Actualités of Monday, 25 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Opposition la plus bête au monde: Jeune Afrique allume Kamto et cie

Avec onze candidats dispersés face à Paul Biya, l'élection du 12 octobre

À moins de cinquante jours de l'élection présidentielle du 12 octobre, le paysage politique camerounais offre un spectacle familier : celui d'une opposition fragmentée face à un Paul Biya omniprésident depuis 1982. Avec onze candidats en lice contre le président nonagénaire, la question de l'efficacité stratégique de l'opposition se pose avec une acuité particulière.



Dans un système électoral à un tour, la dispersion des voix constitue un handicap fatal pour l'opposition. Chaque candidat supplémentaire dilue mécaniquement les suffrages anti-Biya, renforçant paradoxalement les chances du sortant. Cette réalité arithmétique élémentaire semble échapper aux leaders oppositionnels, enfermés dans leurs ambitions personnelles.
L'absence de Maurice Kamto, principale figure charismatique de l'opposition, amplifie ce phénomène. L'invalidation de sa candidature, officiellement justifiée par des considérations techniques liées au nombre d'élus requis, résulte en partie de ses propres choix stratégiques. Son boycott des élections locales et législatives de 2020 l'a privé du vivier d'élus nécessaire à sa qualification présidentielle.


L'opposition se retrouve désormais incarnée par deux figures du Nord-Cameroun : Bello Bouba Maïgari et Issa Tchiroma Bakary, deux anciens ministres dont la rivalité personnelle est de notoriété publique. Cette situation illustre parfaitement comment les ambitions individuelles prennent le pas sur la construction d'une alternative crédible.
À leurs côtés, une demi-douzaine d'autres candidats, respectables individuellement mais condamnés à jouer les utilités dans un scrutin où seuls les rapports de force comptent. Cette multiplication des candidatures transforme l'élection en une compétition pour déterminer "le meilleur parmi les perdants" plutôt qu'en une véritable bataille pour le pouvoir.


Plus préoccupant encore que la division des élites politiques : l'apparente résignation de la population. L'éviction de Maurice Kamto n'a suscité aucune mobilisation comparable à celle observée dans d'autres pays africains lors d'exclusions similaires. Cette apathie révèle une lassitude profonde face à un système politique perçu comme verrouillé.



Cette "léthargie nationale" contraste avec les attentes d'alternance exprimées dans les sondages et les conversations privées. Le décalage entre les aspirations au changement et l'incapacité à les traduire politiquement constitue l'un des paradoxes les plus frappants de la situation camerounaise.


Face à cette opposition éclatée, Paul Biya peut se permettre, comme en 2018, de mener une campagne minimaliste. Sa stratégie consiste à laisser ses adversaires s'épuiser dans leurs querelles intestines, cultivant habilement les divisions par un savant mélange de répression ciblée et de cooptation sélective.
Le système politique camerounais semble ainsi s'être fossilisé dans un équilibre stable : un pouvoir qui divise pour régner face à une opposition qui se divise d'elle-même. Cette configuration permet au président sortant de gouverner avec un minimum d'efforts tout en préservant une façade démocratique.
L'échec d'une génération politique
Cette situation révèle l'échec d'une génération de leaders politiques incapables de dépasser leurs intérêts particuliers pour construire une vision commune. L'opposition camerounaise peine à proposer un projet alternatif cohérent, se contentant souvent de critiquer sans offrir de perspectives convaincantes.
Les électeurs assistent ainsi à un spectacle politique répétitif où les mêmes acteurs rejouent les mêmes scènes, avec les mêmes résultats prévisibles. Cette routine électorale contribue à la désaffection croissante envers la politique et au sentiment que "rien ne peut changer".


À quelques semaines du scrutin, l'issue ne fait plus guère de doute. Paul Biya s'achemine vers une nouvelle victoire, non par adhésion massive, mais par défaut d'alternative crédible. Cette situation pose des questions fondamentales sur la capacité du système politique camerounais à se renouveler et sur l'avenir démocratique du pays.



L'élection du 12 octobre risque ainsi de confirmer une fois de plus que la meilleure alliée de Paul Biya reste une opposition incapable de s'unir autour d'un projet commun. Un constat amer qui interroge sur l'aptitude des forces d'opposition à incarner réellement l'alternance tant espérée par une partie de la population camerounaise.



Le rendez-vous électoral d'octobre apparaît dès lors moins comme une compétition ouverte que comme la reconduction d'un statu quo politique, faute de combattants unis et déterminés à le remettre en cause.