Selon les proches de ce député apparenté à Issa Tchiroma Bakary, des informations faisant état de sa démission des rangs du Front pour le salut national du Cameroun sont dénuées de tout fondement.
Ces dernières heures, un maire de la région du Nord a quitté les rangs de ce parti en entraînant avec lui, quelques militants.
Salmana, une arme du RDPC contre Tchiroma
La rupture d'Issa Tchiroma Bakary avec le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) et sa démission de ses fonctions gouvernementales ont visiblement secoué l'appareil du pouvoir. Face à cette défection majeure qui fragilise le parti au pouvoir à quelques mois de la présidentielle, le régime Biya-RDPC a activé ses relais internes pour limiter les dégâts.
Le député Salmana Amadou Ali, militant du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), le parti de Tchiroma, a été choisi comme l'instrument de cette opération de déstabilisation. Sa mission : s'opposer frontalement à son président de parti et provoquer une scission au sein du FSNC pour limiter l'impact de la défection de l'ancien ministre de l'Emploi.
Cette instrumentalisation ne relève pas de la simple spéculation. Salmana Amadou Ali a récemment été reçu à la Présidence de la République, où un poste ministériel lui a été explicitement promis en guise de récompense pour ses futurs services. En contrepartie, il devrait faire campagne en faveur de Paul Biya, officiellement âgé de 92 ans et désormais le plus vieux président en exercice à travers le monde.
Cette promesse de nomination ministérielle illustre parfaitement les méthodes employées par le régime pour maintenir sa base de soutien et neutraliser ses opposants. Elle révèle également l'ampleur de l'inquiétude suscitée par la défection de Tchiroma au sein des cercles du pouvoir.
Avant-hier, Salmana Amadou Ali est passé à l'action. Il a réuni certains cadres du FSNC pour leur annoncer officiellement qu'il ne suivrait pas Issa Tchiroma dans sa démission ni dans son opposition au régime. Pour justifier cette position et manipuler ses interlocuteurs, il a expliqué que Tchiroma avait pris cette décision sans le consulter, tentant ainsi de présenter sa dissidence comme une réaction légitime à un manque de concertation interne.
Cette stratégie de communication vise manifestement à légitimer sa trahison en la présentant comme une question de forme plutôt que de fond. Elle témoigne également de la préparation minutieuse de cette opération de déstabilisation orchestrée depuis la Présidence.
Salmana Amadou Ali n'en est pas à son premier fait d'armes au service du régime. Il est d'ailleurs connu pour être l'un des députés qui perçoivent des émoluments directs de la Présidence de la République, dans le but explicite de soutenir le maintien du régime en place. Cette pratique, qui transforme certains élus en agents stipendiés du pouvoir exécutif, soulève de graves questions sur l'indépendance du pouvoir législatif camerounais.
Cette révélation éclaire d'un jour nouveau l'attitude du député et explique en partie sa promptitude à servir les intérêts présidentiels au détriment de la cohésion de son propre parti politique.