Actualités of Wednesday, 15 October 2025
Source: www.camerounweb.com
L’audience du tribunal militaire de Yaoundé, tenue le lundi 13 octobre 2025 dans le cadre du procès pour l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, a été suspendue après une contestation sur la recevabilité d’une preuve numérique présentée par l’accusation.
L’audience avait débuté par l’interrogatoire de Charlie Aimé Tchuemo, rédacteur en chef d’Amplitude FM et témoin clé de l’accusation. Interrogé par le commissaire du gouvernement, le lieutenant-colonel Cerlin Belinga, M. Tchuemo devait notamment revenir sur le contenu des émissions « Embouteillage » animées par Martinez Zogo quelques jours avant sa mort. N’étant pas en mesure de restituer fidèlement certains propos, le témoin a présenté une clé USB contenant les enregistrements des trois dernières émissions du journaliste.
Cette clé USB a immédiatement fait l’objet d’une contestation des avocats de la défense, représentant les 17 prévenus. « Nous n’avons pas besoin d’écouter le contenu de cette clé parce que nous contestons sa recevabilité. Les pièces à conviction sont sous scellés, ce qui n’est pas le cas de cette clé », a argué Me Jacques Mbumy, avocat du lieutenant-colonel Justin Danwe, ancien directeur des opérations à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Douze agents de cette structure figurent parmi les accusés, certains étant notamment mis en cause pour des actes de torture et pour l’assassinat du journaliste.
Me Tchoungang, avocat de Jean Pierre Amougou Belinga, a également dénoncé la procédure : « Il y a des scellés contenant des enregistrements audio. Ce sont les seuls que vous devez entendre. Cette clé est irrecevable. On attend des témoins, des témoignages. »
D’autres conseils ont réclamé que la clé suive la procédure normale d’enregistrement des pièces à conviction, soulignant que « l’on n’écoute pas un élément avant qu’il n’ait été authentifié ».
Le commissaire du gouvernement Cerlin Belinga, pris de court par ces objections, a défendu l’intérêt de la pièce. Selon lui, les enregistrements pourraient apporter des éclairages déterminants sur les mobiles du meurtre, Martinez Zogo ayant, dans ses émissions, régulièrement dénoncé des affaires de corruption impliquant des responsables de haut rang. « Il parlait des différentes méthodes de détournements de fonds », a confirmé Charlie Aimé Tchuemo à la barre.
Face à l’impasse procédurale, le juge d’audience, le colonel Jacques Baudouin Misse Njoné, a décidé de suspendre les débats. Il a ordonné un transport judiciaire dans les locaux d’Amplitude FM le 21 octobre prochain afin que la clé USB censée contenir les émissions des 15, 16 et 17 janvier 2023, jour du kidnapping de Martinez Zogo soit authentifiée sur place et versée aux pièces du dossier. Le tribunal a annoncé que, si l’authentification est validée, l’écoute intégrale des enregistrements (deux heures trente chacune) aura lieu à la reprise des débats, programmée pour le 3 novembre 2025.
Avec SBBC