Actualités of Saturday, 27 December 2025
Source: www.camerounweb.com
Dans une révélation exclusive, Jeune Afrique dévoile la suppression des fameuses lignes budgétaires 65 et 94 dans la loi de finances 2026 du Cameroun. Ces enveloppes, longtemps accusées de servir au népotisme, disparaissent officiellement du budget promulgué le 17 décembre par le président Paul Biya.
Yaoundé, le 26 décembre 2025 – C'est une petite révolution budgétaire que révèle Jeune Afrique dans son édition de ce jeudi. Le budget camerounais 2026, d'un montant de 8 816,4 milliards de F CFA (13,4 milliards d'euros), marque la fin d'une ère : celle des controversées lignes 65 et 94.
Selon les informations exclusives obtenues par Jeune Afrique, ces deux lignes budgétaires, administrées respectivement par les ministères des Finances et de l'Économie, étaient destinées à subventionner les opérateurs économiques. Leur gestion discrétionnaire avait suscité de nombreuses polémiques au fil des années, alimentant les soupçons de népotisme et de favoritisme dans l'attribution des fonds publics.
Jeune Afrique précise que ces enveloppes opaques sont désormais remplacées par deux dotations pour dépenses accidentelles et imprévisibles, placées sous la responsabilité des deux portefeuilles ministériels. Un changement de dénomination qui, s'il ne garantit pas automatiquement plus de transparence, répond néanmoins aux critiques récurrentes sur l'utilisation de ces fonds.
Mais ce n'est pas tout. Jeune Afrique révèle également que le président Paul Biya souhaite mettre fin aux "interventions directes", ces transferts budgétaires hors cadre opérés par la Société nationale des hydrocarbures (SNH) au Trésor public. Une pratique qui constituait, selon le magazine panafricain, "une véritable bête noire du Fonds monétaire international (FMI)".
Cette réforme s'inscrit dans un contexte de négociations à venir avec le FMI pour un nouveau programme d'appui. Les institutions de Bretton Woods ont toujours critiqué ce mécanisme parallèle qui échappait aux circuits budgétaires classiques et compromettait la transparence des finances publiques camerounaises.
Pour les observateurs, ces suppressions constituent un signal politique fort au début du nouveau mandat de Paul Biya, réélu le 12 octobre dernier. Confronté à une forte pression sociale et aux exigences des partenaires financiers internationaux, le président camerounais semble vouloir afficher une volonté de transparence dans la gestion des deniers publics.
Jeune Afrique souligne que cette loi de finances inaugurale du nouveau septennat a été promulguée le 17 décembre, permettant au budget d'être opérationnel dès le 1er janvier 2026. Un timing habituel pour Paul Biya, qui attend traditionnellement la deuxième quinzaine de décembre pour cette formalité.
Ces changements interviennent alors que le Cameroun s'apprête à négocier un nouveau programme avec le FMI dans les prochains mois. Jeune Afrique indique que ce partenariat pourrait provoquer des ajustements budgétaires en cours d'année, notamment sur ces questions de transparence et de bonne gouvernance des finances publiques.
Reste à savoir si ces réformes structurelles suffiront à convaincre les bailleurs de fonds internationaux et à apaiser les critiques internes sur la gestion opaque de certaines enveloppes budgétaires. La mise en œuvre effective de ces nouvelles dispositions sera scrutée de près par les acteurs économiques et la société civile camerounaise.
Le budget 2026, en hausse de 14% par rapport à l'exercice précédent, affiche par ailleurs des ambitions modestes en termes de croissance (4,3%), loin des objectifs de la Stratégie nationale de développement à l'horizon 2030.