Actualités of Monday, 24 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Les renseignements ont vu du feu : Les tentatives avortées d'arrestation d'Issa Tchiroma et le rôle trouble d'un téléphone

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L'exfiltration d'Issa Tchiroma Bakary du Cameroun ressemble à un véritable scénario de film d'espionnage. Jeune Afrique révèle en exclusivité les coulisses rocambolesques de la fuite de l'opposant et les tentatives infructueuses des services de renseignement camerounais pour mettre la main sur celui qui se proclame président élu.


Dans une enquête fouillée, Jeune Afrique dévoile comment les services camerounais ont failli capturer Issa Tchiroma Bakary grâce à un stratagème technologique. Aminata Tchiroma Müller, l'épouse de l'opposant, était restée longtemps cachée dans une résidence familiale à Laïndé, un quartier de Garoua. Seule sa nièce était en relation directe avec elle, lui apportant ses repas et transportant de l'argent pour son compte.

Le magazine révèle que lorsque Aminata Tchiroma Müller a quitté Garoua le 1er novembre pour rejoindre le Nigeria, elle emportait avec elle un téléphone appartenant à son époux. Erreur fatale : l'appareil a été tracé par les services camerounais de renseignement, qui ont immédiatement alerté leurs homologues de la National Intelligence Agency (NIA) du Nigeria.


Jeune Afrique rapporte que dans la soirée du 2 novembre, les agents nigérians sont intervenus dans l'hôtel de Yola où était supposée résider l'épouse de Tchiroma, constatant finalement l'absence de l'opposant. Mais la suite est encore plus révélatrice : selon une source sécuritaire nigériane citée par le magazine, le gouverneur de l'Adamawa, Ahmadu Umaru Fintiri, aurait ensuite annulé l'ordre d'interpellation qu'il avait pourtant émis à la demande des autorités camerounaises.
Ce revirement illustre la complexité des relations entre le Cameroun et le Nigeria sur ce dossier sensible, et suggère l'existence de pressions contradictoires sur les autorités nigérianes. Pendant ce temps, le 2 novembre, les services camerounais prenaient d'assaut la résidence de Laïndé à Garoua, mais Aminata Tchiroma Müller l'avait quittée la veille.
Une demande d'extradition qui n'a jamais été transmise
Jeune Afrique révèle un détail troublant : selon plusieurs sources au sein de la présidence camerounaise, les autorités avaient préparé une demande d'extradition à l'encontre d'Issa Tchiroma Bakary, mais celle-ci n'a jamais été transmise à Abuja. Cette non-transmission pose question : le Cameroun redoutait-il un désaveu de la part du Nigeria ?
Le magazine indique que les autorités nigérianes avaient enjoint le président du Front national pour le salut national du Cameroun (FSNC) à modérer ses prises de position. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l'opposant a confié sa communication à Me Alice Nkom, désignée porte-parole, réservant désormais ses prises de parole à un cercle extrêmement restreint de collaborateurs.


Jeune Afrique dévoile également l'implication d'un réseau de financement autour de l'opposant. Les services de renseignement camerounais reprochent notamment à l'épouse de Tchiroma ses contacts avec El Hadj Ba Iya, un homme d'affaires nigérian installé à Garoua, qui aurait financé Issa Tchiroma Bakary.
Le magazine révèle que c'est d'ailleurs à bord du véhicule du fils de cet homme d'affaires que l'opposant a, une première fois, pris la fuite le 12 octobre dernier, jour de la présidentielle, pour se cacher temporairement au domicile d'une personnalité influente de Garoua. Depuis la fuite de l'opposant, plusieurs de ses soutiens et employés ont été arrêtés, ainsi qu'un neveu et une nièce de son épouse.

Ces révélations de Jeune Afrique mettent en lumière l'ampleur du dispositif de surveillance déployé par Yaoundé, mais aussi l'efficacité du réseau de soutien qui a permis à Issa Tchiroma Bakary d'échapper à plusieurs tentatives d'arrestation avant de trouver refuge en Gambie le 7 novembre dernier.