Actualités of Monday, 6 October 2025

Source: www.camerounweb.com

On ne peut pas suicider tout le peuple - Les phrases chocs de Tchiroma qui inquiètent le régime

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Le candidat de l'opposition monte d'un cran dans la rhétorique et défie ouvertement Paul Biya

« On peut arrêter Tchiroma, on peut enfermer Tchiroma, on peut suicider Tchiroma... Mais on ne peut pas suicider tout le peuple. Tchiroma, c'est la volonté du peuple ». Cette déclaration explosive, prononcée le 3 octobre à Yaoundé et révélée par Jeune Afrique, marque un tournant radical dans le ton de la campagne présidentielle camerounaise.


Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, Issa Tchiroma Bakary ne se contente plus de critiquer les politiques du régime. L'ancien ministre de la Communication, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), évoque désormais ouvertement les risques qu'il encourt, jusqu'à l'utilisation du terme « suicider » – une référence à peine voilée aux morts suspectes qui ont jalonné l'histoire politique du pays.


Cette rhéorique de la martyrisation potentielle intervient dans un contexte de mobilisation populaire inédite. Jeune Afrique a pu documenter les scènes extraordinaires du 5 octobre à Douala, où des milliers de Camerounais ont convergé sous une pluie battante vers l'esplanade du stade omnisport de Bépanda.
Bonabéri bloqué pendant deux heures


L'information révélée par Jeune Afrique est spectaculaire : le cortège de Tchiroma a été immobilisé plus de deux heures au quartier de Bonabéri, tant la densité de la foule était importante. Les images de cette marée humaine, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont amplifié le sentiment d'une dynamique irrésistible.

Sur place, Jeune Afrique a recueilli la réaction stupéfaite d'Anicet Ekane, président du Manidem et allié de Tchiroma : « Ce que je vais vous dire, c'est que ce monsieur, c'est un sorcier ! J'étais ici en 1992 avec Fru Ndi, on n'a jamais vu ça ». Une comparaison avec l'opposant historique John Fru Ndi qui en dit long sur l'ampleur du phénomène.


Au-delà de la ferveur populaire, Jeune Afrique révèle que Tchiroma a consacré une partie importante de ses interventions à un message d'avertissement : « Au ministère de l'Administration territoriale, au Conseil constitutionnel et à Elecam : le peuple n'acceptera aucun résultat qui ne sera pas celui des urnes. Le peuple ne laissera pas sa victoire volée. Le peuple défendra sa victoire ».
Cette mise en garde directe aux institutions en charge de l'organisation du scrutin constitue une escalade verbale sans précédent dans cette campagne. Le candidat de l'opposition prépare manifestement ses partisans à contester tout résultat qu'il jugerait frauduleux.

Selon Jeune Afrique, Tchiroma a également multiplié les attaques frontales contre Paul Biya lors de son meeting de Douala : « La fonction présidentielle n'est pas une fonction à mi-temps ou quart-temps. C'est une fonction à plein-temps. Les hautes instructions, on va en finir avec ça ». Une critique à peine voilée des longues absences du président sortant et de son mode de gouvernance à distance.

Plus audacieux encore, Jeune Afrique rapporte que l'ancien ministre a lancé une invitation pour le moins inhabituelle à son adversaire : reconnaître sa défaite dès le soir du 12 octobre « pour entrer dans l'Histoire ». Un appel qui présuppose la victoire de Tchiroma et transforme déjà le scrutin en plébiscite.

Jeune Afrique note également la présence remarquée, lors du meeting de Douala, de figures comme l'avocate Alice Nkom et Emmanuel Simh, vice-président du MRC. Ces alliances, ajoutées à la ferveur populaire captée à Yaoundé (quartier de Tsinga, le 3 octobre) puis à Douala, suggèrent qu'Issa Tchiroma Bakary est parvenu à s'imposer comme le principal concurrent de Paul Biya parmi les onze candidats de l'opposition.



Reste à savoir si cette « vague Tchiroma », documentée par Jeune Afrique, se traduira dans les urnes le 12 octobre, ou si elle se heurtera aux mécanismes de contrôle du régime que le candidat dénonce déjà préventivement.