Actualités of Friday, 5 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Mauvais coup à Issa Tchiroma: Les coulisses du double jeu de Maurice Kamto avant la présidentielle

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L'ancien leader du MRC a tenté de se faire investir par trois formations différentes pour contourner sa disqualification



Maurice Kamto a multiplié les manœuvres en coulisses pour participer coûte que coûte à la présidentielle du 12 octobre. Des révélations exclusives de Jeune Afrique dévoilent l'ampleur de ses tractations et les raisons de son échec final.


Une stratégie d'investitures multiples qui se retourne contre lui
Selon Jeune Afrique, Maurice Kamto avait déposé son dossier de candidature le 18 juillet sous la bannière du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) d'Anicet Ekane. Cette manœuvre visait à contourner l'exigence d'avoir des élus locaux ou à l'Assemblée nationale, une condition que son propre parti, le MRC, ne remplissait pas.


Mais cette stratégie s'est retournée contre lui. Le Conseil constitutionnel a finalement déclaré son dossier irrecevable pour "pluralité d'investitures". Un verdict qui sanctionnait les tentatives de l'ancien leader du MRC de multiplier les parrainages pour sécuriser sa participation au scrutin.


Écarté de la course, Maurice Kamto n'a pas pour autant renoncé à jouer un rôle central dans l'opposition. Jeune Afrique révèle qu'il s'est rapidement repositionné en tant qu'"arbitre" des recompositions au sein du camp opposant, sans toutefois afficher publiquement cette ambition.


Dans un premier temps, le magazine panafricain indique que ses préférences se portaient sur Bello Bouba Maïgari, président de l'Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP). Le plan : forger une alliance entre l'UNDP et le FSNC d'Issa Tchiroma Bakary, avec le soutien du MRC en toile de fond. Maurice Kamto espérait ainsi favoriser l'émergence d'un "candidat consensuel" capable de rassembler les bases électorales éclatées de l'opposition.

Mais selon les sources de Jeune Afrique impliquées dans les tractations, cette tentative a fini par échouer. Les discussions entre l'UNDP et le FSNC ont buté sur des divergences internes et se sont muées en rivalité larvée, enterrant définitivement ce projet d'alliance.


Le coup de poker : devenir candidat du FSNC à la place de Tchiroma Bakary
Face à cet échec, Jeune Afrique dévoile que les stratèges de Maurice Kamto ont opéré un virage spectaculaire. À quelques semaines seulement du scrutin, ils ont proposé un scénario audacieux : que Maurice Kamto devienne le candidat du FSNC, remplaçant purement et simplement Issa Tchiroma Bakary.

Cette manœuvre visait à contourner la disqualification officielle du leader du MRC en s'appuyant sur l'appareil d'un parti déjà en lice. Selon Jeune Afrique, des juristes proches de Kamto estimaient que la loi électorale laissait une marge d'interprétation et permettait cette substitution de dernière minute.
La montée en puissance du leader du FSNC, nourrie par un discours offensif et une posture d'opposant assumée, en faisait désormais un passage obligé. Le camp Kamto cherchait à capitaliser sur la dynamique créée par Tchiroma Bakary tout en lui subtilisant la vedette.

La réponse a été sans appel. Jeune Afrique rapporte que pour l'entourage d'Issa Tchiroma Bakary, l'idée de renoncer à sa propre candidature était tout simplement inenvisageable. Le parti, qui avait déjà consolidé une base militante et construit sa dynamique de campagne, a poliment mais fermement décliné la proposition.

Issa Tchiroma Bakary a maintenu sa ligne, répétant sa volonté d'incarner un "Cameroun nouveau", tout en dénonçant paradoxalement l'exclusion de Maurice Kamto de la présidentielle, au nom de l'unité de l'opposition.

Aucun accord n'ayant pu être trouvé, Jeune Afrique révèle que le MRC a finalement choisi de ne formuler aucune consigne de vote pour la présidentielle du 12 octobre. "Chacun est libre de voter selon sa conscience", déclarera Maurice Kamto, suivant les recommandations de son principal stratège, Alain Fogué.

Cette neutralité apparente cache mal l'amertume d'un homme qui aura tout tenté pour participer au scrutin. Après l'élection, alors que plusieurs candidats ont reconnu la victoire d'Issa Tchiroma Bakary, le cofondateur du MRC est resté d'une grande prudence, selon Jeune Afrique. Il s'est contenté d'un communiqué sans félicitations explicites ni reconnaissance formelle du vainqueur autoproclamé, aujourd'hui "président élu" exilé en Gambie.

Les révélations de Jeune Afrique montrent un Maurice Kamto tiraillé entre son ambition personnelle et la nécessité de maintenir une façade d'unité au sein de l'opposition camerounaise. Un exercice d'équilibriste qui l'aura finalement marginalisé dans une séquence politique dont il espérait être l'acteur principal.