Alors qu'une coalition d'opposition se dessine autour d'Issa Tchiroma Bakary, Maurice Kamto et Bello Bouba Maïgari, le Secrétaire Général de la Présidence multiplie les opérations de déstabilisation. L'affaire Salmana révèle les coulisses d'une guerre politique sans merci.
Dans les coulisses de la politique camerounaise, Ferdinand Ngoh Ngoh ne se contente pas d'annoncer la candidature de Paul Biya et de mobiliser les cadres du RDPC. Le Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR) mène également une guerre souterraine contre les figures de l'opposition, particulièrement celles qui menacent l'hégémonie du pouvoir en place.
L'information exclusive révèle une manœuvre particulièrement audacieuse : Ferdinand Ngoh Ngoh aurait directement sollicité le député du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Salmana, pour qu'il quitte le parti d'Issa Tchiroma Bakary et crée une scission. Une opération de déstabilisation interne qui témoigne de l'inquiétude du pouvoir face à la montée en puissance de l'ancien ministre de l'Emploi.
Cette tentative de débauche intervient dans un contexte où Issa Tchiroma Bakary émerge comme une figure centrale de la recomposition de l'opposition camerounaise. Ancien porte-parole du gouvernement et ex-ministre de l'Emploi, Tchiroma s'est progressivement éloigné du pouvoir pour devenir aujourd'hui l'un des artisans d'un hypothétique front anti-Biya.
Selon des sources concordantes, l'ancien ministre multiplie les contacts avec les autres figures de l'opposition. Des pourparlers sont en cours depuis plus d'un an, notamment entre le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) de Bello Bouba Maïgari. Tchiroma s'est récemment montré favorable à l'idée d'une transition politique de trois à cinq ans, conduite par une personnalité consensuelle.
Le cas du député Salmana illustre parfaitement les méthodes employées par le SGPR pour déstabiliser l'opposition. En conflit ouvert avec Issa Tchiroma, ce parlementaire du FSNC aurait été directement approché par Ferdinand Ngoh Ngoh pour créer une scission au sein du parti de l'ancien ministre.
L'intervention directe du SGPR dans les affaires internes d'un parti d'opposition soulève de nombreuses questions sur les limites de son rôle institutionnel. Si Ferdinand Ngoh Ngoh peut légitimement œuvrer pour la réélection de Paul Biya, l'utilisation de sa fonction pour déstabiliser l'opposition relève d'une tout autre démarche.
Cette affaire s'inscrit dans la continuité des préoccupations exprimées par le journaliste Xavier Messe, qui dénonçait récemment le caractère inédit de l'engagement politique du SGPR. Les révélations sur l'affaire Salmana donnent une nouvelle dimension à ces interrogations.
Ces manœuvres interviennent à un moment crucial pour l'opposition camerounaise. Alors que les discussions pour une candidature unique s'intensifient, les tentatives de déstabilisation se multiplient. Les pourparlers entre Kamto, Bouba Maïgari et Tchiroma restent fragiles, notamment en raison de divergences stratégiques et de querelles de leadership.
Les émissaires d'Issa Tchiroma devaient rencontrer Maurice Kamto le 4 juillet, tandis que des rendez-vous sont prévus avec le groupe de Douala d'Anicet Ekane. Dans ce contexte, les opérations de Ferdinand Ngoh Ngoh visent manifestement à saper ces efforts de rapprochement.
Au-delà de la bataille politique, cette affaire révèle les enjeux démocratiques de la présidentielle de 2025. D'un côté, une opposition qui tente de s'unir pour offrir une alternative crédible au pouvoir en place. De l'autre, un appareil d'État qui n'hésite pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour maintenir son hégémonie.
L'issue de ces manœuvres déterminera en grande partie la crédibilité du processus électoral camerounais et la possibilité d'une réelle alternance démocratique. Les prochaines semaines s'annoncent décisives pour l'avenir politique du pays.