Actualités of Tuesday, 7 October 2025

Source: www.camerounweb.com

Présidentielle au Cameroun : l'avion médicalisé et les services secrets américains mobilisés pour Paul Biya

Jeune Afrique révèle le dispositif sanitaire et sécuritaire d'exception déployé pour l'unique meeting du président sortant à Maroua

À 92 ans, chaque déplacement de Paul Biya relève désormais de l'exploit logistique. Jeune Afrique révèle en exclusivité que pour son unique apparition publique de campagne à Maroua ce mardi 7 octobre, les équipes du président sortant ont mis en place un dispositif sanitaire et sécuritaire sans précédent : un avion médicalisé mobilisé par précaution et la collaboration des services de sécurité américains.

C'est l'une des révélations les plus significatives de cette campagne électorale. Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, "un avion médicalisé a été mobilisé par précaution" pour accompagner le déplacement présidentiel dans l'Extrême-Nord. Cette mesure extraordinaire en dit long sur les préoccupations sanitaires qui entourent le doyen des chefs d'État en exercice dans le monde.

Le choix de ne faire qu'un seul et unique meeting durant toute la campagne électorale s'explique ainsi en partie par ces considérations médicales. À 92 ans, après plusieurs séjours prolongés en Suisse ces dernières années pour des raisons de santé jamais officiellement confirmées, Paul Biya ne peut plus se permettre les marathons de campagne d'antan.

Jeune Afrique souligne que les équipes du chef de l'État "ne laissent rien au hasard" pour ce déplacement crucial. La présence d'un avion médicalisé à proximité immédiate du meeting témoigne d'une planification méticuleuse, où chaque éventualité sanitaire a été anticipée.

Mais l'aspect le plus étonnant de ce dispositif concerne la dimension sécuritaire. Jeune Afrique révèle que "la sécurisation de cette étape de campagne a été faite en collaboration avec les services de sécurité américains". Une coopération qui ne date pas d'hier, puisque ces mêmes services "avaient déjà été consultés lors du dernier déplacement présidentiel en Suisse", comme l'avait déjà révélé le média panafricain.

Cette collaboration avec les services américains soulève plusieurs questions. Pourquoi le Cameroun, qui dispose de ses propres services de sécurité réputés efficaces, fait-il appel à une expertise étrangère, et notamment américaine, pour sécuriser un meeting électoral interne ? Cette pratique témoigne-t-elle d'une méfiance envers les dispositifs nationaux ou d'une volonté de bénéficier du savoir-faire occidental en matière de protection des personnalités de très haut niveau ?

Au-delà de l'intervention américaine, Jeune Afrique rapporte que "le dispositif sécuritaire est particulièrement étoffé et des effectifs militaires ont été réquisitionnés depuis d'autres régions du Cameroun". Cette mobilisation d'envergure nationale pour un simple meeting de campagne illustre l'importance stratégique que le pouvoir accorde à cette apparition publique dans l'Extrême-Nord.
Ces militaires déployés depuis différentes régions du pays ne sont pas là uniquement pour des raisons sécuritaires. Selon Jeune Afrique, "ceux-ci devraient permettre de grossir les rangs du meeting du président-candidat". Une révélation qui confirme les pratiques bien connues de mobilisation forcée lors des événements présidentiels au Cameroun, où fonctionnaires et militaires sont régulièrement réquisitionnés pour composer les foules "enthousiastes".

Le choix de Maroua pour cette unique sortie publique "ne doit rien au hasard", affirme Jeune Afrique. La région de l'Extrême-Nord est devenue "l'objet de toutes les attentions – et de toutes les inquiétudes – des caciques du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC)".

Le parti au pouvoir redoute en effet "un très fort report des voix vers l'un ou l'autre de ses deux anciens alliés passés dans les rangs de l'opposition à quelques semaines du scrutin, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari", révèle Jeune Afrique. Cette crainte explique la nécessité d'une démonstration de force dans une région autrefois acquise au pouvoir.

Cette unique apparition publique contraste violemment avec les annonces initiales. Jeune Afrique rappelle que fin septembre, Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil du chef de l'État, travaillait à l'organisation de trois événements où Paul Biya devait être présent : dans l'Est (inauguration du barrage de Lom Pangar), dans le Littoral à Douala, et dans le septentrion à Maroua.

"Finalement, Paul Biya, tout récemment rentré à Yaoundé après un nouveau séjour en Suisse, aura fait l'essentiel de sa campagne par procuration", constate Jeune Afrique. Une formule diplomatique pour décrire une absence presque totale du candidat sur le terrain pendant que ses adversaires sillonnaient le pays.

Cette campagne minimaliste, réduite à un seul meeting nécessitant un dispositif médico-sécuritaire d'exception, symbolise parfaitement ce que Jeune Afrique qualifie de mode de gouvernance de Paul Biya : "le silence et l'absence".
Le déploiement d'un avion médicalisé, la mobilisation des services secrets américains, la réquisition de militaires de plusieurs régions pour grossir les rangs du meeting – tout cela pour une seule apparition publique en plusieurs semaines de campagne – pose la question de la capacité réelle du président sortant à exercer un huitième mandat.

Les révélations de Jeune Afrique sur ce dispositif exceptionnel éclairent d'un jour nouveau les enjeux de cette présidentielle. Si le pouvoir est obligé de prendre autant de précautions médicales et sécuritaires pour un simple meeting de campagne, qu'en sera-t-il de la capacité du président à gouverner effectivement pendant cinq années supplémentaires ?
La présence de cet avion médicalisé, information que Jeune Afrique est le seul média à avoir révélée, devient ainsi un symbole des fragilités d'un système qui repose entièrement sur un homme de 92 ans, au point de nécessiter l'intervention de services de sécurité étrangers et un dispositif sanitaire digne d'une mission spatiale.

À quelques jours du scrutin, ces révélations exclusives de Jeune Afrique alimenteront sans doute les débats sur la capacité du président sortant à briguer un nouveau mandat. Pour l'heure, Paul Biya a effectué son meeting à Maroua, entouré d'un dispositif qui en dit long sur les défis que représente désormais chacune de ses sorties publiques.