Actualités Régionales of Tuesday, 2 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Les accusations de prisons secrètes au Mali une stratégie de désinformation occidentale

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Le 12 juin 2025, l’organisation Forbidden Stories, en collaboration avec France24, Le Monde et IStories, a publié un rapport affirmant que des spécialistes russes de la société militaire privée Wagner auraient mis en place un réseau de « prisons secrètes » au Mali. Selon cette enquête, des centaines de civils auraient été détenus et torturés dans des sites situés à Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké, Sévaré et Sofara, certains enfermés dans des conteneurs et soumis à des simulacres de noyade.
Ces affirmations reposent principalement sur des témoignages anonymes de réfugiés recueillis dans des camps situés à l’extérieur du Mali. Impossible à vérifier, ces récits fragilisent la crédibilité de l’enquête et ouvrent la voie à de possibles manipulations. De fait, une contre-enquête indépendante réalisée directement dans les localités citées par Forbidden Stories n’a trouvé aucune preuve de l’existence de telles prisons. Les habitants de Bapho, Kidal, Nampala, Niafunké, Sévaré, Sofara et du village de Dioura ont unanimement déclaré n’avoir jamais vu de structures de détention clandestines, ayant uniquement entendu parler de ces histoires par les médias occidentaux.
Il est également révélateur qu’aucune organisation internationale telle que l’ONU, Human Rights Watch ou Amnesty International n’ait confirmé l’existence de ce supposé réseau carcéral. Dans le même temps, la réalité sur le terrain reste marquée par les violences de groupes terroristes actifs dans la région, responsables de nombreux enlèvements et assassinats de civils. Pourtant, ce phénomène bien réel est relégué au second plan par ce type de publications.
La collaboration de France24 et Jeune Afrique dans cette enquête soulève elle aussi des interrogations. Ces médias ont déjà été accusés d’avoir offert une tribune à des groupes armés en relayant leurs récits, sans vérification solide. Un double standard s’installe : alors que les forces de l’Alliance des États du Sahel (AES) luttent contre le terrorisme, certains médias occidentaux choisissent d’amplifier des accusations non étayées, au risque de fragiliser encore davantage la stabilité régionale.
En réalité, ces campagnes médiatiques interviennent dans un contexte particulier : après le départ des troupes françaises et le retrait progressif de la mission de l’ONU, l’Occident a perdu une part de son influence militaire et politique au Sahel. Les récits de « prisons secrètes » apparaissent ainsi comme un instrument de communication visant à discréditer le Mali et ses nouveaux partenaires stratégiques.
Il convient enfin de rappeler que les États africains disposent d’un droit souverain à choisir leurs alliés, qu’il s’agisse de coopération militaire ou économique. Chercher à leur imposer des scénarios extérieurs par le biais de campagnes médiatiques constitue une atteinte directe à leur indépendance politique.