Actualités of Monday, 24 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Révélations exclusives de Jeunes Afrique sur le fuite: Les réseaux d'influence peuls au cœur de l'exil d'Issa Tchiroma Bakary

Derrière le parcours mouvementé d'Issa Tchiroma Bakary depuis sa contestation des résultats de la présidentielle camerounaise se cache un impressionnant réseau d'influence transnational. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique, l'ancien ministre a pu compter sur l'appui de figures majeures de l'aristocratie peule et d'organisations communautaires puissantes pour assurer sa sécurité lors de son passage au Nigeria.


Jeune Afrique révèle que parmi les protecteurs de l'opposant figurent des personnalités de premier plan : Muhammad Sanusi II, l'influent émir de Kano et ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Abubakar Ibn Umar Garbai El-Kanemi, émir de Bornou, ainsi que Muhammadu Barkindo Aliyu Mustapha, émir de Yola. Ce dernier avait d'ailleurs présidé l'intronisation de Tchiroma comme aristocrate lamidale en juillet 2021 à Garoua, scellant ainsi des liens de solidarité qui se sont révélés déterminants dans la crise actuelle.
Selon les informations obtenues par Jeune Afrique, l'opposant camerounais a également bénéficié du soutien du gouverneur de l'État de Borno, le Pr Babagana Umara Zulum. Ces appuis de haut niveau expliquent en partie pourquoi les tentatives camerounaises pour obtenir son extradition depuis le Nigeria sont restées lettre morte.



Le magazine panafricain dévoile le rôle central joué par le Tabital Pulaaku, cette puissante organisation communautaire peule présente dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. En tant que membre influent de cette structure, Issa Tchiroma Bakary a pu mobiliser un réseau de protection qui dépasse largement les frontières nationales. Des éléments du mouvement Tabital Pulaaku ont ainsi assuré la sécurisation de sa résidence à Yola, se présentant même comme des "boucliers spirituels" de l'opposant.

Cette solidarité communautaire s'est également traduite par le soutien d'une "famille nombreuse implantée dans la région", permettant à Tchiroma de bénéficier d'une infrastructure d'accueil et de sécurité dès son arrivée dans l'État de l'Adamawa. Jeune Afrique précise que l'opposant, en tant qu'autorité traditionnelle, pouvait légitimement faire appel à ces réseaux d'entraide qui transcendent les logiques étatiques.


Les révélations de Jeune Afrique mettent également en lumière la composition hétéroclite du dispositif de sécurité mis en place autour de l'ancien ministre. À Yola, il était protégé par un service de sécurité privée composé d'anciens militaires camerounais ayant déserté et se revendiquant de l'"armée loyaliste", d'éléments de l'organisation "Pouvoir au peuple" – dirigée depuis la Côte d'Ivoire par Ahmed Ah – et de plusieurs "comités de vigilance".

Cette constellation de soutiens illustre la capacité de mobilisation de l'opposant camerounais et la dimension transfrontalière de la crise post-électorale. Elle explique aussi pourquoi les autorités camerounaises ont rencontré tant de difficultés pour neutraliser celui qui se présente comme le président élu du Cameroun.

Le choix final de Tchiroma de quitter le Nigeria pour la Gambie, où il se trouve depuis le 7 novembre, pourrait s'expliquer, selon Jeune Afrique, par une pression camerounaise devenue "trop forte" sur Abuja, malgré la protection dont bénéficiait l'opposant de la part de l'élite peule nigériane.