action politique. Son affirmation selon laquelle "on n'a pas besoin de prendre les armes contre la République" apparaît comme une condamnation à peine voilée des mouvements insurrectionnels actifs dans certaines régions du pays.
"Cette prise de position est courageuse dans le contexte actuel", estime Richard Mendouga, sociologue. "Elle rappelle que, malgré les imperfections de notre système démocratique, le dialogue et la persuasion restent des voies praticables pour faire évoluer les choses."

Pour d'autres observateurs, cependant, cette vision pourrait paraître quelque peu déconnectée des réalités du terrain. "Dans les zones de conflit, les populations ont souvent le sentiment que leurs voix ne sont pas entendues malgré des années de revendications pacifiques", souligne Jean-Pierre Bekolo, réalisateur et intellectuel camerounais. "L'idée que le dialogue médiatique suffit à influencer les politiques publiques peut sembler idéaliste face à certaines situations d'urgence sociale ou politique."