Actualités of Saturday, 18 October 2025
Source: www.camerounweb.com
Jeune Afrique révèle comment les puissances occidentales refusent d'intervenir, contrairement aux espoirs du camp Tchiroma
Parmi les révélations les plus stratégiques que Jeune Afrique rapporte du Cameroun en crise, figure le silence assourdissant des capitales occidentales face aux événements post-électoraux. Et ce silence n'est nullement fortuit : il résulte de calculs géopolitiques précis.
Jeune Afrique a appris, auprès de diplomates occidentaux basés à Yaoundé, que Washington et Paris ont expressément décidé de ne pas interpeller publiquement le gouvernement Biya sur les résultats électoraux ou les opérations militaires à Garoua. Cette position adoptée lors de concertations récentes revêt une signification politique majeure.
Selon les révélations de Jeune Afrique auprès de sources du Quai d'Orsay, Paris estime que toute déclaration soutenant Tchiroma Bakary — même indirectement — risquerait de déstabiliser un pays stratégique dans le bassin du Congo et face aux menaces terroristes du Sahel.
Une source française confie à Jeune Afrique : « Si Tchiroma l'emporte, on ne sait pas vraiment qui sont ses vrais conseillers. Il a nagé entre beaucoup de factions. C'est un risque pour nos intérêts. Biya, lui, nous connaît depuis des décennies. C'est prévisible, même s'il n'est pas séduisant. »
Cette approche révèle que, contrairement aux espoirs de certains militants camerounais, les puissances occidentales n'interviennent pas pour défendre « la démocratie » de manière désintéressée — elles défendent leurs intérêts géopolitiques.
Ce que Jeune Afrique révèle également, c'est que Washington a adopté une posture quasi identique à celle de Paris. Des sources au sein de l'ambassade américaine à Yaoundé confirment à Jeune Afrique que les États-Unis ont reçu des rapports alarmants sur les liens présumés entre Tchiroma Bakary et certains mouvements séparatistes anglophones — des mouvements que Washington qualifie d'« extrémistes ».
Un diplomate américain déclare à Jeune Afrique : « Nous ne sommes pas en position de soutenir quelqu'un dont nous ne sommes pas sûrs des intentions finales. Nous allons attendre et voir comment cela se stabilise. »
Jeune Afrique a également enquêté auprès de sources à l'Union africaine et a découvert que cette institution, attendue par de nombreux Camerounais comme potentielle arbitre, n'a aucune intention d'intervenir. Les sources de Jeune Afrique à l'UA indiquent que l'organisation continentale observe une prudence extrême, notamment parce que le dossier camerounais implique des questions de souveraineté nationale sur lesquelles l'UA ne souhaite pas se prononcer.
Cette absence de soutien international explicite — que Jeune Afrique révèle ici — brise les espoirs de nombreux partisans de Tchiroma Bakary qui avaient misé sur une intervention diplomatique. Achille Mbembe avait d'ailleurs prévenu, à travers sa déclaration récente, que les peuples luttant pour leur émancipation ne peuvent pas compter sur le soutien externe — une analyse que les faits diplomatiques rapportés par Jeune Afrique confirment.
Selon les révélations de Jeune Afrique obtenues auprès de sources diplomatiques, les Occidentaux pratiquent une stratégie que l'on pourrait qualifier de « défaut à comparaître ». Ils ne reconnaissent pas formellement les résultats électoraux contestés, mais ils ne les contestent pas non plus publiquement. Ils financent l'État camerounais comme si de rien n'était, tout en gardant la possibilité de changer de positionnement si la situation devait basculer définitivement en faveur de Tchiroma.
Un diplomate européen confie à Jeune Afrique : « Nous attendons. Si Tchiroma prend vraiment le pouvoir, nous trouverons comment nous adapter. Si Biya gère cela, nous continuerons comme avant. »
Une des rares surprises révélées par Jeune Afrique dans l'enquête diplomatique concerne la position sud-africaine. Prétoria, dans une déclaration diplomatique prudente, a remis en question les « doutes » sur les résultats électoraux camerounais sans pourtant appeler à leur annulation. Jeune Afrique a appris que cette position sud-africaine résulte d'une tension interne au sein du gouvernement de Ramaphosa, entre faucons favorables à une certaine intervention continentale et modérés craignant les précédents.
En définitive, la révélation majeure de Jeune Afrique sur la diplomatie internationale concerne le vide : celui de l'absence de sauveur externe. Les Camerounais, qu'ils soutiennent Biya ou Tchiroma, devront régler leurs comptes entre eux. Les puissances mondiales regardent, attendent, mais n'interviennent pas — tout en veillant à protéger leurs intérêts respectifs dans un pays qu'elles considèrent comme stratégique, mais pas au point de s'y mouiller pour une question de principes démocratiques.