Jeune Afrique révèle que le Cameroun prévoit de lever 1 000 milliards de F CFA (1,5 milliard d'euros) sur le marché international en 2026 pour refinancer sa dette. Une opération d'eurobond rendue nécessaire par des échéances de remboursement de plus en plus rapprochées et un marché financier régional défavorable.
Le Cameroun va devoir serrer les dents en 2026. Selon des révélations exclusives de Jeune Afrique parues ce jeudi, le pays s'apprête à lancer une vaste opération de refinancement de sa dette publique avec l'émission d'un eurobond de 1 000 milliards de F CFA sur les marchés internationaux.
Jeune Afrique dévoile que le besoin de financement de l'État camerounais s'élève à 3 104,2 milliards de F CFA pour 2026, en hausse vertigineuse de 777,5 milliards de F CFA par rapport à l'année précédente. Cette augmentation s'explique principalement par les charges financières et le règlement de la dette auxquelles les autorités devront faire face dans les prochaines semaines. Le magazine panafricain précise que les intérêts à payer pour 2026 sont fixés à 532,5 milliards de F CFA, en augmentation de 101,5 milliards de F CFA (+ 23,5 %) par rapport à 2025. L'amortissement de la dette intérieure et extérieure est quant à lui projeté à 1 870,6 milliards F CFA.
Selon Jeune Afrique, le Cameroun n'a guère le choix face à cette situation. Le pays est confronté, comme les autres économies de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac), à un marché financier régional défavorable, notamment celui des titres publics, et à des échéances de remboursement de plus en plus rapprochées.
Le magazine révèle que cet eurobond, combiné à des emprunts auprès des banques locales pour 589,7 milliards de F CFA, vise à refinancer en partie la dette publique, qui se situe actuellement à 44 % du PIB. Un niveau qui, note Jeune Afrique, laisse encore de l'espace au pays par rapport au seuil communautaire de 70 %.
Jeune Afrique établit un parallèle avec le voisin congolais, qui vient tout juste de mobiliser 670 millions de dollars par placement privé sur le marché international. Le Cameroun semble vouloir emprunter la même voie pour desserrer l'étau du refinancement.
Cette opération n'est d'ailleurs pas une première pour Yaoundé. Jeune Afrique rappelle qu'en 2021, le pays avait déjà procédé au refinancement de l'eurobond de 2015 afin de desserrer la concentration des échéances de remboursement. Une stratégie qui doit désormais être renouvelée face à l'urgence de la situation.
Au-delà du service de la dette classique, Jeune Afrique révèle que le gouvernement devra également honorer d'autres engagements financiers : le règlement des arriérés intérieurs à hauteur de 498,8 milliards F CFA et le remboursement des crédits de TVA pour 84 milliards F CFA. Le déficit budgétaire global est prévu à 1,7 % du PIB en 2026, soit 631 milliards de F CFA (près de 962 millions d'euros), en progression de 103 % par rapport à l'exercice en cours, selon les informations de Jeune Afrique. Toutefois, ce niveau demeure inférieur à la norme communautaire de 3 % du PIB, ce qui donne théoriquement une marge de manœuvre à Yaoundé.
Pour financer ce déficit, Jeune Afrique indique que le gouvernement compte recourir notamment au marché des titres publics, avec 400 milliards de F CFA d'obligations du trésor. D'autres sources doivent être mobilisées, dont des appuis budgétaires auprès de la Banque mondiale (120 milliards de F CFA) et des tirages sur des prêts liés à des projets pour 826,7 milliards de F CFA. Cette pression du refinancement intervient au début du nouveau septennat de Paul Biya et pourrait contraindre le gouvernement à des arbitrages difficiles en cours d'année, notamment si les conditions d'accès au marché international se détériorent ou si le nouveau programme avec le FMI impose des conditionnalités strictes.
Le pari du Cameroun est risqué : réussir à lever 1,5 milliard d'euros sur des marchés internationaux de plus en plus sélectifs, tout en maintenant une trajectoire de croissance modeste de 4,3 % du PIB, loin des 8 % nécessaires pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale de développement 2030.








