L'invalidation de sa candidature par le Conseil constitutionnel n'a pas signé l'arrêt de mort politique de Maurice Kamto. L'ancien candidat à la présidentielle reste un acteur incontournable qui pourrait bien redistribuer les cartes du scrutin d'octobre 2025.



La décision du Conseil constitutionnel de rejeter la candidature de Maurice Kamto à l'élection présidentielle d'octobre 2025 continue de faire des remous dans le paysage politique camerounais. Mais si l'ancien leader du MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun) ne figurera pas sur les bulletins de vote, son influence sur le scrutin pourrait s'avérer déterminante.




"Maurice Kamto, bien que n'étant pas en course, peut jouer un rôle fondamental dans cette élection", affirme Me René Roger Bébé, Vice-Président National du PCRN (Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale). Cette analyse, partagée par de nombreux observateurs politiques, souligne la capacité de mobilisation qui demeure intacte chez l'opposant malgré son éviction administrative.



La candidature de Kamto, présentée sous la bannière du MANIDEM (Mouvement pour l'Alternance Nationale et la Démocratie), avait été rejetée en raison de la présentation de deux candidatures par cette coalition, contrevenant ainsi aux règles électorales en vigueur.



Depuis l'annonce de l'invalidation, Maurice Kamto maintient un silence qui alimente toutes les spéculations. Ses sympathisants et militants attendent avec impatience ses consignes de vote, conscients que leur leader pourrait orienter significativement les suffrages de plusieurs centaines de milliers d'électeurs.
Le MANIDEM a d'ailleurs annoncé qu'une décision sur la suite du processus électoral serait prise "après consultation avec Maurice Kamto", confirmant ainsi le rôle central que continue de jouer l'ancien candidat dans la stratégie oppositionnelle.
Plusieurs scénarios possibles
Face à cette situation inédite, plusieurs options s'offrent à Maurice Kamto et à ses alliés :


Le report de voix vers un autre candidat de l'opposition pourrait permettre de maintenir une dynamique contestataire face au pouvoir en place. Cette stratégie nécessiterait toutefois de trouver un candidat capable de fédérer au-delà de sa base traditionnelle.


L'appel au boycott constituerait une option plus radicale, visant à délégitimer le processus électoral dans son ensemble. Cette stratégie comporterait cependant le risque d'isoler davantage l'opposition du jeu démocratique.
La participation sélective, en soutenant certains candidats dans des circonscriptions spécifiques, permettrait de négocier des positions futures tout en conservant une influence politique.



L'absence forcée de Maurice Kamto oblige l'opposition camerounaise à repenser sa stratégie. "Cette élection sera orpheline d'un grand acteur politique", reconnaît Me Bébé, soulignant le vide laissé par l'éviction de celui qui avait obtenu plus de 14% des voix lors de la précédente présidentielle de 2018.
Cette situation pourrait paradoxalement offrir une opportunité de renouvellement à l'opposition, contrainte de faire émerger de nouveaux leaders et de diversifier son discours politique.


Au-delà des considérations tactiques, l'affaire Kamto soulève des questions plus larges sur la santé démocratique du Cameroun. L'éviction d'un opposant de premier plan, sur des motifs procéduraux, alimente les critiques sur l'équité du processus électoral.



Les observateurs internationaux suivent attentivement l'évolution de la situation, conscients que la crédibilité de l'élection pourrait être affectée par la perception d'un verrouillage institutionnel.



Le mutisme actuel de Maurice Kamto peut s'interpréter de multiples façons. Stratégie délibérée pour maintenir le suspense et maximiser l'impact de sa future déclaration, ou temps de réflexion face à des options toutes contraignantes ?


Une chose est certaine : quelle que soit la position qu'adoptera finalement l'ancien candidat, elle aura des répercussions majeures sur l'équilibre des forces en présence et pourrait bien déterminer l'issue du scrutin d'octobre.


Si Maurice Kamto n'est effectivement plus "en course", il demeure indéniablement "dans le jeu". Son positionnement final constituera l'un des derniers éléments susceptibles de modifier la donne électorale camerounaise, confirmant que l'éviction administrative ne signifie pas forcément l'effacement politique.